Claude le Roy: "Il vaut mieux yb superbe joueur local qu'un professionel moyen"
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© Raphaël Nkoa | Le Jour
Vous êtes pour ou contre l'intégration des footballeurs locaux africains dans les sélections nationales?
Je pense que le plus dur pour une Coupe du Monde c'est de savoir comment faire pour maintenir un équilibre intelligent dans une sélection de 23 joueurs. A partir du moment où une Coupe du Monde se joue sur 18 ou 19 joueurs au maximum, il faut que les joueurs de complément soient de très bons joueurs, mais qu'ils puissent, à partir d'une Coupe du Monde, apprendre, gagner du temps pour le futur de la sélection nationale et le cas échéant, rentrer en cours de jeu si on a besoin d'eux. C'est important et c'est toujours ce que j'ai fait pendant les quatre années que j'ai passées au Cameroun. C'est comme ça que pour la Coupe du Monde de 1998, j'avais vu des joueurs comme Eto'o, Njanka, etc., parce que je pensais qu'ils avaient le talent pour être titulaires. En tout cas, il vaut mieux un superbe joueur local qu'un professionnel moyen.
Vous pensez donc que les joueurs de vestiaires sont importants pour l'animation d'une compétition comme la Coupe du Monde…
Joueurs de vestiaires c'est une expression que je n'aime pas beaucoup. Un groupe c'est 23 joueurs qui sont tous très importants pendant les séances d'entraînement. On peut répéter en fonction des adversaires, etc., ce ne sont donc pas des joueurs de vestiaires, mais des joueurs importants. Il est quelquefois inutile d'avoir des joueurs professionnels moyens comme remplaçants, parce qu'ils perturbent l'équilibre psychologique du groupe. Ils veulent tous être calife à la place du calife. Or une Coupe du Monde se joue avec 17 ou 18 joueurs. Les autres étant en apprentissage. Ça sert aussi à ça, une Coupe du Monde. Samuel Eto'o, en 98, comme Olembé étaient des tout jeunes et ils ont beacoup gagné à travers l'expérience d'une Coupe du Monde. Ils ont appris à gérer le stress, l'arbitrage scandaleux d'un match comme celui contre le Chili, etc.
Sauf que la donne a changé. L'Europe est désormais très ouverte aux footballeurs locaux…
C'est vrai, mais je pense que même aujourd'hui, en allant se promener dans les championnats nationaux, on peut trouver de bons joueurs. En 2008, j'avais 90 joueurs professionnels ghanéens, mais ça ne m'a pas empêché d'aller à la Can avec six joueurs locaux. Je pense que localement, il y a toujours des joueurs de talent. La preuve c'est que les joueurs de talent d'aujourd'hui ça va être les professionnels de demain. Notre boulot de sélectionneur c'est de les dénicher avant tout le monde. Souvenez-vous qu'à mon époque, il y avait beaucoup de joueurs professionnels. Mais l'équipe de la Coupe du Monde de 90 avait des joueurs comme Massing, Kana Biyik, Omam Biyik, etc., qui venaient tous de première et deuxième division.
Il y a quand même des joueurs qui ont la mentalité de club et d'autres qui ont la mentalité de sélection…
Oui, c'est vrai. Mais il y en a qui ont les deux mentalités. Samuel Eto'o, par exemple, a gagné beaucoup de titres de champion d'Afrique et de champion d'Europe. Les grands joueurs le sont partout. Ce qu'il faut c'est de prendre des joueurs qui, au moment de la Coupe du Monde, sont concernés par la compétition et prêts à tous les sacrifices.
Vous avez vu l'équipe du Cameroun lors de la dernière Can. Qu'est-ce qui lui manquait pour réanimer complètement la flamme?
Il lui manquait peu de chose. Souvenez-vous que c'est des erreurs individuelles qui ont entraîné l'élimination du Cameroun. Mais dans le jeu, ils ont fait leur meilleur match contre l'Egypte. L'Egypte qui a été très chanceuse parce que Kameni n'a pas fait son meilleur match, ce qui arrive à tous les joueurs du monde.
On se donne donc rendez-vous en juin prochain en Afrique du Sud pour une Coupe du Monde de fous furieux, annonce-t-on…
Ça va être un beau Mondial. Je profite de cet entretien pour saluer tous mes amis au Cameroun, tous ceux qui m'ont permis de passer des années extraordinaires dans ce pays.