Cemac: De nouvelles révélations sur l'affaire Antoine Ntsimi. Ces révélations qui accablent plutot Bozizé
YAOUNDÉ - 09 Avril 2012
© Michel Tefou | La Météo
Selon de hauts fonctionnaires rencontres au siège de la Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique Centrale (Cemac) à Bangui, une affaire d'argent serait au centre de la brouille entre François Bozizé et Antoine Ntsimi.
© Michel Tefou | La Météo
Selon de hauts fonctionnaires rencontres au siège de la Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique Centrale (Cemac) à Bangui, une affaire d'argent serait au centre de la brouille entre François Bozizé et Antoine Ntsimi.
Ainsi, selon des témoignages que nous
avons pu obtenir au siège de la Cemac à Bangui, des hauts fonctionnaires
de cette structure qui ont requis l'anonymat, rien de tout ce qui est
reproché à Antoine Ntsimi par le président centrafricain ne serait
fondé. En effet, l'origine de la brouille entre Antoine Ntsimi et François Bozizé remonte lors de la préparation du sommet de la Cemac qui s'est tenu à Bangui les 15, 16 et 17 janvier 2010.
A cette occasion, selon nos sources, le président centrafricain convoque Antoine Ntsimi dans son palais. En présence de ses collaborateurs, il réclame au président de la Commission de la Cemac une somme de 500 millions de FCFA destinée, selon lui, à la rénovation du Palais de l'Assemblée nationale centrafricaine où les chefs d'Etat de la Cemac devaient être reçus. En outre, François Bozizé revendique 200 millions pour son épouse, aux fins des réceptions à organiser lors de ce sommet.
Le Président de la commission, qui a déjà, à cet instant, une réponse négative, se garde par courtoisie, disent les fonctionnaires de la commission, de l'exprimer à François Bozizé. Il choisit de se donner deux semaines avant de lui expliquer qu'il ne peut accéder à ses demandes. Son refus s'appuie sur les règles de la Cemac qui stipulent que chaque Etat qui accueille un sommet de cette organisation utilise ses fonds de souveraineté pour son organisation.
Depuis lors, assure-t-on au siège de la Commission à Bangui, François Bozizé nourrirait «une haine profonde» à l'endroit d'Antoine Ntsimi. Cela se verra notamment à travers la presse centrafricaine qui va changer de ton à l'endroit du président de la Commission, l'accusant de tous les maux. Comme ce premier stratagème ne suffit pas à ébranler Antoine Ntsimi, les Camerounais auraient été mis à contribution, notamment les journalistes qui sont alors reçus à Bangui d'où ils en repartent plein de consignes et surtout de fric. Ce sont eux qui se chargeront de démolir leur compatriote après l'incident savamment orchestré de l'aéroport de Bangui. Le mot est passé aux autres confrères qui répètent en chœur, «Antoine Ntsimi est arrogant et irrévérencieux à l'endroit du Président centrafricain", "il se prend pour le 7e président de la zone Cemac», «son cortège se compose de plusieurs voitures qui déambulent dans les rues de Bangui». A son tour, Jeune Afrique est mis à contribution et sort du chapeau les dépenses dispendieuses du président de la commission de la Cemac.
Un audit d'ici deux mois.
A Bangui, au siège de la Cemac, on estime que s'agissant de la posture de 7e président qui lui est accolé, Antoine Ntsimi en a les attributions au regard des statuts de la Cemac. Ceux-ci, depuis le passage du secrétaire exécutif au président de la Commission, lui garantissent «indépendance et droit d'injonction» vis-à-vis des Etats membres.
Quant aux dépenses que Jeune Afrique dénonce, la réponse des fonctionnaires de la Cemac est sans équivoque «Nous ne voyons pas de quoi parle ce journal. Ces documents sont-ils authentifiés? Ne sont-ils pas sortis de leur contexte? S'agit-il d'un audit? S'agit-il des dépenses liées au budget de fonctionnement ou plutôt du gaspillage des ressources propres de l'institution? Rien de tout ce que cette mission commandée de François Soudan et Philippe Meyer, qui ont souvent émargé auprès de la Cemac, raconte n'est fondé. Ils auraient été plus crédibles s'il s'agissait d'un audit, à l'image de l'audit institutionnel annuel de la Cemac, prévu chaque année et dont celui de l'année 2011 va démarrer d'ici deux mois».
Au-delà du cas Ntsimi, nos sources soulignent aussi que les deux Camerounais qui ont précédés l'actuel président de la Commission de la Cemac à Bangui ont rencontré des problèmes autrement plus graves sans que cela ne soit autant médiatisé. Thomas Dakayi Kamga, secrétaire exécutif de la Cemac, n'a passé que deux années et demie dans ses fonctions, puis a été démis à l'unanimité des cinq autres Etats de la sous région qui l'accusaient d'inertie et d'incompétence. Il a été débouté par la Cour de justice communautaire à Ndjamena, après avoir saisi cette instance pour se plaindre de la manière dont il a été débarqué. Pour ce qui est de Jean Nkuete, il a été déchargé de ses fonctions à la demande de l'Union Européenne qui lui reprochait d'avoir distrait 2 milliards de FCFA destinés au Programme indicatif national (Pin), au point que l'Union européenne a menacé de mettre un terme à ce financement communautaire. Ainsi donc, la Cemac n'a jamais été un long fleuve tranquille pour le Cameroun.
Dans les prochains jours, le siège de la Commission de la Cemac devrait être déplacé de Bangui pour Brazzaville. Selon nos sources à la commission de la Cemac, ce n’est plus un projet. C’est devenu une urgence depuis quelques jours.
Brazzaville, la capitale congolaise accueillera dans les prochains jours le siège de la commission économique et monétaire d’Afrique centrale. La décision n’attend plus que le sommet des chefs d’Etats de la Cemac, qui aura lieu bientôt pour être entérinée.
L'idée de délocaliser le siège de la Cemac a été initiée par les présidents camerounais et congolais. Selon des responsables de premier plan de cette institution supra nationale, les autres chefs d'Etats, à savoir Ali Bongo Ondimba du Gabon, Idriss Deby du Tchad et Obiang Nguema de la Guinée Equatoriale, ne seraient pas opposés à cette délocalisation.
Une diplomatie discrète et efficace.
L'insécurité qui règne à Bangui en particulier, et en République centrafricaine en général a poussé certains hauts responsables de la Cemac à s'interroger sur le maintien du siège de la Cemac dans ce pays. Et voila que la goutte d'eau qui fait déborder le vase tombe le 21 mars dernier: l'acte d'agression (ou l'incident, selon les convenances des uns et des autres), dont a été victime le président de la Commission de la Cemac, Antoine Ntsimi, et la crainte de voir la récurrence ou l'accentuation de tels actes, est venue conforter l'idée de délocaliser le siège de la Cemac.
Au moment où Antoine Ntsimi est agressé par les forces de l'ordre centrafricaines, sur ordre du président François Bozizé, Paul Biya, comme à son habitude, n'en a pas fait un problème bilatéral. Alors qu'une partie de l'opinion n'a pas hésité à dire de lui qu'il est attentiste, que le Cameroun a une diplomatie de la peur et de la paresse, l'énigmatique Paul Biya a décidé de respecter les voies légales. Et surtout, il a décidé avec ses homologues de lever définitivement l'équivoque Bangui.
A cette occasion, selon nos sources, le président centrafricain convoque Antoine Ntsimi dans son palais. En présence de ses collaborateurs, il réclame au président de la Commission de la Cemac une somme de 500 millions de FCFA destinée, selon lui, à la rénovation du Palais de l'Assemblée nationale centrafricaine où les chefs d'Etat de la Cemac devaient être reçus. En outre, François Bozizé revendique 200 millions pour son épouse, aux fins des réceptions à organiser lors de ce sommet.
Le Président de la commission, qui a déjà, à cet instant, une réponse négative, se garde par courtoisie, disent les fonctionnaires de la commission, de l'exprimer à François Bozizé. Il choisit de se donner deux semaines avant de lui expliquer qu'il ne peut accéder à ses demandes. Son refus s'appuie sur les règles de la Cemac qui stipulent que chaque Etat qui accueille un sommet de cette organisation utilise ses fonds de souveraineté pour son organisation.
Depuis lors, assure-t-on au siège de la Commission à Bangui, François Bozizé nourrirait «une haine profonde» à l'endroit d'Antoine Ntsimi. Cela se verra notamment à travers la presse centrafricaine qui va changer de ton à l'endroit du président de la Commission, l'accusant de tous les maux. Comme ce premier stratagème ne suffit pas à ébranler Antoine Ntsimi, les Camerounais auraient été mis à contribution, notamment les journalistes qui sont alors reçus à Bangui d'où ils en repartent plein de consignes et surtout de fric. Ce sont eux qui se chargeront de démolir leur compatriote après l'incident savamment orchestré de l'aéroport de Bangui. Le mot est passé aux autres confrères qui répètent en chœur, «Antoine Ntsimi est arrogant et irrévérencieux à l'endroit du Président centrafricain", "il se prend pour le 7e président de la zone Cemac», «son cortège se compose de plusieurs voitures qui déambulent dans les rues de Bangui». A son tour, Jeune Afrique est mis à contribution et sort du chapeau les dépenses dispendieuses du président de la commission de la Cemac.
Un audit d'ici deux mois.
A Bangui, au siège de la Cemac, on estime que s'agissant de la posture de 7e président qui lui est accolé, Antoine Ntsimi en a les attributions au regard des statuts de la Cemac. Ceux-ci, depuis le passage du secrétaire exécutif au président de la Commission, lui garantissent «indépendance et droit d'injonction» vis-à-vis des Etats membres.
Quant aux dépenses que Jeune Afrique dénonce, la réponse des fonctionnaires de la Cemac est sans équivoque «Nous ne voyons pas de quoi parle ce journal. Ces documents sont-ils authentifiés? Ne sont-ils pas sortis de leur contexte? S'agit-il d'un audit? S'agit-il des dépenses liées au budget de fonctionnement ou plutôt du gaspillage des ressources propres de l'institution? Rien de tout ce que cette mission commandée de François Soudan et Philippe Meyer, qui ont souvent émargé auprès de la Cemac, raconte n'est fondé. Ils auraient été plus crédibles s'il s'agissait d'un audit, à l'image de l'audit institutionnel annuel de la Cemac, prévu chaque année et dont celui de l'année 2011 va démarrer d'ici deux mois».
Au-delà du cas Ntsimi, nos sources soulignent aussi que les deux Camerounais qui ont précédés l'actuel président de la Commission de la Cemac à Bangui ont rencontré des problèmes autrement plus graves sans que cela ne soit autant médiatisé. Thomas Dakayi Kamga, secrétaire exécutif de la Cemac, n'a passé que deux années et demie dans ses fonctions, puis a été démis à l'unanimité des cinq autres Etats de la sous région qui l'accusaient d'inertie et d'incompétence. Il a été débouté par la Cour de justice communautaire à Ndjamena, après avoir saisi cette instance pour se plaindre de la manière dont il a été débarqué. Pour ce qui est de Jean Nkuete, il a été déchargé de ses fonctions à la demande de l'Union Européenne qui lui reprochait d'avoir distrait 2 milliards de FCFA destinés au Programme indicatif national (Pin), au point que l'Union européenne a menacé de mettre un terme à ce financement communautaire. Ainsi donc, la Cemac n'a jamais été un long fleuve tranquille pour le Cameroun.
Dans les prochains jours, le siège de la Commission de la Cemac devrait être déplacé de Bangui pour Brazzaville. Selon nos sources à la commission de la Cemac, ce n’est plus un projet. C’est devenu une urgence depuis quelques jours.
Brazzaville, la capitale congolaise accueillera dans les prochains jours le siège de la commission économique et monétaire d’Afrique centrale. La décision n’attend plus que le sommet des chefs d’Etats de la Cemac, qui aura lieu bientôt pour être entérinée.
L'idée de délocaliser le siège de la Cemac a été initiée par les présidents camerounais et congolais. Selon des responsables de premier plan de cette institution supra nationale, les autres chefs d'Etats, à savoir Ali Bongo Ondimba du Gabon, Idriss Deby du Tchad et Obiang Nguema de la Guinée Equatoriale, ne seraient pas opposés à cette délocalisation.
Une diplomatie discrète et efficace.
L'insécurité qui règne à Bangui en particulier, et en République centrafricaine en général a poussé certains hauts responsables de la Cemac à s'interroger sur le maintien du siège de la Cemac dans ce pays. Et voila que la goutte d'eau qui fait déborder le vase tombe le 21 mars dernier: l'acte d'agression (ou l'incident, selon les convenances des uns et des autres), dont a été victime le président de la Commission de la Cemac, Antoine Ntsimi, et la crainte de voir la récurrence ou l'accentuation de tels actes, est venue conforter l'idée de délocaliser le siège de la Cemac.
Au moment où Antoine Ntsimi est agressé par les forces de l'ordre centrafricaines, sur ordre du président François Bozizé, Paul Biya, comme à son habitude, n'en a pas fait un problème bilatéral. Alors qu'une partie de l'opinion n'a pas hésité à dire de lui qu'il est attentiste, que le Cameroun a une diplomatie de la peur et de la paresse, l'énigmatique Paul Biya a décidé de respecter les voies légales. Et surtout, il a décidé avec ses homologues de lever définitivement l'équivoque Bangui.