Centrafrique - Michel Djotodia : Le chef rebelle devenu président

Centrafrique - Michel Djotodia : Le chef rebelle devenu présidentAncien diplomate, le nouvel homme fort de Bangui était en rébellion depuis 8 ans.

En Afrique, pour devenir rapidement chef de l’Etat, il faut décidément emprunter la voie des armes. Michel Am-Nondokro Djotodia, le président autoproclamé de la République centrafricaine n’a pas dérogé à cette règle. Après avoir engagé dès vendredi dernier une offensive éclair sur Bangui, il a fini par renverser, François Bozizé. Tuant au passage des dizaines de centrafricains et 13 soldats sud-africains, venus dans le cadre de l’application des accords de Libreville en janvier dernier.

L’on sait peu de chose sur cet homme qui revêt depuis vendredi une tenue militaire avec autour de son coup un long ruban, à l’image des Zaghawa de l’Est du Tchad, dont est originaire, Idriss Deby Itno, le président tchadien.  Né en 1949 dans la Vakaga, province de l’Oubangui Chari, Suite aux accords de Libreville en janvier 2013, il devient vice-Premier ministre d'un gouvernement d'union nationale le 2 février 2013. Mais depuis huit ans, il était l’un des principaux leaders de la rébellion dans le pays. D’après les médias français, il est considéré comme un «intellectuel» par les populations du nord-est de la Rca (dont il est originaire), du fait de sa maîtrise de plusieurs langues !

Il avait tenté auparavant une carrière politique, en se présentant deux fois sans succès aux législatives dans la préfecture de Vakaga. Puis il avait épousé une carrière de diplomate - il devient notamment consul de la Rca à Nyala, au Soudan. Une ville où il fait connaissance avec les rebelles tchadiens –alors appuyés par Khartoum- avant de décider de suivre leur exemple. En 2006, il fonde l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (Ufdr), est brièvement arrêté au Bénin puis se réfugie au Sud-Darfour où il bénéficie d’importants soutiens et peut continuer à construire l’armée qui le mènera au pouvoir, sous le regard bienveillant de plusieurs chefs d’État d’Afrique centrale. Car, de nombreux spécialistes affirment qu’il a bénéficié du soutien militaire et financier du Tchad, dont serait originaire une bonne partie de ses troupes.

Sur les zones de Rfi dimanche dernier, alors que des poches de résistances persistent à Bangui, il tente de montrer le visage d’un homme humble et réconciliateur. «Après la déclaration que j’aurai à faire, je pourrai me considérer comme chef d’Etat. (…) Cette victoire n’est pas la mienne, elle est celle du peuple centrafricain. Cela suppose que le peuple centrafricain doit être uni, doit voir l’avenir avec objectivité parce qu’il n’y a pas la paix. Sans la paix, on ne peut rien faire. Maintenant il va falloir ramener la paix, ramener l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire et ce n’est que par ce procédé que l’on peut espérer et essayer de relancer l’économie centrafricaine.». Cependant, l’histoire des rébellions en Afrique montre qu’elles n’ont pas toujours ramené la paix, malgré les discours pacifistes des rebelles aux premières heures de la prise de pouvoir.

© Mutations : Boris Bertolt


27/03/2013
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