Cinquantenaire de l'indépendance : Dernier grand évènement de l’ère Biya ?

Présenté comme grand évènement que le président Paul Biya, 76 ans dont 28 ans au pouvoir, voudrait laisser comme réalisation dans les archives du Cameroun, la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun ne sera finalement qu’un non évènement pour la majorité des camerounais mais surtout un échec. Le président Biya ne s’en prendra qu’à lui-même. Car il a, lui-même, mis à la tête du projet, des gens qui n’ont aucun sens de l’organisation. Et on comprend pourquoi il est fâché.

C’est vraiment une honte ce que sont entrain de vivre les camerounais à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la partie francophone de notre pays. Précisons qu'il faut attendre octobre de l’année prochaine pour fêter la partie  anglophone de notre pays. Les célébrations qui devraient se faire dans la joie et dans l’esprit de rassemblement des camerounais sont pour le moment une cacophonie totale, résultat d’une mauvaise organisation.


L’apparence est souvent trompeuse. S’il fallait juste croire aux images qu’on voit à la télé D’état CRTV, tout serait parfait. Par contre, les dessous des célébrations du cinquantenaire et l'indifférence laissent bien croire que l’équipe choisie pour manager cette commémoration n’aura pas le sens de l’organisation des évènements d’envergure. Car comment comprendre qu’avec autant d’éminences grises, que les activités de la célébration du cinquantenaire de notre indépendance soient entrain de virer au fiasco.

Certes certains évènements comme le lancement de Africa 21 et le défilé du 20 mai ont connu un succès. Mais ce sont l’arbre qui cache la forêt. Dans la mesure où si ce cinquantenaire devrait se résumer uniquement à ces deux évènements, on pourrait dire bravo. Mais que restera-t-il aux Camerounais après des soirées de gala bien arrosées au Palais de l’Unité en présence des dignitaires? De plus, le cinquantenaire ne devrait pas être juste l’affaire de la capitale.

Tenez, déjà le 11 mai, journée désignée par les autorités de Yaoundé pour le lancement officiel des activités, la plus haute personnalité de notre pays était absente, après avoir quitté en catimini le pays quelques jours auparavant pour un court séjour privé pour une destination inconnue à l’étranger.

De retour, en début de week end, sans tambour battant habituel comme à son départ,  le chef de l’État s’est vite rendu compte que rien ne fonctionnait comme espéré. Il aurait manifeste son mécontentement au point de soutenir que «les Camerounais boudaient le cinquantenaire» comme le rapporte notre confrère Le Messager dans son édition du 17 mai 2010.

Comble de malheur pour le président Paul Biya, cette fois ci, il a fait une bonne lecture de la situation sur le terrain, car effectivement les camerounais semblent bel et bien ne pas se reconnaître dans ces célébrations. Ce qui est encore grave pour l’homme Lion, c’est qu’il n’y a pas que les Camerounais qui boudent.

En effet, lors de la cérémonie tenue le 18 mai au Palais des congrès et retransmise en direct par la télévision de l’État, CRTV, on pouvait voir le Président Biya dans un état très tendu. Très énervé sans doute à cause des estrades vides mais surtout à cause du fait que de la pléiade des chefs d’États annoncés, seulement trois étaient là ou sont arrivés à temps, pour ce rendez-vous historique. Beaucoup ayant préféré être représentés ou arriver pour le 20 mai.

Les téléspectateurs pouvaient ainsi remarquer surtout la présence de Fradique de Menezes  de Sao Tomé et Principe, d’Ali Bongo du Gabon et de Blaise Compaoré  du Burkina Faso comme le rapporte le site en ligne Linternationalmagazine. Tous des chefs d’États très contestés dans leur pays, et donc les camerounaise savent qu’aucun d’entre eux n’est un véritable ami de Paul Biya. Qui plus est, ce sont des présidents qui n’ont menés aucune lutte pour la décolonisation de l’Afrique francophone dont la quasi-totalité fête les 50 ans de leur indépendance cette année. Qui plus est, leur accession à la magistrature et les méthodes mises en place pour s’éterniser au pouvoir restent un échec pour la démocratie africaine. La France, puissance coloniale, a quant à elle dépêché son secrétaire d’État à la Coopération, Alain Joyandet.

Ce qui peut amener à déduire que si vos amis ne se présentent pas à une fête que vous organisez alors qu’ils y sont bel et bien invités, c’est soit vous avez un problème d’image et personne ne veut être avec vous, soit vous n’avez pas de vrais amis ou bien ces amis ont tout simplement décidé de vous poser un lapin en retour du karma. Aussi on peut se questionner sur l’absence à la cérémonie du lancement de Africa 21 des présidents Denis Sassou Nguesso du Congo, Obian Guemma de la Guinée Équatoriale mais surtout de Goodluck le nouveau président du Nigeria.


Des véritables amateurs à la tête de l’organisation

Un tel évènement ne devrait pas être confié à des amateurs. C’est en fait ce que nous constatons aujourd’hui. En effet, dès le début, les célébrations de ce cinquantenaire avaient été déjà mal planifiées. On se souvient que prévu à l’omnisport de Yaoundé, où les cassent étaient annoncées pour faire plus de visibilité, ce qui auraient plonger encore certains camerounais dans la souffrance au moment où on fête, Biya à mis fin à cette mauvaise décision des organisateurs en ramenant le  lieu du défilé au boulevard du 20 mai.

Samedi, il y a eu un match de gala entre les anciennes gloires du football camerounais et la relève. Pour le temps d’un match d’exhibition c’était une réussite dirions-nous tout comme le concert de musique et différentes commémorations religieuses qui ont précédées.  Mais est ce seulement de cette manière qu’on doit écrire notre histoire?

Franchement, comme vous, je ne crois pas et je suis très déçu. Notre pays mérite mieux que cela. C’est bien beau des banderoles avec le nom de nos gloires comme Joseph Bessala écrit dessus. Mais comme dirait la majorité des Camerounais : « Et après! ». N’aurait-il pas été plus approprié qu’après un tel match souvenir que l’État annonce du coup un lieu symbolique, ou même dévoile un monument pour ces gloires? Ô que non, ils n’y ont tout simplement pas pensé!

Pourtant nous avons pleins d’immeubles, des rues, de stade qui peuvent porter leurs noms! Joseph Bessala est quand même celui qui a remporté notre toute première médaille Olympique! Voyions, le traiter de la sorte, avec une banderole est une insulte pour la dignité des Camerounais. D’ailleurs demandez aux Camerounais où se trouvent nos différentes médailles? Où est le temple de la gloire sportive et culturelle qu’on attend de l’État Camerounais depuis des années? Ces médailles devraient être exposées dans ce temple de la renommée du Sport et de la Culture. Il appert donc qu’on a manqué une occasion en or pour lancer ce temple. Pourtant le Cercle Municipal à Yaoundé était le lieu bien indiqué pour ce temple de la renommée. 

Il serait donc important de comprendre que la célébration du cinquantenaire ne devrait pas être seulement l’occasion des grands discours, des voeux et des fêtes d’une journée. Il doit déboucher sur des réalisations concrètes et maintenant. Nous devons profiter pour laisser à nos enfants des souvenirs palpables. Et sur ce point, les organisateurs ont lamentablement échoué.

Car comment comprendre qu’à l’heure des nouvelles technologies et surtout de Youtube, DailyMotion et Facebook, qu’aucun membre du comité n’a pensé à un site web dynamique et communautaire pour les 50 ans d’indépendance du Cameroun? À la place il existe un site web statique qui n’aurait connu aucune mise à jour depuis sa mise ne ligne : http://www.cinquantenaireducameroun.net. Et duquel il ne ressort rien de ce qui se passe présentement. Et donc la navigation et l’ergonomie sont assez difficiles à supporter. Essayez de naviguer sur ledit site. Pourtant un simple appel d’offre dans le milieu informatique national ou un concours lancé aux jeunes programmeurs camerounais aurait débouché sur un très bon site web commémoratif.

À travers cette plate forme virtuelle et permanente on aurait pu donner la possibilité à chaque Citoyen de dire ce qu’il récent et comment il célèbre ce cinquantenaire. Du coup, cela aurait pu être aussi un espace idoine pour le dépôt des souvenirs photos, vidéos, documents de cet anniversaire afin que ce soit notre miroir du passé, notre studio du présent et notre autoroute du futur. Dans un an que restera-t-il? Dans 10 ans qui en parlera encore, et que dire dans 50 ans quand nos jeunes d’aujourd’hui ou ceux à naître fêteront les 100 ans de l’indépendance de notre pays? C’est aussi l’occasion manquée de créer un vrai espace fédérateur de tous les Camerounais.

Au 21e siècle, on doit gérer un évènement pour la postérité et cette façon de faire doit être évidente et devrait figurer dans le plan de gestion de toute célébration. Ne pas avoir compris cela est une erreur grave de la part des gestionnaires de ces célébrations. Ne pas aussi avoir pensé à faire une grande publicité autour des timbres commémoratifs produites  par le Minpostel ou d’une pièce de monnaie avenir est aussi un oubli grave. Les organisateurs pourront toujours, dans les jours avenir, se rattraper. De nos jours, les évènements se vivent et se sentent en direct et en temps réel. Il manque de publicité autour de ces célébrations.

On peut constater, et comprendre les frustrations des citoyens pour cause des rues barrées à Yaoundé depuis une semaine  et d’une célébration chaotique, qui se manifestent par le boycotte des évènements par signe sans doute de leur ras le bol. C’est aussi une façon légitime pour les citoyens de manifester leur non implication dans cette commémoration car les organisateurs n’ont su comment impliquer les citoyens. Misant plus sur le 20 mai et la soirée de gala. Retenir juste Yaoundé et à la limite Bamenda tel que prévu dans le programme initial, comme seuls centres des activités n’étaient pas une bonne stratégie. Car que dire des villes emblématiques comme Foumban, Dschang, Ebolowa, Limbé, Djombé, Kumba, Akonolinga, Petit Kam, Eseka, pour ne citer que celles la. Certaines de ces villes ont été très déterminantes dans la lutte pour notre indépendance. On peut y voir encore les vestiges de la conquête de l’autonomie de notre pays.


Dernier grand évènement de l’ère Biya ?

Présenté comme grand évènement que le président Paul Biya, 76 ans et 28 ans au pouvoir, voudrait laisser comme réalisation dans les archives du Cameroun, la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun ne sera finalement qu’un non évènement pour la majorité des camerounais mais surtout un échec. Le président Biya ne s’en prendra qu’à lui-même. Car il a, lui-même, mis à la tête du projet, des gens qui n’ont aucun sens de l’organisation. Et on comprend pourquoi il est fâché.

On aurait pu, si les responsables faisaient leur travail comme cela se doit, et si on avait confié le plan d’affaire aux vrais gestionnaires de projets, commander un disque souvenir à nos artistes. Ils auraient repris dans un album souvenir des chansons qui ont soit bercées les camerounais, soit fait la fierté d’être camerounais. Qui ne se souvient pas du célèbre « Bienvenue au Camerounais » du monument de la chanson camerounaise Manu Dibango? Ou du « Je vais à Yaoundé de André Mari Talla » ou encore nos très célèbres vétérans dans «Au village ». Ah la belle époque quand tu nous manques!

Aussi, qui ne se souvient pas des paroles adoucissantes de notre maman Anne Marie NZié, d’Eboua Lotin, de Tim and Fotti, d’Ebogo Émérent, de Messi Martin, de Jean Bikoko Aladin, Ayissi le Duc et je vous fais grâce de tous les autres bâtisseurs et vulgarisateurs de notre culture. Certains  nous ont soit déjà quittés ou sont simplement oubliés.

Oui on a les larmes aux yeux quand on se rend compte qu’un gouvernement n’est pas capable de tirer le maximum de profit d’une telle occasion en or et qui ne se reproduira pas avant 50 ans,  pour reconnaître l’apport des fils de ce pays pour la stabilité de notre pays et de l’unité nationale. Oui dira-t-on qu’il y a eu un concert souvenir, des projections cinématographiques, des messes, des conférences débats mais cela reste encore et toujours des évènements d’un jour. Et, sans lendemain, surtout sans laminage dans l’histoire de notre pays. Que de merveilles inexploitées nous avons !

Que ceux qui nous gouvernent sachent que le Cameroun a une histoire et cette histoire doit être sue et immortalisée. Cette histoire s’écrit et s’écrira autant avec les politiciens comme Ahmadou Ahidjo,  André Marie Mbida, Um Nyiobe, Monseigneur Ndogmo, des joueurs comme MBappé Lépé, boxeurs comme Joseph Bessala qui nous a quitté dans la misère totale il y a seulement quelques jours, des musiciens comme Eboua Lotin, mais aussi des humoristes comme l’immortel Jean Michel Kankan.  Certains sont décédés dans la misère totale ou dans un mépris ou l’anonymat digne d’un régime dictatorial.  Aujourd’hui notre histoire est aussi entrain de s’écrire avec la fierté nationale que sont Samuel Éto’o Fils, Françoise Mbango, avec tous les camerounais et surtout nos jeunes qui se battent jours et nuits pour gagner leur vie. Sans oubliez nos compatriotes de la diaspora, qui à travers leurs réalisations ou leurs occupations professionnelles, sont une fierté et des fervents ambassadeurs pour notre pays.

De mon côté, j’ai profité d’une occasion qui m’a été offerte en mars dernier pour présenter le Cameroun, sa diversité culturelle et culinaire,  ses sites touristiques,  également des 50 ans de notre indépendance et de l’avenir de notre pays entant que leader de la sous région. Ce n’est un secret pour personne, notre pays regorge d’énormes potentialités et chacun de nous, dans la mesure de notre possible, doit pouvoir venter notre pays afin de le placer toujours au plus haut. Faisons-le pour notre fierté, pour nos descendants et pour notre pays.

 

 Bon cinquantenaire à vous tous, chers compatriotes.

 

Martin Stéphane Fongang

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20/05/2010
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