Circulation d'armes au Cameroun: Des hauts gradés de l'armée soupçonnés - Le Cameroun dans le viseur des déstabilisateurs
Yaoundé, 20 Août 2013
© Charles Nwe | La Nouvelle
'est ce qui ressort d'une enquête menée par un journal de la métropole économique du Cameroun.
Le journal Ades-infos Le Regard, comme nous le relevions déjà dans une de nos précédentes livraisons, l'édition N°231 du lundi 5 août 2013, vient de crever l'écran dans la capitale régionale du Littoral à Douala. Non pas forcément à cause de l'arrestation de son Directeur de publication, Adalbert Hiol, cueilli par les éléments de l'antenne régionale de la sécurité militaire (Sémil) de Douala le 17 juillet 2013, et finalement libéré 4 jours après. Mais surtout au motif de son arrestation la publication d'un article de presse rendant publique une scabreuse histoire de trafic d'armes. Comme le révèle le journal cité plus haut, se basant sur une enquête minutieuse, «c'est dans la petite localité de Balwe située à 57 Km de Kumba, vers la frontière camerouno-nigériane que ce réseau est installé et se développe de manière florissante». Et le périodique d'ajouter que le trafic des armes à feu dans cette localité est en plein essor et serait facilement acheminés par une stratégie pleine de doigté.
S'agissant de cette stratégie, le journal indiquait alors que les armes étaient acheminées à Douala avec l'aide des employés du secteur de l'électricité travaillant dans le village de Balwé, en utilisant un véhicule Pick-up appartenant au Président du Tribunal militaire de Douala, originaire du village de Balwé. Précision pour précision, ces armes étaient emballées soigneusement dans des sacs de voyage, ce qui facilitait leur entrée dans la ville de Douala.
Pour le journal Ades-infos Le Regard, le fait pour le Président du Tribunal militaire de Douala Bonanjo, Neih Kometa, d'être originaire de Balwé, le fait pour lui de mettre son véhicule à contribution pour le transport de ces armes, le fait pour lui d'être considéré par ce journal comme un «Colonel devenu un puissant homme d'affaires au point qu'il électrifie tout son village natal grâce à un groupe électrogène évalué à vingt millions de FCFA», tout ceci fait de lui un présumé acteur principal de ce supposé trafic d'armes, à en croire le journal de Prince Adalbert Hiol. En tout cas, tout porte à croire que c'est cette immixtion dans le monde très compliqué du trafic d'armes que le Dp s'est retrouvé entre les fourches caudines des éléments de l'antenne régionale de la Sémil du Colonel Mbang Mbino, soucieux, ce qu'il est normal dans un pays ordinaire et normal, d'obtenir les sources d'information du journaliste. Ce qui n'était pourtant pas la bonne approche, puisqu’il aurait simplement suffi qu'il ouvre une enquête discrète pour lever le lièvre.
Une chose est certaine. Le trafic d'armes est une réalité au Cameroun et ne saurait être un sujet tabou. Pour s'en convaincre, il suffit de revisiter l'utilisation qui est faite de ces armes qui circulent.
En effet, ce sont ces armes que les grands bandits utilisent dans les opérations de braquage spectaculaires. Des braquages où des armes de genre Kalachnikovs sont souvent mises à contribution, comme on a pu le remarquer récemment lorsqu'un capitaine de l'armée de terre a été braqué à Bonabéri par Douala par des bandits armés de Kalachnikovs. Ou encore lors des braquages spectaculaires des banques à Douala, Limbé ou à ailleurs.
Le moins que l'on puisse dire c'est que en première ligne de cette circulation des armes au Cameroun, figure le laxisme des forces de défense et même la cupidité qui semble avoir fait son lit chez certains hommes en tenue. Lorsqu'il faut y ajouter les différents conflits armés et les rébellions animées à nos frontières, notamment au Tchad et au Soudan, en Centrafrique et au Nigeria, avec le Mouvement d'émancipation du delta du Niger (Mend), il y a lieu de tirer sur la sonnette d'alarme et d'appeler les responsables des forces de défense à plus de vigilance. D'ailleurs, la grande porosité observée à nos frontières milite ardemment pour une véritable reprise en main du dispositif sécuritaire camerounais.