Cimenterie: Le Cameroun explore maintenant la piste nigériane
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Cimenterie: Le Cameroun explore maintenant la piste nigériane(journal du cameroun 14/01/2011)
Le Cameroun veut composer avec DANGOTE, un groupe nigérian possédant l’une des plus grandes usines de production de ciment dans le continent africain
Trois mois pour implanter l’usine
C’est ce qui ressort d’emblée de la rencontre que le ministre du commerce (MINCOMMERCE) est la rencontre avec le président de DANGOTE le 7 janvier 2011 à Yaoundé. Le projet d’installation d’une 2ème cimenterie au pays a été le principal point au menu des échanges avec Luc Magloire Mbarga et Aliko Dangote. L’industriel nigérian se donne trois mois pour implanter cette usine au pays à partir de l’obtention du permis de la part du gouvernement qui est une sorte de quitus. Aliko Dangote compte commencer d’abord par un broyeur d’une capacité de production annuelle de 1,2 tonnes avant de poursuivre quelques semaines plus tard avec les autres compartiments. Le montant des investissements prévus pour le projet est de 12 milliards de Fcfa. Cet investissement intègre le projet de développement d’une autonomie en matière d’énergie en installant des groupes électrogènes. Une fois le permis du gouvernement camerounais obtenu, le délai d’installation de l’usine est de 90 jours et nous allons tout faire pour respecter ce délai, rassure le milliardaire nigérian, en souhaitant vivement que le Cameroun bénéficie des retombées de la coopération que son groupe a décidé de lancer en direction des pays africains avec pour ambition d’atteindre dans les prochaines années une production de 50 millions de tonnes. Le groupe Dangote côté à 30 milliards de dollars à la bourse de Lagos possède une des plus grandes usines de production de ciment de tout le continent africain.
Fin du monopole de Cimencam
Si le gouvernement accède à l’offre du nigérian, le Cameroun sera le troisième pays en Afrique centrale, après le Gabon et le Congo où le groupe vient de signer deux accords respectifs pour l’installation dans les prochains mois de deux entreprises. En Afrique de l’Ouest, le groupe est installé en Côte d‘Ivoire, au Ghana, Bénin et est en cours d’installation en Sierra Léone et au Sénégal. Le groupe est également installé en Afrique du Sud, Zambie, Ethiopie et Tanzanie où il œuvre dans la production et la distribution du ciment. Aliko Dangote a produit en 2010, 8 millions de tonnes de ciment et compte augmenter sa capacité de production de 20 millions de tonnes supplémentaires en 2011 avec pour objectif d’atteindre 30 millions de tonnes en 2013. Le groupe possède par ailleurs 4 000 camions remorques pour le transport. L’ouverture de cette usine mettra fin au monopole des Cimenteries du Cameroun (CIMENCAM) et beaucoup y voient déjà plusieurs avantages.
C’est le cas des associations de défense des droits des consommateurs. L’ouverture d’une deuxième cimenterie va diversifier l’offre et surtout créer une situation de concurrence et donc forcément une baisse du prix du produit de ce matériau de construction dont les prix restent étrangement élevés, commente un président d’une des associations sous le sceau de l’anonymat. Ce même sentiment d’optimisme est partagé par le MINCOMMERCE. Cette proposition arrive au bon moment dans la mesure où le Cameroun vient de lancer l’exécution des grands projets structurants - port en eau profonde de Kribi, barrages hydroélectriques, autoroutes, 2ème pont sur le Wouri … - qui nécessitent l’utilisation d’énormes quantités de ciment dans le cadre de la mise en œuvre de la politique des grandes ambitions du chef de l’état et dans la perspective de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, déroule Luc Magloire Mbarga Atangana.
Mort du projet AFKO Cement
Mais pour l’instant, convient-il de préciser, il ne s’agit que d’échanges. De négociations. Rien n’a été encore signé. On est encore dans la phase des pourparlers. Des projets. Après cette audience, Luc Magloire Mbarga Atangana a promis de faire le compte-rendu à la hiérarchie. C’est donc cette hiérarchie qui tient les clés de ce projet. C’est à ce niveau où le bât blesse quand on sait la manière étonnante avec laquelle le gouvernement a géré les projets similaires. AFKO Cement à Limbé notamment. En effet, depuis au moins deux ans une 2e cimenterie devait être implantée à Limbé, du côté de Ngueme, sur la route de la Société nationale de raffinage du Cameroun (SONARA). La cérémonie de pose de la première pierre a eu lieu il y a environ deux ans. Un matériel important y a été déchargé. Des bureaux construits. Puis, après, plus rien.
On en parle plus. Le projet a carrément été mis dans les tiroirs. Sans explication. Même si certains initiés y voient une main basse du groupe Lafarge qui, d’après eux, fait tout pour garder le monopole au Cameroun. Un argumentaire balayé directement par les représentants locaux. Forts de cette triste expérience, ils sont nombreux ceux qui évitent de se hasarder dans cet optimisme béat et préfèrent attendre l’évolution et l’engagement des pouvoirs publics.
Ils se demandent ce que va devenir ce projet qui a déjà aspiré beaucoup de millions mais quoi qu’il en soit, l’offre en ciment est une préoccupation au Cameroun. En mars 2010 par exemple, la multinationale Fortress convenait avec les autorités d’une importation de 100.000 tonnes de ciment mais avec les grands projets immobiliers qui s’annoncent, cette offre est ridicule.
Par Hervé Endong, Camereco.com - 13/01/2011
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