Cinquantenaire à Foumban Universitaires et hommes politiques revisitent la Réunification

Douala, 02 mail 2013
© Guy Modeste DZUDIE | Le Messager

Jacques Fame Ndongo, Ibrahim Mbombo Njoya, Adamou Ndam Njoya, Daniel Abwa, Issa Tchiroma Bakary, Ama Tutu Muna, Jean Claude Mbwentchou, Jean Emmanuel Pondi, Pr Ndjitoyap Ndam Elie-Claude… se retrouvés au lycée classique de Foumban pour capitaliser et perpétuer cet héritage historique.

Pourquoi existent-ils des velléités sécessionnistes chez certains anglophones du Cameroun plus de 52 ans après la tenue de la conférence constitutionnelle de Foumban sur la Réunification du Cameroun? Les panelistes invités à s’exprimer sur le thème «la contribution de la conférence de Foumban dans la processus de réunification», ont essayé, chacun à sa manière, de remuer les faits historiques pour discourir notamment sur les déterminants socio-anthropologiques du choix de la ville de Foumban, sur les enjeux de cette conférence et la contribution des différents acteurs. Parlant de la contribution des différents acteurs, le professeur Jacques Fame Ndongo, ministre de l’Enseignement supérieur et co-modérateur (avec Amadou Vamoulké, directeur général de la Crtv) de cette conférence débat a indiqué le rôle majeur joué par Njimoluh Seidou, sultan Roi des Bamoun, et Njoya Arouna, ministre du gouvernement Ahidjo au moment de la tenue de ce conclave en juillet 1961. Tout en tressant des couronnes d’honneur à ces deux illustres disparus, le Pr Jacques Fame Ndongo, n’a pas manqué de tirer un coup de chapeau à leur héritier respectif qui malgré leurs divergences politiques se sont retrouvés dans la salle polyvalente du lycée classique de Foumban pour parler de la contribution de la conférence de Foumban à la réunification du Cameroun. Il s’agit d’Ibrahim Mbombo Njoya, sultan Roi des Bamoun, et du Dr Adamou Ndam Njoya, héritier principal de Njoya Arouna, maire de Foumban et président national de l’Union démocratique du Cameroun (Udc). Jean Claude Mbwentchou, ministre du Développement urbain et de l’habitat, Ama Tutu Muna, ministre de la Culture, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication, étaient de la partie.

Inscrit dans une logique de promotion de la paix et de la démocratie, le maire de la ville de Foumban a plaidé pour la redéfinition d’un nouveau contrat social au Cameroun. Pour lui, la consécration de la République du Cameroun en 1984 sous l’instigation du président Paul Biya tout comme la proclamation dans la Constitution du janvier 1996 du caractère «unitaire et décentralisé» de l’Etat du Cameroun sont des faits majeurs qui montrent que les arguments dégagés par les différents acteurs de la conférence de Foumban ont toujours influencé les différentes modifications constitutionnelles dans notre pays. Proclamant qu’il faut construire la République, le Dr Adamou Ndam Njoya a dénoncé les dérives orchestrées par certains détenteurs du pouvoir traditionnel dans l’espace francophone à l’orée de cette conférence de Foumban comme de nos jours. «Dans le fond, va l’emporter la dimension anarchique que l’on retrouve du côté francophone. Les traditions ne doivent pas être confondues aux valeurs traditionnelles», analyse le président de l’Udc. Pour la consolidation de l’unité nationale A sa suite, le Pr Jean Paul Messinna, va prendre position dans le débat en saluant l’ingéniosité culturelle du peuple Bamoun dont l’ouverture d’esprit des différents Rois ou sultans ont permis à ce peuple d’être en contact avec différents courants religieux chrétiens protestants, chrétiens catholiques et musulmans. Ce qui fait comme l’a souligné le Dr Estelle Kouakam Magne, enseignante d’anthropologie politique à l’Université catholique d’Afrique centrale (Uccac), du fait de leur position entre le Nord musulman et le Sud chrétien de même que suivant leur rapprochement culturelle des peuples du Nord-Ouest et ceux de l’Ouest, la ville de Foumban et ses populations, ont été des vecteurs pour la bonne tenue de cette conférence.


Clivages linguistiques

Reste que, lors de son intervention, le Pr Jean Njoya, politologue à l’Université de Yaoundé II, va insister sur la duperie ayant affecté les travaux de Foumban. Comme le Pr Daniel Abwa, historien, ce fils du Noun, va rappeler que les travaux de Foumban ont coïncidé à certains moments parce que John Ngu Foncha ayant rencontré à Yaoundé deux mois avant la conférence de Foumban, le président de l’ex-République du Cameroun Oriental Ahmadou Ahidjo, n’a pas communiqué sur la teneur du projet de constitution de la République fédérale du Cameroun soumis à son attention par la partie francophone. Selon l’expert, seule sa survie politique lui tenait à cœur. Surtout qu’il voyait sa posture de vice-président de la République fédérale du Cameroun comme une position à conquérir et à protéger au détriment des autres anglophones à l’instar d’Endeley. Selon le politologue, Ahmadou Ahidjo a aussi activé la conférence de Foumban pour régler des comptes aux mouvements nationalistes conduits par l’Union des populations du Cameroun (Upc), qui à côté de l’indépendance du Cameroun réclamait la réunification des deux parties du pays à la suite de la deuxième guerre mondiale. Ce qui pour le Pr Saibou Issa, directeur de l’Ecole normale de Maroua, implique un travail constant pour la consolidation de l’unité nationale, au-delà des clivages linguistiques et culturels.

Guy Modeste DZUDIE, à Foumban


02/05/2013
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