Le président déchu de la RCA, «en transit au Cameroun» depuis lundi dernier (officiellement), a assisté à une messe au monastère des Bénédictains .
Dieu est généralement considéré comme le dernier recours lorsque l’on a perdu tout espoir. Sans doute, François Bozizé, ex président de la République centrafricaine (RCA), l’a compris, lui qui a été chassé de son fauteuil présidentiel par les rebelles le 24 mars dernier à Bangui. Ce n’est donc pas un fait du hasard si hier, il s’est rendu à la messe au monastère des Bénédictains du Mont Fébé.
Précisément, le jour où la communauté catholique célébrait la Pâques, fête de la résurrection du Christ. Depuis lundi dernier (d’après un communiqué du secrétariat de la présidence), il est «en transit» au Cameroun et attend que ses pairs de la Cémac lui trouvent un pays d’asile. Le nom du Bénin est avancé mais, il «hésite. Le prochain sommet extraordinaire au Tchad éclairera mieux», fait savoir une source proche du dossier. Depuis son arrivée, il loge dans une suite du 8ème étage d’un hôtel de la place.
Celle là même qui a aussi connu le passage en 2003 d’Ange-Félix Patassé, dont la situation était identique à celle de Bozizé dix ans plus tôt. Un tour dans cet établissement hôtelier hier a permis de constater que les uns et les autres continuent à vaquer à leurs occupations. Seul fait qui attire l’attention du visiteur, c’est la présence des éléments de la garde présidentielle au sous sol de cet hôtel.
«On (les équipes: NDLR) se relais toute les 48h», a déclaré l’un. A l’intérieur, il faut être averti pour remarquer que des éléments des renseignements généraux arpentent de temps à autres les couloirs et font des apparitions discrètes dans le hall. «Il (François Bozizé: NDLR) nous stresse déjà beaucoup. Il faut déjà qu’il parte. Comme le président est rentré, il faut qu’il trouve vite une solution», confie un élément à un proche.En effet, c’est une situation aussi difficile pour le Cameroun que pour Bozizé.
«Il peut craquer et sortir. Il ne faut pas oublier qu’il a l’esprit des rebelles. À tout moment, il peut être tenté de s’en fuir et d’aller en Centrafrique. Donc, même nous nous ne sommes pas en sécurité», souffle une source proche du dossier. Elle informe aussi qu’ «il est juste en transit ici. Si Paul Biya veut communiquer avec lui, il envoie un émissaire. Il faut qu’on lui trouve rapidement un pays d’accueil».
D’après des informations recueillies à bonne sources, aucun de ses pairs de la Cémac n’a voulu de lui le 24 mars dernier. Avant d’échoir ici, il a été persona non grata dans plusieurs pays de la sous région. «Deby a refusé de le prendre au téléphone. Sassou aussi. Il est arrivé làbas par hélicoptère. Il y a laissé ses deux épouses et son fils. Mais pour ce qui était de lui-même, il a refusé, tout comme le Gabon. C’est donc où Biya a dit ok, c’est bon, je le prends le temps qu’on lui trouve un pays d’accueil. Mais la patience du Cameroun a ses limites».
À l’heure où nous mettions sous presse, l’on attend toujours que le Bénin se prononce. L’Afrique du Sud était aussi pressentie. Seulement, «les gens sont tristes là-bas avec la maladie de Mandela. En plus, il y a les 13 soldats qui sont morts. Ça fait mal aux Sud-africains», fait savoir notre source. Même le Tchad, son allié de toujours, l’a lâché. «Il n’a écouté personne. On lui a dit de mettre l’opposition dans son gouvernement, question de gérer les trois ans qui lui restait mais, il ne l’a pas fait», explique la source. Notre source pense qu’il serait de bon ton pour le Tchad de l’accueillir car, «il peut décider de le balancer. Il connait tous ses financements occultes.»