C’était à Baham, le village de l’ex griot du chef de l’Etat, au cours des opérations de constitution des listes électorales du parti au pouvoir à Yaoundé depuis plus de trente ans : le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Un petit notable a osé faire des remontrances au célébrissime professeur Augustin Kontchou, membre du comité central du parti qui a le droit de vie ou de mort sur les citoyens.
Au sujet de sa femme que l’ayatollah de Baham voulait imposer dans une liste. Cet impertinent en a eu pour son compte, une gifle bien appliquée sur sa joue gauche. Qui vous a dit qu’on ne gifle pas un notable au pays grassfield ? Allez pleurer dehors ! Et puis Konchou était le représentant personnel du Nnom Ngui, le roi de tous les rois.
Un notable du Nnom Ngui peut-il avoir peur d’un notable d’une petite chefferie d’un obscur village ? Jamais ! Pour cette faute de lèse majesté, on a crié que la malédiction devait tomber sur Kontchou après 9 jours. Oú est ca alors ? Zero mort se porte comme un charme. Rien ne peut arriver à celui qui a compté zéro mort lors des manifestations estudiantines en 1991 à Yaoundé tant qu’il a le soutien du Nnom Ngui le plus puissant de tous les « Grimbistes ».
Sachez-le une fois pour toutes, à l’instar de Kontchou zero mort, tous les disciples du Nnom Ngui sont infaillibles. Lorsque les membres du comité viennent chez vous, donnez leur à manger, à boire, donner leur votre lit et…votre femme. Sinon, vous ne serez jamais ni ministre, ni directeur, ni chef de service, ni rien.
D’ailleurs c’est devenu courant de voir toute une
famille sur une liste électorale ; le père député, la mère maire, les
enfants conseillers. La seule condition c’est chanter les louanges du
Nnom Ngui. Du coup on est immunisé contre tout. On peut se permettre de
gifler un gardien de nos traditions…Impunément.