Chronique: Quel est l’objectif du SDF pour 2011 ?
New-York - 27 Août 2010
© Cyrille Ekwalla | Cameroon-Info.Net
À moins d'un an de l'élection présidentielle prévue en Octobre 2011, le SDF pose des conditions (11) à son éventuelle participation. Dans quel objectif ?
© Cyrille Ekwalla | Cameroon-Info.Net
À moins d'un an de l'élection présidentielle prévue en Octobre 2011, le SDF pose des conditions (11) à son éventuelle participation. Dans quel objectif ?
Il y a un peu plus d’un an (mai 2009), nous disions déjà ceci : «… aucun
parti politique n’est à ce jour capable de mettre sur la table, ou à
tout le moins, réfléchir à l’esquisse d’un projet concret, d’une vision
réaliste et réalisable sur l’agriculture, sur l’éducation, sur la
santé…occupés qu’ils sont, tous sans exception, à se chamailler pour
essayer de survivre –dans tous les sens du terme-. (…) À quelques mois
de l’échéance cruciale de 2011, une échéance-butoir pour le devenir du
Cameroun, on ne peut laisser l’offre politique se réduire et se résumer à
un face à face dont plus personne ne veut. D’un côté le RDPC et son
Président Paul Biya et de l’autre le SDF et son Chairman John Fru Ndi.
D’un côté, un président de la république qui manifestement – et
apparemment - n’éprouve plus l’envie de se battre (tant il est vrai
qu’il n’a plus d’adversaires à sa taille) ; mais qui malheureusement est
« pris en otage » selon les dires de certains de ses partisans (une
rengaine qui amène – légitimement- à penser qu’il a été atteint du
syndrome de Stockholm ; ce mal qui pousse certains otages à prendre fait
et cause pour leurs geôliers) ; de l’autre un « opposant » qui,
convaincu qu’il n’obtiendra plus jamais l’onction du peuple pour être
président, met tout en œuvre pour détruire toute démarche cohérente et
constructive de l’opposition ; au point d’avoir atteint les abîmes du
discrédit. Sans rien enlever à la qualité de ces deux personnalités, le
Cameroun vaut certainement mieux que cet éternel face à face, ce
sempiternel ballet de duettistes. Il est urgent et impératif que des
camerounais sérieux se lèvent et se prononcent. Il est temps d’essayer
autre chose ! ».
Modestement, force est de constater, que nous avons été entendus. Malheureusement pas dans le sens où nous l’aurions souhaité. En effet, des esquisses et même des projets de société sont apparus de part et d’autre, mais nul ne souhaite en discuter ou en débattre d’une part – nous y reviendrons prochainement ; et d’autre part les camerounais risquent de ne pas avoir l’embarras de choix quant à l’offre politique. Les faits démontrent jour après jour que le Rdpc est plus hégémonique que jamais et que son candidat « naturel » tend royalement vers une victoire sans bavure à la présidentielle d’octobre 2011. Et pour cause. ! À l’heure où les camerounais, dans leur imense majorité, souhaitent une alternative à la politique et au régime actuel, permettez-nous un instant de porter notre attention sur le Sdf. De tous les partis d’opposition, nul autre ne possède une assise nationale identique à celle du Sdf. D’où son titre de « principal parti d’opposition » dont se gargarisent d’ailleurs tant certains de ses cadres. Et qui leur fait penser que leur parti et ses militants seraient indispensables dans toute coalition dont l’objectif est de battre le candidat du Rdpc. Une observation non dénuée de sens si l’on part du postulat qu’en l’état actuel, une élection juste, libre, franche et transparente au Cameroun, basée sur le « One man, One vote » est une vue de l’esprit, une utopie. Par conséquent, quel peut être le but, l’objectif caché de cette nouvelle « stratégie » du Sdf : « Les 11 conditions du Sdf pour prendre part aux prochaines élections » annoncées en cette fin du mois d’août ? N’est-on pas autorisé à voir là une énième astuce pour les dirigeants de ce parti de phagocyter – à nouveau - toutes les tentatives prises ailleurs dans les camps adverses au Rdpc ? À douze mois de l’élection – si le calendrier est respecté – le comité exécutif national du Sdf pense-t-il sincèrement possible de faire plier le gouvernement ou plutôt le Chef de l’État Paul Biya, l’amenant à « respecter scrupuleusement la loi portant création et organisation d’Elecam, notamment les dispositions des articles 8 et 13 relatives à l’indépendance et à l’impartialité des membres du conseil électoral et de la direction générale d’Elecam » ; à « introduire des données biométriques dans l’établissement des listes électorales et des cartes d’électeurs » ou encore à « mettre en place des dispositions précises pour interdire l’engagement des fonctionnaires, des responsables publics et parapublics dans les campagnes électorales » et « faire participer de manière effective la diaspora camerounaise aux échéances électorales » ? Le parti de John Fru Ndi pense-t-il que sa démarche est politiquement viable, stratégiquement opportune à douze mois de l’élection présidentielle ? À moins de voir là, la mainmise de la « tendance Nitcheu » sur le Sdf. La radicalisation progressive du président régional du Sdf dans le littoral n’est plus à démontrer. Il ne cesse de clamer depuis un moment que la voie des urnes ne fera pas partir le président actuel et qu’il faut penser une autre voie. Est-ce la voie du boycott ? Est-ce la voie qui consiste à empêcher toute autre expression dans l’opposition ? Convaincus du poids politique et de la force de frappe et de nuisance indéniables du Sdf, ses dirigeants ne choisissent-ils pas, avec leurs nouvelles conditionnalités à toute participation électorale, une voie sans issue ? Il est à craindre qu’avec de tels actes, la désaffection et le mépris de nombreux citoyens envers la politique et certains acteurs politiques au Cameroun ne s’amenuisent guère. Il y a quelques jours, notre confrère Alain B. Batongué de Mutations, dans son éditorial intitulé « Préparer des élections crédibles », écrivait ceci à propos des partis politiques : « Au-delà des objectifs légitimes de conquête du pouvoir ou des batailles politiciennes difficilement évitables, les responsables des formations politiques devraient avoir une haute et exigeante conception de la mission que la constitution leur assigne : concourir à l’expression du suffrage. Cela signifie que les partis politiques doivent s’abstenir de mots d’ordre, consignes ou instructions destinés à empêcher cette expression du suffrage, comme la non inscription sur les listes électorales. Les partis, au contraire, doivent éduquer leurs militants au civisme et non les préparer à la contestation post électorale. Ils doivent certes, faire preuve de vigilance pour contraindre l’Etat, toujours mauvais joueur, à une préparation sérieuse des scrutins, et il faut espérer que la surenchère actuelle, en particulier celle du Social democratic front (Sdf) ne vise que ce résultat positif et non une politique du pire et de la chaise vide dont on peut mesurer les résultats désastreux depuis 1992. ». Le flou et le tâtonnement, les errements, sont souvent source d’incompréhension et de désamour. Sauf si ces errements ont un objectif inavoué : le statu quo. |
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