Chronique:SAUVONS LE CAMEROUN (DU SDF)!

Chronique:SAUVONS LE CAMEROUN (DU SDF)!

Fru Ndi Prière:Camer.beLa question au Cameroun n’est plus si Paul Biya va partir. C’est comment le faire avec le moins de dégâts possible. La question c’est donc comment sauver notre pays. Je crois sur cet aspect des choses, tous les Camerounais sont d’accords : comment faire partir le vieux tyran à moindre frais. Or ces derniers deux ans ont été riches en modèles parmi lesquels le plus discuté au Cameroun est sans doute l’exemple sénégalais. Mauvais exemple à plusieurs égards, et surtout parce que l’élection présidentielle au Sénégal a lieu à deux tours, et que, avait-elle eu un seul tour comme chez nous, les forces de l’opposition se seraient sans doute comportées de manière différente, comme on s’imagine, mais Wade aussi aurait eu un comportement différent – évidemment. Au final cependant, sans doute, il aurait tout de même gagné l’élection et serait aujourd’hui encore le président du Sénégal, comme Paul Biya est président du Cameroun.

Tout système n’a que l’opposition qu’il mérite. L’opposition sénégalaise dont la bravoure a été chantée partout comme exemplaire, n’a cependant donné qu’une dizaine de morts lors de son mouvement populaire de juin 2011, quand des centaines de jeunes camerounais sont morts en février 2008 – afin que le tyran se maintienne au pouvoir. Les Tunisiens se sont séparés de Ben Ali à bien moindre frais eux non plus. C’est que le système politique camerounais est fondé sur un cache-sexe peu visible : l’opposant historique. Pour voir sa position structurelle à l’intérieur du système avec clarté, il faut peut-être se projeter sur le temps inévitable après Biya. Et ici tous les pays qui ont eu des changements politiques durant ces derniers deux ans devraient nous servir de modèles d’analyse, et donc de mise en garde tactique. Car en effet, les partis qui ont été victorieux aux élections vraiment démocratiques après la fin de la dictature n'existaient pas sous celle-ci - bref, étaient interdits, ou 'virtuels' – sauf en Guinée. Encore qu’ici le cas singulier de la dictature militaire ubuesque est à considérer.

Le Cameroun n’a jamais eu d’élection vraiment démocratique. Une élection démocratique signifiait pour nous révolution, car elle mettrait fin à l’axe Nord-Sud qui a donné la fondation à la tyrannie que vit notre pays depuis 1958. Le SDF surtout, mais aussi tous les ‘partis représentés a l'Assemblée nationale' au Cameroun devraient réfléchir sur sa signification. Leurs chiffres sont en effet aussi faux que ceux qui rendent la tyrannie de Biya légale, car comme ceux du RDPC, ces chiffres sont issus d’élections frauduleuses. Ces partis n'ont donc aucun intérêt objectif à ce qu'il y ait des élections vraiment démocratiques au Cameroun : car alors ils en payeraient les frais eux aussi. Pour ce qui est du SDF, le parti de ‘l’opposant historique’, il sera sans doute vaporisé par le SCNC encore interdit, mais dont la base est profondément ancrée dans la politique d’exclusion des anglophones pratiquée par le renouveau depuis 1983.

Y avait-il une élection vraiment démocratique que le SCNC taclerait sans doute le SDF par derrière dans le Southern Camerooon – le Cameroun anglophone donc, dans l'Ambazonie, lui volant ainsi sa base. C’est que le parti de Fru Ndi payerait le prix d’une stratégie d’anglophonisation qu’il mène depuis 1997 dans les faits. Si pour l’Ambazonie surtout, le SCNC serait ce qu’en Egypte sont les Frères musulmans, il en serait de même pour le reste du pays où le SDF a reculé comme peau de chagrin. Le SDF sera la première victime collatérale d’une élection démocratique – d’une révolution – au Cameroun, d'autant plus que, plus que le RDPC il sera puni pour avoir trahi les espoirs du peuple depuis 1990. Chers amis, il y a place pour un nouveau parti de l’opposition au Cameroun ! Ainsi se développerait la recomposition politique qui a eu lieu en Tunisie aujourd’hui, où le parti victorieux aux législatives était interdit sous la tyrannie. Et je ne parle même pas du Sénégal où le parti de Macky Sall, fondé seulement en 2008, et libéral en plus comme celui de Wade, a désaxé le PS, parti de l’opposition post-Diouf, de gauche donc, pour gagner les présidentielles de 2011. Les opposants togolais l'ont compris, leur comité 'Sauvons le Togo' qui a été crée le 4 avril 2012 et a déjà mobilisé des milliers de personnes dans la rue plusieurs fois, a d’entrée de jeu exclu l'UFC, le parti de 'l'opposant historique' Gilchrist Olympio, et s’est fondé plutôt sur une société civile recomposée. Au Cameroun au contraire, le G7 qui s’est composé sous la houlette du SDF en octobre 2011, multiplie des réunions partout dans le pays, pond des communiqués que personne ne lit, a déjà une exclusion dans son palmarès, sans jamais être descendu dans la rue. Sauvons le Cameroun !

© Emergence n°102 : Patrice Nganang


03/07/2012
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres