Ces directeurs généraux ou poils à gratter de leur hiérarchie : La «tcham» Mekulu Mvondo contre Grégoire Owona qui gagnera ?
Publié le 17-11-2014 | (Yaoundé - Cameroun). Auteur : Christian Lang Repères n°396
© Christian Lang Repères n°396
Ces directeurs généraux ou poils à gratter de leur hiérarchie : La «tcham» Mekulu Mvondo contre Grégoire Owona qui gagnera ?
Ces directeurs généraux ou poils à gratter de leur hiérarchie : La «tcham» Mekulu Mvondo contre Grégoire Owona qui gagnera ?.Les rapports sont presque toujours tendus entre le directeur général des élections et le président du Conseil électoral d’Elecam. Fonkam Azu’u et Sani Tanimou s’opposent régulièrement sur leurs compétences respectives. A la Camair-Co, la collaboration entre Mbotto Edimo (ancien directeur général) et Akame Mfoumou (Pca) était houleuse.Le climat entre Robert Nkili, le ministre du Travail et Mekulu Mvondo Akame, le directeur général de la Cnps, est maussade. « Repères » passe en revue quelques cas d’inimitié larvée entre certains directeurs généraux et leur hiérarchie.Autoritarisme ou insubordination. Le verbe est toujours bien policé au terme des sessions du conseil d’administration des entreprises publiques et parapubliques. Les directeurs généraux sont souvent félicités pour la qualité des documents soumis au conseil. Alors que leur gestion financière est jugée des plus recommandable s. La suite : ils reçoivent quitus de gestion. Mais l’on est souvent effaré d’apprendre des années après que tel DG happé par les serres de l’Epervier a eu des rapports délictuels avec la fortune publique et que sa gestion n’a été qu’une compilation de fautes de gestion et d’actes de distraction de la fortune publique sous le regard approbateur et fantaisiste du conseil d’administration.
Des faits qui trahissent des collusions malencontreuses entre des DG et les membres du conseil. Ce d’autant que la fourchette des avantages pécuniaires est modulable à souhait. L’autre cas de figure est celui de ces directeurs généraux qui insupportent leur hiérarchie technique et leur conseil d’administration, certains estimant que le directeur général d’une entreprise publique n’a qu’un rôle de faire-valoir : il doit valider les recrutements et les dépenses quand bien même les intérêts de l’entreprise sont expédiés au dernier rang des préoccupations. Toute autre orientation managériale est rangée dans le registre des indocilités coupables et punissables. Il devient alors fastidieux de démêler l’écheveau entre une hiérarchie autoritariste et une direction générale insoumise. Mais, quelque soit le bout par lequel l’on tient la ficelle, c’est l’alléchante poule aux oeufs d’or qui est en proie au péril.
MEKULU MVONDO-GRÉGOIRE OWONA : LE MINISTRE ÉCRIT CONTRE LE DG
L’élection des délégués du personnel à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) en avril dernier a fait émerger des divergences entre le ministre du Travail et de la sécurité sociale et le directeur général de la CNPS. Certains délégués du personnel étaient opposés au directeur général.
Des sources internes laissent entendre que les délégués frondeurs bénéficiaient de l’onction du ministre du Travail et de la sécurité sociale. Le directeur général de la CNPS pour sa part estime que le ministre a fait intrusion dans sa sphère de compétence, en voulant imposer des règles du jeu.
La CNPS est la seule entreprise placée sous la tutelle technique du ministère du Travail et de la sécurité sociale. Certaines sources internes affirment que le directeur général aurait suspendu des avantages indus qui étaient régulièrement alloués aux différents ministres du Travail.
Ce qui justifierait l ’exacerbation des tensions observées dans les rapports entre cette entreprise et sa tutelle technique. Le ministre du Travail et de la sécurité sociale a saisi les services du Premier ministre par correspondance le 29 août dernier pour leur fait l’état de la situation de la CNPS. « J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la situation qui prévaut dans cet établissement. En effet, le directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale s’est inscrit dans une logique d’affrontement qui met en péril le climat social et constitue un véritable obstacle à la mise en oeuvre de la politique gouvernementale », écrit le ministre du Travail et de la sécurité. Toutes choses qui peuvent laisser croire que c’est le ministre qui doit gérer cette entreprise et en donner l’orientation selon sa convenance.
Ce d’autant que le ministre du Travail va jusqu’à critiquer le choix managérial du directeur général. Difficile cependant de dire si la critique du ministre du Travail est entièrement technique. Une curiosité tout de même : le ministre du Travail est plus disert sur la situation à la CNPS que le conseil d’administration.
MBOTO EDIMO-AKAME MFOUMOU : LA VITESSE DE CROISIÈRE DE LA BROUILLE
L’espérance de vie de Mboto Edimo à la direction de la Camair-Co n’a pas excédé un an. Juin 2014, Jean-Paul Nana Sandjon est nommé directeur général de la compagnie de transport aérien après une session du conseil d’administration. Des indiscrétions avaient fait savoir à l’époque que le limogeage de Mboto
Edimo n’était que la conséquence des conflits qui ont opposé le directeur général et le président du conseil d’administration, Edouard Akame Mfoumou.
Les rapports entre les deux hommes s’étaient considérablement dégradés depuis septembre 2013 quand Akame Mfoumou a été nommé à la présidence du conseil d’administration de cette entreprise qui tarde à imprimer son empreinte, les couacs et limogeages étant nombreux et récurrents. Voulant s’affirmer comme seul maître à bord, Edouard Akame Mfoumou avait réussi à faire démissionner le prédécesseur de Mboto Edimo, le néerlandais Mathijs Boertien. Le PCA de la Camair-Co, selon des sources, s’est octroyé le pouvoir de convocation des sessions
du conseil d’administration au gré de ses seules humeurs, sans pour autant que ces multiples conciliabules parfois fantaisistes n’aient un impact positif sur les performances de cette compagnie qui est loin d’égaler certaines de ses consoeurs africaines comme Kenya Airways ou Royal Air
Maroc.
Les rapports conflictuels entre Edouard Akame Mfoumou et les directeurs généraux de la compagnie aérienne ne contribuent pas à redresser cette entreprise qui ne s’est jamais bien portée depuis sa création. Certaines langues n’omettent pas souvent de rappeler opportunément que les états de service d’Akame Mfoumou à la défunte Camair n’ont pas de quoi pavoiser.
Au quotidien, des conflits d’intérêt ont souvent été révélés entre le directeur général et le PCA qui se laisse emporter par la tentation d’être le seul pilote à bord, malgré la présence d’un directeur général. Le DG a parfois révélé ne pas avoir de coudées franches, les membres du conseil d’administration étant trop prégnants. Une situation qui n’a pas toujours permis à l’entreprise de mobiliser les financements nécessaires à temps. Frédéric Mboto Edimo avait eu l’outrecuidance de réviser les contrats de location des avions, ce que le PCA n’agréait pas. De même qu’il dénonçait régulièrement et à haute voix les immixtions permanentes du président du conseil d’administration dans la gestion quotidienne de l’entreprise. Le pauvre directeur général sera limogé un an seulement après son arrivée à la direction de cette compagnie de transport aérien.
FONKAM AZU’U - SANI TANIMOU : LE CONFLIT REMPORTE L’ÉLECTION
Les relations sont tendues entre Fonkam Azu’u, le président du Conseil électoral, et Sani Tanimou, le directeur général des élections d’Elecam. Leurs rapports s’assimilent à une éternelle défiance. Dans ce perpétuel combat de gladiateurs, tous les coups sont permis. Illustration :
Lors de la session du conseil électoral du 23 octobre dernier, Samuel Fonkam Azu’u est revenu sur « la crise interne qui perdure à Elections Cameroon, suite au refus du directeur général des élections de procéder à l’installation des délégués régionaux nommés par résolution adoptée à l’unanimité des membres du conseil électoral en date du 09 juillet 2014 ». L’on se souvient que Sani Tanimou, le directeur général des élections, estime que le président du conseil électoral a débordé le seuil de ses compétences. Les textes organiques d’Elections Cameroon prévoient que « les responsables des structures d’appui sont nommés par le directeur général des élections, après approbation du conseil électoral. »
La guerre de compétence régule les rapports entre le directeur général des élections et le président du conseil électoral depuis des années. Des divergences étaient apparentes lors du recrutement du personnel des démembrements d’Elecam en 2009, le directeur général des élections n’appréciant pas l’intrusion du président du conseil électoral dans son champ de compétence.
Au terme de la présidentielle de 2011, certaines sources internes laissaient entendre que les multiples dysfonctionnements ayant émaillé le scrutin n’étaient que le corollaire des inimitiés évidentes entre Samuel Fonkam Azu’u et Mohaman Sani Tanimou. «Toutes les irrégularités observées au cours de l'élection sont le fait de dysfonctionnements internes au sein de l'institution. Une crise existe entre la direction générale et le conseil électoral», affirmait une source interne au lendemain du scrutin d’octobre 2011. L’on n’oublie pas cette lettre qui avait été adressée au Premier ministre chef du gouvernement où le président du conseil électoral et certains membres disaient que «depuis la nomination des principaux responsables d’Elecam il ya bientôt quinze mois, les attitudes affichées et les actes posés par le directeur général des élections démontrent qu’il ne partage pas la vision unitaire de l’organisme et n’est pas disposé à se soumettre au contrôle et à la supervision du conseil électoral. » L’ambiance est de plus en plus délétère.
Les deux camps ont souvent sollicité l’arbitrage du président de la République, Paul Biya, qui, jusque-là, fait la sourde oreille. Entre temps, les deux hauts responsables continuent de s’étriper vigoureusement.
Repères n°396
Copyright © Christian Lang Repères n°396, Yaoundé - Cameroun | 17-11-2014