Chronique: Fortune Présidentielle et Arrestation de Y. M Fotso: l’art du contre-feu !

New York - 01 Décembre 2010
© Cyrille Ekwalla | Cameroon-Info.Net

L'arrestation de Yves Michel Fotso semble tomber à pic pour atténuer l'impact des "Biens mal acquis"...

Être un moment loin, très loin des contingences et autres contraintes camerouno-terrestres… Le président P. Biya l’a pensé et a cru s’en échapper et s’en élever quelques temps en compagnie de deux de ses pairs, Abdoulaye Wade du Sénégal et Teodoro Obiang Nguéma de la Guinée-Equatoriale, sous une tente bédouine dans le désert lybien, geste d’hospitalité du Guide de la Révolution Lybienne, le bien-nommé Colonel Mouammar Kaddhafi.

Hélas ! Trois fois hélas ! Le répit pour le leader camerounais n’aura duré que quelques heures. Suffisantes pour qu’un geste anodin, mais ô combien porteur de conséquences, ne vienne troubler cette accalmie présidentielle, après le tumulte causé par : la mort du Commandant israélien du BIR, le report des célébrations du Cinquantenaire de l’armée camerounaise, l’éventuel report du Comice agro-pastoral d’Ebolowa, l’ouverture d’une enquête pour « détournements et recel de biens » à son encontre et last but not least, l’orchestration d’une rumeur sur la mort de Laurent Esso, le Secrétaire Général de la Présidence… Il aura fallu que cette quiétude soit entamée par l’excès de zèle –en l’occurrence mal approprié- d’un fonctionnaire de la Présidence, qui a cru judicieux de « poster » une vidéo du trio présidentiel (camer/sénégalo/équato-guinéen) sur le site de la Présidence camerounaise, sans en avoir au préalable vérifié le contenu. Se contentant du visuel (où Paul Biya était tout à son avantage au milieu de ce trumvirat), il en a oublié l’essentiel, c’est-à-dire l’audio, le son. Et voilà que les internautes camerounais habitués à fureter sur le site de la Présidence ont fini par savoir de quoi l’on devise dans les apartés des grands de notre continent : on cause "affaires domestiques".

Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, en visionnant – mais surtout en écoutant- ces quelques minutes, on avait l’impression d’assister au remake du film de Ettore Scola « Godfather II » version tropicalisée, dans la scène où les parrains se retrouvent dans un entrepôt pour régler les « affaires de famille ». Ici, on était sous une tente, en plein désert et on a entendu le président camerounais déclarer à ces voisins Wade et Obiang Nguéma « …ils ne peuvent pas établir que j’ai une fortune !».

Paul Biya n’a pas dit « Ils ne peuvent PRETENDRE que j’ai une fortune », mais «ils ne peuvent ETABLIR que j’ai une fortune ». Avouons que la nuance a, ici, son importance. « Etablir » dans ce contexte veut dire « faire apparaître comme vrai, démontrer, prouver ». Cela ne revient-il pas à dire que e ait existe mais qu’il revient à l’accusation d’en faire la preuve ?

Le temps que la Celcom (cellule de communication) de la Présidence – où des têtes vont sûrement tomber, si ce n’est déjà fait - ne se rende compte de sa bévue, le mal était déjà fait. La vidéo a été téléchargée par plusieurs internautes, son contenu recouvrait les Unes des Quotidiens de ce jour, et le sujet des conversations camerounaises n’était pas difficile à imaginer jusqu’à…

Il y a quelques jours, lorsqu’une forte et impressionnante escouade depolice a fait sa descente chez Yves Michel Fotso, j’ajoutais que selon les informations en notre possession, son sort était scellé : une arrestation imminente et inévitable ; et qu’après son passeport qui lui a été retiré, on devait l’emmener à Yaoundé pour la poursuite de la procédure. Les choses ont traîné un peu, le temps qu’il se « compromette » encore en adressant une missive malvenue au Garde des Sceaux. « On » attendait le bon moment. Il est arrivé, comme par miracle, au moment où « les biens mal acquis » refont l’actualité. Et de quelle manière ? Par un « malencontreux » propos présidentiel. Quel timing !



03/12/2010
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