Christopher Fomunyoh : Obama a refusé de féliciter Biya et Kabila

Cameroun/Christopher Fomunyoh : Obama a refusé de féliciter Biya et Kabila Le directeur Afrique du National Democratic Institute analyse le rapport d’Obama à l’Afrique pendant son premier mandat.

Vous étiez à Charlotte lors de la dernière sortie de Barack Obama ; le président américain a-t-il fait un bon discours ?

Il a fait un discours formidable, un discours de candidat  et en même temps un politique international, un discours président en exercice. On a vu un Barack Obama plus rassurant, plus sûr de lui-même et très déterminé à obtenir sa réélection.

Il y a quatre ans lors de son élection, toute l’Afrique était en liesse, aujourd’hui beaucoup sont déçus. Ils ont le sentiment que le président américain n’a rien fait pour eux ?

Effectivement je crois qu’il y a moins d’enthousiasme par rapport à il y a de cela quatre ans mais en parlant avec les personnalités qui étaient avec nous au stade ici à Charlotte, je constate qu’il y aune certaine compréhension de la part de beaucoup d’Africains qui ont compris que pendant les 4 dernières années, les circonstances de la politique intérieure américaine comme de la politique internationale étaient telles que Barack n’aurait pas pu faire ce qu’il a promis pour l’Afrique. Donc, l’espoir demeure dans ce sens que beaucoup d’Africains disent que s’il est réélu, il aura à faire un plus que ce qu’il a fait pendant les quatre premières années.

Je crois qu’à votre initiative il y avait un certain nombre de personnalités africaines  à Charlotte cette nuit comme le Congolais Vital Kameré, le malien Soumaïla Cissé et le  Guinéen Cellou Dallein Diallo ; les mauvaises langues disent que le démocrate Obama a fait moins pour l’Afrique que le républicain Bush. Qu’est-ce que vous en pensez?

Effectivement il y a une réalité dans ce fait que Bush avait réalisé beaucoup de choses pour l’Afrique,   notamment dans sa politique de santé. Ce qui fait qu’on a senti une certaine continuité. Effectivement les Africains qui étaient présents ici à Charlotte  ont été invités de plusieurs pays africains et aussi, les différentes délégations invitées par le Fbi. Il y a eu des invitations de façon équilibrée. Nous avons essayé, dans chacun des pays, d’inviter les leaders politiques de l’opposition comme de la mouvance présidentielle pour favoriser un débat en matière de démocratie et de bonne gouvernance.

En matière de démocratie justement,  beaucoup de démocrates africains attendaient une  nouvelle politique américaine il y a 4 ans et beaucoup ont été déçus par exemple par le  silence de Barack Obama après les élections au Cameroun et au Congo…

Dans le cas du Cameroun, jusqu’à l’heure actuelle,  depuis l’élection présidentielle  d’octobre 2011, le président Barack Obama, à ma connaissance, n’a pas envoyé de message de félicitation au président Paul Biya. Ce qui voudrait dire que quelque part, son administration a désapprouvé ce qui s’est passé au Cameroun en octobre 2011. Idem en Rdc. Je sais qu’il  y a eu beaucoup de débats sur l’approche à prendre et, compte tenu de la complexité et la difficulté que rencontre ce pays, je crois qu’ils ont estimé qu’il fallait aborder la question congolaise avec  beaucoup de tact. Mais toujours est-il que les partenaires de ce pays-là souhaiteraient accompagner les démocrates qu’ils soient camerounais ou congolais dans leur recherche d’une démocratie véritable.

Vous semblez dire que Barack ferait peut-être plus  pendant un éventuel deuxième mandat ; voulez vous  dire qu’il irait plus souvent sur le continent africain ?

C’est mon espoir ; il est vrai que pendant son premier mandat, il n’a fait qu’un voyage au Ghana. Je n’ai pas le doute qu’il le fera. Parce que sûrement que son deuxième mandat sera beaucoup plus facile à gérer que le mandat actuel pendant lequel il avait beaucoup de dossiers vraiment pertinents. Les Etats-Unis étaient impliqués dans deux guerres : en Irak et en Afghanistan. Il y avait la question de l’économie interne qui pesait aussi sur ses épaules et je crois que c’est toutes ces obligations qui l’on empêché de faire pour le continent africain ce qu’il envisageait de faire en 2008.

Et si Mitt Romney était élu qu’est qui changerait dans la politique des Etats-Unis ?

Mitt Romney a encore beaucoup de difficultés à maîtriser sa propre vision de la politique étrangère. Comme il est économiste de formation avec une grande expérience du secteur privé, je ne serais pas étonné que sa politique étrangère soit définie par cette expérience de la promotion du secteur privé et des nouvelles alliances qui tiendraient compte des intérêts économiques des Etats-Unis. Mais je crois que dans les deux mois qui suivront, nous attendons de voir plus clairement les priorités étrangères de la politique de Mitt Romney.

© Mutations : retranscrits par Pascal Dibamou


13/09/2012
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