Selon le brouhaha officiel, c’est en février 1961 qu’Ahmadou Ahidjo et John Ngu Foncha ont par leur patriotisme exemplaire réuni les deux territoires camerounais anglophone et francophone.
Au-delà des discours officiels, faits de bonnes doses de mensonges et de falsifications honteuses, le combat pour la Réunification des Cameroun britannique et français a commencé il y a plus de six décennies. Ce combat fut mené avec maestria par des fondateurs de la nation camerounaise regroupés au sein de l’Union des populations du Cameroun (UPC) sous la houlette de son secrétaire général Ruben Um Nyobe.
L’on se rappelle que lors du premier congrès ordinaire de ce parti en 1950 à Dschang dans l’Ouest du pays, les deux mots d’ordre que furent les axes principaux du combat de l’UPC étaient la Réunification et l’Indépendance. Et en décembre 1952, lors de son tout premier voyage historique à l’ONU (Organisation des Nations Unies), Um Nyobe va réitérer les mêmes thèses.
Pour l’UPC donc, la Réunification de notre pays devrait précéder l’indépendance. Mais hélas ! Cette vision des choses fut radicalement combattue par la France, la Grande Bretagne et tout les pays du bloc occidental, qui craignaient que l’UPC pouvait orienter le Cameroun vers le camp socialiste. C’est donc pour cela qu’en 1959, la France refusa systématiquement l’organisation d’une assemblée constituante, qui devait poser les bases d’un Cameroun réunifié allant vers sons indépendance véritable.
Cet acte est jusqu’à ce jour très contesté par une bonne partie de nos compatriotes de l’autre Moungo qui s’estiment toujours lésés. Aujourd’hui, la question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les festivités du cinquantenaire de la Réunification qui se déroulent en ce moment à Buéa, la capitale régionale du Sud-Ouest, pourront apporter quelque chose de neuf dans le tissu socioculturel et tribalo-ethnique de notre pays.
En toute vérité, comment faire pour que tous les Camerounais se sentent véritablement solidaires et appartenant à une même nation ? C’est à cette question que nos responsables politiques et leurs intellectuels organiques doivent répondre.