Il n' y a pas de famille ni de maison au Cameroun où l'on ne vous dira pas: "mon fils, ma fille, mon frère, ma soeur, mon cousin est en France" Pas grave s'il n'est qu'au Tchad voisin ou en Indonésie lointaine. En tout cas il est en France. Si vous cherchez à en savoir plus, on vous collera un " c'est quoi ton problème" ?On ne vous dira jamais s'ils sont partis dans un container, dans la soute d' un avion ou en traversant le Sahara sur le dos d' un chameau.
Si vous poussez la curiosité on vous dira il travaille ou qu'il étudie. Mais Vous risquez d' énerver sérieusement votre interlocuteur si vous demandez quelles études? Quel travail? On t ' a envoyé ? Vous rétorquera t -on.
C'est que avoir un proche à Mbeng est un signe de fierté et une source potentielle de revenu. Quelques Western union ou Money gram pas toujours réguliers mais soulageants. Quelques gadgets achetés Rue Faubourg Saint Martin, quelques voitures congélées tirées de la casse, quelques fringues au lendemain des soldes à Chateau rouge... Voila qui est bon à attendre du fraternel qui est en France.
Qu' importe que votre soeur soit abonnée à la rue de Berne à Genève ou une réguliere des Bois de Paris. Tant pis si votre frère est devenu "bilingue", ou s'il est technicien de surface dans une entreprise illégale, collègue des maliens travaillant pour la ville de Paris, plongeur le week -end, veilleur dans un parking la nuit.
Vous avez dit "mon enfant est en France" Allez petit jaloux . Va dire.
Chronique du 8 février 2013
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