Chantier - 2e Pont sur le Wouri: Incidences socio-économiques majeures de l’appel d’offres infructueux
DOUALA - 21 Septembre 2012
© Muna Dimbambe | Aurore Plus
Alors que le marché de construction du 2e pont sur le Wouri semblait acquis pour le groupe Sogea-Satom, un communiqué laconique du ministre des travaux publics est venu déclarer infructueuse l’adjudication dudit marché. Analyse faite, ce communiqué est lourd de conséquences.
© Muna Dimbambe | Aurore Plus
Alors que le marché de construction du 2e pont sur le Wouri semblait acquis pour le groupe Sogea-Satom, un communiqué laconique du ministre des travaux publics est venu déclarer infructueuse l’adjudication dudit marché. Analyse faite, ce communiqué est lourd de conséquences.
Succombant aux pressions multiformes
émanant notamment du principal bailleur de fonds mais également des
activistes tapis à la Présidence de la République, Patrice Amba Salla a
été contraint au recul, alors même qu’on annonçait imminent, le
démarrage des travaux de construction du 2e pont sur le Wouri. 11 mois
après en avoir lancé l’appel d’offres, suite à la libération par
l’Agence Française de Développement (Afd) de sa quote-part, soit environ
87 sur les 119 requis milliards de Fcfa. Et quand bien même
l’évaluation technique des différentes offres semblait indiquer une
préséance pour Razel, cette entreprise ne recueillit point l’assentiment
du bailleur de fonds qui crut suggérer le groupe Sogea-Satom, bien que
son offre soit largement supérieure à l’enveloppe globale de la
construction du 2e pont sur le Wouri. Du coup, on peut comprendre
l’embarras dans lequel la situation plongea le ministre des travaux
publics qui de surcroît subit une correspondance nourrie, aussi bien du
secrétariat général de la Présidence de la République, du secrétariat
général du premier ministère et même du ministre des marchés publics.
Un fort lobbying tirait ainsi les ficelles dans l’ombre, non plus pour s’en tenir à la compétitivité des offres reçues, mais pour y adjoindre d’autres considérations tenant notamment de l’origine des financements mobilisés pour ce faire. De là à penser que la suggestion du bailleur de fonds prime sur l’indépendance que devrait avoir la commission technique d’évaluation des offres, il n’y a qu’un pas que d’aucuns n’ont pas hésité de faire, au regard des nombreuses pertes d’opportunités qu’engendre l’annulation ou mieux la déclaration infructueuse du marché y afférent. Car, s’il est difficile d’y affecter des chiffres, il n’en demeure pas moins vrai que le retard pris dans la mise en œuvre effective de cet important chantier qui, outre la décongestion du trafic sur le pont, devrait marginalement améliorer la compétitivité induite de nos produits et contribuer au relèvement substantiel de notre croissance économique globale au su du volume des transactions transitant par ledit ouvrage d’art. Dilution de la crédibilité De même, en confortant la faible consommation des crédits à l’investissement, l’annulation dudit marché s’écarte de fait des objectifs tenant de l’articulation de notre croissance autour de grands projets infrastructurels. Mais tenu qu’il est de fait par l’exigüité de ses ressources financières propres, le Cameroun se confine à quelque suivisme, tout au moins en ce qui concerne la mise en œuvre de ses projets infrastructurels. A croire que pensant les articulations opérationnelles des Grandes Réalisations, on n’y aura guère intégré la capacité de financement qui est la nôtre et qui de fait, nous concéderait la plus grande marge de manœuvre qui soit. Devant les atermoiements ayant caractérisé ledit marché, il ne fait point de doute que la crédibilité induite du gouvernement s’en trouvera fortement érodée auprès des bailleurs de fonds qui, à défaut de durcir leurs conditions dans l’optique de la libération de leur quote-part, pourront simplement remettre à plus tard leurs contributions financières effectives. A preuve, l’immobilisation des fonds débloqués depuis près d’un an par l’Afd n’aura guère profité au Cameroun qui pourtant a un crucial besoin de fonds pour asseoir ses Grandes Réalisations et partant, améliorer son taux de croissance globale. Et dans la foulée, les différentes projections macroéconomiques attachées à la réalisation du 2e pont sur le Wouri n’ont pu être effectives, entraînant ainsi des dysfonctionnements réels dans l’optique de booster aussi bien la croissance que d’agir sur le phénomène du chômage. Car, au-delà des emplois directs et indirects que devrait générer ledit chantier, il s’y serait développé de nombreuses activités connexes à l’instar de la restauration des employés sur ledit chantier ou même des consommations spontanées. Toutes choses qui, agissant sur la consommation globale qui elle-même est un facteur déterminant dans le réinvestissement des ménages, auraient au travers du phénomène multiplicateur suscité des revenus additionnels participant du relèvement vers le haut des conditions de vie des populations. Et mises côte à côte, toutes ces pertes d’opportunités socioéconomiques peuvent donner un cliché simplifié des incidences désastreuses de l’annulation du marché de construction du 2e pont sur le Wouri. |
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