COMICODI: Communiqué relatif a la lettre des Mbororos du Ndé
YAOUNDE - 19 MARS 2012
© SHANDA TONME | Correspondance
"... la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination conseille l’extrême prudence face à une entreprise qui n’est pour l’instant, selon nos investigations, pas crédible au regard des nombreux témoignages recueillis..."
COMMUNIQUE RELATIF A LA LETTRE DES MBOROROS DU NDE
Communiqué de presse
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a pris connaissance ce matin, 19 Mars 2012, d’une lettre sensée émaner d’un collectif des chefs Mbororo du Département du Ndé, dans la région de l’Ouest Cameroun.
La lettre met en exergue des faits de discrimination, de violences, d’exclusion, de marginalisation, de brutalités criminelles dont seraient victimes les populations Mbororos.
Cette lettre, adressée semble-t-il au Chef de l’Etat, a donné lieu et continue de donner lieu, à des débats nourris, des invectives et des manifestations d’humeur de toute nature de la part de camerounais de la diaspora essentiellement, par voie d’internet.
La Commission note que cette lettre sensée avoir été rendue publique, n’a pourtant pas été reprise par les médias locaux sur place au Cameroun, et ne figure presque sur le fil d’aucun débat interne ni sur aucune revue de presse. La vérification faite au courrier du Cabinet civil et du secrétariat général de la présidence de la république, montre également qu’aucune lettre de cette nature n’y est effectivement parvenue.
Fidèle à ses méthodes de travail, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a pris l’attache des plus hautes autorités locales et nationales, pour s’enquérir de la situation.
Voici du reste les premières réactions qui interviennent comme une mise au point:
Celle de madame Le MAIRE de Bagangté:
“Non, vous vous trompez, et il s’agit d’une fausse information montée de toutes pièces par un monsieur qui réside à Bafoussam. Il y a environ deux semaines, nous avons été au courant de bruits de cette nature. Le préfet avait alors tenu une réunion avec les chefs Mbororos, en présence des conseillers municipaux, et des responsables de la sécurité du Département. Les chefs Mbororos ont clairement laissé entendre qu’ils ne connaissaient aucune menace de la sorte, et par ailleurs qu’ils n’avaient rien à faire avec l’auteur de cette lettre dont l’existence et le contenu leur échappent“.
Voici la réaction du Commissaire spécial:
“Nous avons été au courant de cette lettre grâce à nos informateurs qui nous ont porté une copie. Nous avons été à Bafoussam pour rencontrer l’auteur de la lettre qui se présente comme un défenseur des droits de l’homme. Il n’a pas pu nous dire quel Mbororo lui avait raconté ces faits et quand. Nous lui avons clairement signifié les risques de ses actes“.
Le responsable du COMICODI a Bafoussam, Parfait Bianka, nous a déclaré:
“Nos enquêtes nous ont permis d’aller aux sources. Il y a six ans, un Mbororo avait été pris en flagrant délit de vol de bétail dans le cheptel appartenant au chef Seidou. La victime avait porté plainte, mais l’avait par la suite retiré après une assise avec le chef supérieur des Mbororos. Ce dernier avait comme sanction à l’endroit de son sujet, pris une décision de l’éloigner de Bagangté. Il est allé se réfugier quelque part dans les montagnes entre Bafang et Bafoussam en jurant de se venger. Depuis il sème la zizanie pour nuire par tous les moyens au chef Seidou. C’est lui qui a monté l’histoire. Le chef Mbororo du Ndé a confirmé“.
En tout état de cause, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination conseille l’extrême prudence face à une entreprise qui n’est pour l’instant, selon nos investigations, pas crédible au regard des nombreux témoignages recueillis. Une mission lourde du COMICODI se rendra malgré tout sur le terrain du 23 au 25 Mars prochain.
La Commission note cependant, que les actes de violence intercommunautaires sont récurrents au Cameroun, et concernent toutes les régions du pays. Le souvenir des violences entre Arabes Choas et Kotoko dans l’extrême nord témoignent à suffire.
La Commission note que les violences intercommunautaires prennent régulièrement source sur des questions de terre, sur des questions de personne, sur des question de privilèges administratifs, ou encore à partir des manipulations des élites politiques.
La Commission rappelle, que la responsabilité des pouvoirs publics, agissant à l”échelle locale ou nationale, demeure engagée en permanence pour assurer la protection des citoyens, maintenir la sécurité des biens et de la circulation, et garantir la cohésion sociale.
La Commission rappelle, que les errements de la constitution de 1996, laquelle a voulu créer une citoyenneté à plusieurs vitesses et des droits tantôt complets et tantôt impairs selon la coloration ethnique, relativisant ou hypothéquant au passage le droit d’éligibilité et la qualité d’électeur, constitue un élément perturbant notoire qui autorise (encourage) toutes les violences et toutes les haines.
La Commission rappelle sa position de principe qui est celle de la condamnation ferme et sans concession aucune, de toutes les formes de discrimination, de marginalisation et d’exclusion. Elle exhorte les victimes à se pourvoir partout où les portes leur seraient ouvertes, et dans tous les cas à protester, à contester, à dénoncer, et à demander réparation par tous les moyens et par toutes les voies légales./.
Fait à Yaoundé, le 19 Mars 2012
Le Président de la Commission
SHANDA TONME
Médiateur universel
© SHANDA TONME | Correspondance
"... la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination conseille l’extrême prudence face à une entreprise qui n’est pour l’instant, selon nos investigations, pas crédible au regard des nombreux témoignages recueillis..."
Communiqué de presse
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a pris connaissance ce matin, 19 Mars 2012, d’une lettre sensée émaner d’un collectif des chefs Mbororo du Département du Ndé, dans la région de l’Ouest Cameroun.
La lettre met en exergue des faits de discrimination, de violences, d’exclusion, de marginalisation, de brutalités criminelles dont seraient victimes les populations Mbororos.
Cette lettre, adressée semble-t-il au Chef de l’Etat, a donné lieu et continue de donner lieu, à des débats nourris, des invectives et des manifestations d’humeur de toute nature de la part de camerounais de la diaspora essentiellement, par voie d’internet.
La Commission note que cette lettre sensée avoir été rendue publique, n’a pourtant pas été reprise par les médias locaux sur place au Cameroun, et ne figure presque sur le fil d’aucun débat interne ni sur aucune revue de presse. La vérification faite au courrier du Cabinet civil et du secrétariat général de la présidence de la république, montre également qu’aucune lettre de cette nature n’y est effectivement parvenue.
Fidèle à ses méthodes de travail, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination a pris l’attache des plus hautes autorités locales et nationales, pour s’enquérir de la situation.
Voici du reste les premières réactions qui interviennent comme une mise au point:
Celle de madame Le MAIRE de Bagangté:
“Non, vous vous trompez, et il s’agit d’une fausse information montée de toutes pièces par un monsieur qui réside à Bafoussam. Il y a environ deux semaines, nous avons été au courant de bruits de cette nature. Le préfet avait alors tenu une réunion avec les chefs Mbororos, en présence des conseillers municipaux, et des responsables de la sécurité du Département. Les chefs Mbororos ont clairement laissé entendre qu’ils ne connaissaient aucune menace de la sorte, et par ailleurs qu’ils n’avaient rien à faire avec l’auteur de cette lettre dont l’existence et le contenu leur échappent“.
Voici la réaction du Commissaire spécial:
“Nous avons été au courant de cette lettre grâce à nos informateurs qui nous ont porté une copie. Nous avons été à Bafoussam pour rencontrer l’auteur de la lettre qui se présente comme un défenseur des droits de l’homme. Il n’a pas pu nous dire quel Mbororo lui avait raconté ces faits et quand. Nous lui avons clairement signifié les risques de ses actes“.
Le responsable du COMICODI a Bafoussam, Parfait Bianka, nous a déclaré:
“Nos enquêtes nous ont permis d’aller aux sources. Il y a six ans, un Mbororo avait été pris en flagrant délit de vol de bétail dans le cheptel appartenant au chef Seidou. La victime avait porté plainte, mais l’avait par la suite retiré après une assise avec le chef supérieur des Mbororos. Ce dernier avait comme sanction à l’endroit de son sujet, pris une décision de l’éloigner de Bagangté. Il est allé se réfugier quelque part dans les montagnes entre Bafang et Bafoussam en jurant de se venger. Depuis il sème la zizanie pour nuire par tous les moyens au chef Seidou. C’est lui qui a monté l’histoire. Le chef Mbororo du Ndé a confirmé“.
En tout état de cause, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination conseille l’extrême prudence face à une entreprise qui n’est pour l’instant, selon nos investigations, pas crédible au regard des nombreux témoignages recueillis. Une mission lourde du COMICODI se rendra malgré tout sur le terrain du 23 au 25 Mars prochain.
La Commission note cependant, que les actes de violence intercommunautaires sont récurrents au Cameroun, et concernent toutes les régions du pays. Le souvenir des violences entre Arabes Choas et Kotoko dans l’extrême nord témoignent à suffire.
La Commission note que les violences intercommunautaires prennent régulièrement source sur des questions de terre, sur des questions de personne, sur des question de privilèges administratifs, ou encore à partir des manipulations des élites politiques.
La Commission rappelle, que la responsabilité des pouvoirs publics, agissant à l”échelle locale ou nationale, demeure engagée en permanence pour assurer la protection des citoyens, maintenir la sécurité des biens et de la circulation, et garantir la cohésion sociale.
La Commission rappelle, que les errements de la constitution de 1996, laquelle a voulu créer une citoyenneté à plusieurs vitesses et des droits tantôt complets et tantôt impairs selon la coloration ethnique, relativisant ou hypothéquant au passage le droit d’éligibilité et la qualité d’électeur, constitue un élément perturbant notoire qui autorise (encourage) toutes les violences et toutes les haines.
La Commission rappelle sa position de principe qui est celle de la condamnation ferme et sans concession aucune, de toutes les formes de discrimination, de marginalisation et d’exclusion. Elle exhorte les victimes à se pourvoir partout où les portes leur seraient ouvertes, et dans tous les cas à protester, à contester, à dénoncer, et à demander réparation par tous les moyens et par toutes les voies légales./.
Fait à Yaoundé, le 19 Mars 2012
Le Président de la Commission
SHANDA TONME
Médiateur universel