Chute de Toumani Touré : Le rôle trouble de la France
Au Mali la première ministre, Cissé Mariam Kaïdama Sidibé et son
époux sont aux arrêts. De nombreuses autorités proches du président
Amadou Toumani Touré sont aux arrêts ou en résidences surveillées. Au
fil des heures la situation se complique donc pour le président malien
ATT, tantôt localisé à l’ambassade des USA, tantôt dit retranché dans un
camp militaire de bérets rouges, son unité d’origine.
Ce qui
apparaissait hier mercredi comme un mécontentement des militaires
maliens, a fini dans la nuit du mercredi au jeudi par se transformer en
un coup de force.
Dans la journée du mercredi, les mutins avaient
réussi à s’emparer des locaux de la radio et de la télévision d’état,
pendant que l’ambassade de France au Mali, se chargeait de passer
l’annonce d’évacuer les écoles de la capitale. Attitude que beaucoup
d’habitants de Bamako déjà écœurés par la guerre de la France contre la
Lybie de Kadhafi, ne comprennent pas.
« Pourquoi ce
sont les Français qui demandent l’évacuation des écoles et annoncent sur
leurs medias publics en premier le coup de force ? Pourquoi c’est sur
leur radio que certains leaders apportent un soutien politique au
coup-d’etat ? » se demandent un journaliste joint ce jeudi à Bamako avant de poursuivre :
«
Le pouvoir malien était ces derniers mois en désaccords avec la France
sur l’attitude à adopter face à la rébellion Touareg. Le Mali voulait
s’en débarrasser tandis que la France et certains pays occidentaux
souhaitaient utiliser cette rébellion pour combattre Al Qu’Aïda au
Maghreb (Aqmi).
Une certaine presse présente les rebelles Touareg
comme ayant combattu auprès de Kadhafi, c’est pas toujours vrai. Les
armes sophistiquées que les rebelles possèdent ne viennent pas toutes de
l’arsenal laissé par Kadhafi. Il faut chercher encore d’où viennent ces
armes. Pour certaines autorités maliennes, ces armes proviennent des
occidentaux ».
La prochaine présidentielle malienne
était prévue pour le 29 avril prochain. ATT n’y participait pas comme
candidat. De nombreuses divergences étaient apparues au sein de la
classe politique sur la tenue ou non de cette élection. Pour le pouvoir
sortant il fallait la tenir à la date indiquée, par contre pour une
partie de l’opposition qui applaudit le coup-d’état de ce jeudi, il
fallait la repousser.
Les urnes avaient mêmes été réceptionnées
fin février en provenance de New-Dheli en Inde. Une certitude demeure.
Après plus de 20 ans, le Mali ne sera plus cité comme l’une des rares
réussites de la démocratie à l’occidental en Afrique.
Selon toute
vraisemblance les condamnations qui fusent de partout (USA, France,
Cedeao, Union Africaine, ONU etc.) du putsch du capitaine Amadou Sanogo
et son Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), ne feront pas revenir ATT au pouvoir.
Ces
militaires d’un autre âge, qui ont désormais les pleins pouvoirs
peuvent à souhait selon leur loisir, se donner les moyens militaires
pour combattre la rébellion Touareg.
Quel sens accorder à ce renversement de Toumani Touré à seulement
quelques petites semaines de la fin de son mandat présidentiel ? Le
temps nous le dira.
Liste des ministres et personnalités arrêtés au Mali
- Le Général Kafoukouna Koné, ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales
- Me Abdoul Wahab Berthé, ministre de la fonction publique
- Soumeylou B. Maiga, ministre des Affaires étrangères
- Sidiki Konaté, Ministre de la communication et porte-parole du gouvernement
- Agatham Ag Alhassane, Ministre de l’Agriculture
- Marafa Traoré, Ministre de la Justice, garde des sceaux
- El Moctar, Ministre du tourisme