Tous les familiers des couloirs du palais d'Etoudi indiquent que jamais de mémoire, aucun hôte ni invité du Chef de l'Etat, reçu dans les circonstances similaires, n'est ressorti des lieux sans une mallette d'argent. Concussion ou collusion d'intérêts: Fru Ndi et le SDF ont-ils trahi le peuple camerounais? Depuis son retour du palais, le Chairman du Social Democratic Front (SDF) a manifestement avalé sa langue face à une déferlante de critiques aussi bien de son supposé allié que de ses pairs de l'opposition.
Les soupçons qui pèsent contre le Chairman
A la demande du NEC, le Chairman du Social Democratic Front (SDF) a été reçu le jeudi 7 mars 2013 par le Directeur du Cabinet Civil à la Présidence de la République, Martin Belinga Eboutou. Même si rien n'a filtré de l'entretien entre les deux hommes, un fait reste constant. Tous les familiers des couloirs du palais d'Etoudi indiquent que jamais de mémoire, aucun hôte ni invité du Chef de l'Etat, reçu dans les circonstances similaires, n'est ressorti des lieux sans une mallette d'argent.
De ce fait, il se susurre que John Fru Ndi a été bien servi, d'où son silence assourdissant. Et certains de ses anciens compagnons et même lieutenants ne s'empêchent pas de demander à certaines personnes proches de l'entourage du Chef de l'Etat des questions insidieuses à l'instar de : «A combien s'est élevé le montant débloqué par la Présidence de la République afin de susciter ce revirement spectaculaire de John Fru Ndi? Et à combien s'élevait le montant alloué pour son carburant?».
Parce que pour l'imagerie populaire, on ne comprendrait plus que celui qui quelques jours encore, menaçait qu'il aiderait «Biya à gâter le pays», se soit retrouvé à se faire recevoir par l'un des proches collaborateurs du Président de la République en lieu et place du maître des céans. N'était-ce pas un chantage en règle? Autant d'interrogations que suscite la position prise par le SDF après que son Chairman ait été reçu au Palais de l'Unité par le Directeur du Cabinet Civil.
Des errements et des revirements spectaculaires du Chairman auxquels on commence à s'habituer. Quelques membres influents du SDF joints au téléphone n'ont pas pu nous donner des explications plausibles par rapport aux agissements de leur leader. Toute chose qui amènerait à penser que les accointances entre les deux hommes ne dateraient pas d'aujourd'hui. En fait, selon moult indiscrétions, les rencontres secrètes entre Paul Biya et son challenger «putatifs» ne dateraient pas d'aujourd'hui.
Avant le tête-à-tête historique de 2010 en marge à la commémoration du Cinquantenaire des Armées à Bamenda, plusieurs de nos sources indiquent que plus de six rencontres informelles ont eu lieu entre les deux hommes ces dernières années. C'est fort à propos que l'ancien Commissaire principal, Christophe Junior Zogo, aujourd'¬hui exilé politique en France, avait avoué avoir été le missi dominici du Chef de l'Etat, pour la remise d'une mallette de 500 millions de FCFA au Chairman en vue de désorganiser l'opposition qui, clans une plate-forme dénommée «Coalition pour la Réconciliation et la Reconstruction Nationales (CRRN)», venait de choisir Adamou Ndam Njoya comme étant l'unique candidat de l'opposition à l'élection présidentielle du 11 octobre 2004.
A contrario, pour certains membres influents du parti des flammes interrogés sous anonymat, c'est Grégoire Owona (SGA du Comité central) et l'actuel président du groupe parlementaire du RDPC à l'Assemblée Nationale, Jean Bernard Ndongo Essomba, qui auraient parachevé le rapprochement entre les deux hommes. En effet, le célèbre homme d'affaires de la Lékié et l'homme fort de Ntarikon seraient beaux-frères depuis quelques années. Le fils de Jean-Bernard Ndongo Essomba est selon nos sources, l'époux de la fille de Ni John Fru Ndi. Comme pour dire que lorsque des personnes ont les mêmes intérêts, c'est le peuple qu'on tourne en bourrique.
Les explications du SDF
Pour le ministre du Shadow Cabinet en charge de l'information et des médias, contrairement à la campagne de discrédit menée depuis la décision du SDF de participer aux élections sénatoriales du 14 avril 2013, il faut y voir une volonté de préparer véritablement une alternance pacifique et démocratique dans un cas de vacance éventuel. «Le SDF avait le choix entre créer un blocage politique et accepter la mise sur pied d'un Sénat. N'oublions surtout pas que l'absence du Sénat, entraine de fait l'impossibilité de la mise en place du Conseil Constitutionnel dont 3 membres sont désignés par le Président du Sénat et dont la constatation de la vacance au sommet de l'Etat constitue une des prérogatives», soutient Jean Robert Wafo.
Pour ce dernier, il ne fait aucun doute que le SDF a pris au contre-pied tous ceux, nombreux dans les instances du régime au pouvoir, qui tapis dans l'ombre prépare la prise par la force du pouvoir en cas de vacance du pouvoir. «Il est indéniable que la fin de règne est imminente et que le début de l'après-Biya a commencé depuis la convocation du collège électoral des sénatoriales.
En acceptant que le SDF participe aux sénatoriales malgré la mascarade programmée, le Chairman Ni John Fru Ndi a fort heureusement déjoué en toute dernière minute les desseins diaboliques inavoués que les totalitaristes de l'ordre régnant avaient projeté sur notre vivre ensemble». Toutefois, il y a encore des observateurs dont cet argumentaire est loin de convaincre. Convaincu que ce revirement spectaculaire du SDF et son Chairman, tout comme les précédents est la preuve que ces deux partis sont des alliés objectifs du RDPC et de Biya.
Il n'en est rien soutient-on du côté du SDF pour dire qu'il s'agit de rester dans la posture de préserver la paix et donner une chance à une alternance pacifique. Parce qu'en mettant le pays à feu et à sang, le SDF n'a aucune garantie qu'une situation confuse permettrait d'arriver à l'objectif final. Au contraire, pour le principal parti de l'opposition, une telle situation ne profiterait certainement pas aux forces du changement, mais un régime tribal qui contrôle toute la machine de répression.
Puisqu'il ne fait aucun doute que forcement, il
l'utiliserait à ses fins pour se régénérer à un moment où user par 30
ans de pouvoir sans partage, le Chef de l'Etat lui-même veut éviter une
transition par un bain de sang. «En l'état actuel de nos institutions,
marqué par I 'absence du Sénat et du Conseil Constitutionnel, en cas de
vacance au sommet de l'Etat, le vide constitutionnel ne peut profiter
qu'a l'oligarchie régnante qui dispose d'importants moyens matériels
pour se régénérer par la force en cas de déflagration sociale de forte
amplitude».
Pour les observateurs politiques, qu'on compte parmi les adversaires
politiques du SDF dans les rangs de l'opposition, et les thuriféraires
du parti au pouvoir, ils n'y voient que la décadence d'un parti, certes
leader de l'opposition, mais allégrement passe pour devenir une fauve
dépourvue de ses atouts offensifs, et décidé de brouter de l'herbe.
Et J. R. Wafo de rétorquer que : «La posture du SDF a donc été dictée par ses convictions républicaines et surtout par l'intérêt suprême du peuple camerounais qui passe par la mise sur pied de toutes les institutions contenues dans la Constitution du 18 janvier 1996 notamment celles le Conseil Constitutionnel et le Sénat qui sont extrêmement importantes dans les mécanismes de dévolution du pouvoir politique dans notre pays». On attend de voir si l'avenir donnera raison au SDF où alors conduira à la déchéance de l'opposition?
Car comme l'affirme Sam Baka, le vice-Président national de l'UDC, la situation politique que traverse le Cameroun est le résultat de l'échec collectif de tout un peuple... Les politiques, la société civile, bref de toutes les forces vives de cette nation de jouisseurs qui ne savent pas faire foule et qui manquent de manière criarde de culture citoyenne. Celle-là qui a permis aux autres peuples (Sénégal, Mali, Benin, Ghana...) de parvenir à l'instauration de la bonne gouvernance et à des alternances pacifiques.