Dans son rapport 2011 présenté à la presse hier, 27 août 2013, la juridiction chargée de juger la comptabilité publique relève des irrégularités dans les comptes de la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam) de sorte que son manager et ses ex- ministres de tutelle soient mis en cause.
La haute juridiction a passé au peigne fin, la gestion de l’entreprise éditrice de Cameroon-tribune pour le compte des exercices 2004 et 2005. Il découle de son rapport d’observation; lequel s’appuie sur l’examen des comptes qu’il existe «une irrégularité sur les opérations de dépenses », avatar d’indemnités mensuelles de carburant illégalement reversées, des libéralités et frais de déplacement injustifiés accordées à diverses personnalités, des paiements indus reversés aux fournisseurs, des fractionnements des marchés. Toutes choses qui conduisent la Chambre des comptes de la Cour suprême à émettre de sérieuses réserves sur la fiabilité des états financiers de la Sopecam.
Dans les faits, la haute chambre souligne pour le regretter l’allocation de frais de carburant d’une valeur de 500 mille Fcfa mensuel au ministre de la Communication qui assure la tutelle de la Sopecam. Pour les deux exercices, la somme irrégulièrement allouée s’élève à 12 500 000Fcfa qui ont été accordés à Jacques Fame Ndongo et Pierre Moukoko Mbonjo respectivement ministre de la Communication en 2004 et 2005. Cette mesure visant ce traitement de faveur avait été prise par le Conseil d’administration de la Sopecam le 21 janvier 2003. Ce qui peut laisser croire que beaucoup plus que les 12 500 000Fcfa ont été reversés au ministre Fame Ndongo avant la période concernée par l’examen des comptes de la Sopecam.
Devoir humanitaire
Dans le même sillage la Chambre des comptes stigmatise les libéralités accordées à feu Paul Tessa, président du conseil d’administration (Pca) de la Sopecam d’environ 17 millions Fcfa au cours du même exercice. Quoique le Dg de la Sopecam explique que ces fonds ont été versés au Pca en vertu du devoir humanitaire, puisqu’ils avaient servi dans le cadre de l’évacuation sanitaire de l’épouse de celui qui deviendra le tout premier président de la Commission nationale anticorruption, la chambre estime que cette dépense, sans fondement juridique, est irrégulière.
Toutes ces irrégularités sont imputées au principal, au service comptable de la Sopecam, étant entendu que la Chambre juge la comptabilité et les comptables et laisse le soin au contrôle supérieur de l’Etat de juger les ordonnateurs de crédits. Mais il demeure que Marie Claire Nnana, directeur général de la Sopecam, a plusieurs fois été interpellée par la haute chambre au sujet des comptes à problèmes. Elle est appelée à s’expliquer en sus, des libéralités et allocations irrégulières accordées, sur les questions du paiement des marchés fractionnés, notamment pour ce qui est des acquisitions de matériels tels que l’achat des papiers accordés à l’entreprise « Apostrophe » sous le plafond de 4.900.000Fcfa préférant ainsi une passation de gré à gré, à la procédure d’appel à concurrence. La Chambre des comptes établit le même constat au sujet du marché d’entretien ou de la fourniture du matériel informatique attribué à la société « Kc Sarl » et « Cauric ». Malgré la réponse du Dg de Sopecam qui évoque d’une part l’urgence des travaux d’imprimerie du quotidien Cameroon-tribune et d’autre part, les difficultés de trésorerie auxquelles faisait face l’entreprise à l’époque, la chambre des comptes juge que ces transactions ont été effectuées en violation de la règlementation.
Pour le reste, la chambre souligne pour le regretter, un accroissement disproportionné des charges du personnel. Mais précise par la voix de Marc Ateba Ombala, son président qu’il s’agit d’éléments constituant une violation des règles. « Nous constatons simplement. Il ne s’agit pas pour nous de qualifier des faits pouvant entraîner la transmission des dossiers au pénal. Ce n’est pas la mission de la chambre », donne-t-il en guise de réponse à une question de journaliste.