Célestin Djamen : La France ne doit pas recevoir Paul Biya
Le Porte parole du Conseil des Camerounais de la diaspora parle de la
préparation de la prochaine visite du chef de l'Etat en France.
Célestin
Djamen, le Conseil des Camerounais de la diaspora a prévu un
rassemblement à Paris le 21 juillet prochain. De quoi s'agit-il
exactement ?
Il s'agit tout simplement de dire aux Camerounais
de la Diaspora, ceux de l'Intérieur ainsi qu'à la Communauté
internationale que les Camerounais dans leur ensemble disent Non à la
captation de l'Etat par un homme et sa bande, que les Camerounais
disent non à l'arrêt brutal en 1992 du processus démocratique, que les
Camerounais de la Diaspora exigent la reconnaissance de leur droit de
vote tel que garantit par l'article 2 al.3 de la Constitution de 1996.
Nous n'oublions pas bien entendu l'abrogation de la loi du 29 janvier
instituant Elecam et demandons son abrogation pure et simple car Elecam
de par sa composition, garantit la réélection du futur candidat sortant
et non la Transparence électorale.
Concrètement, qu'entendez-vous faire pour attirer l'attention lors de cette visite du chef de l'Etat en France ?
Nous
allons naturellement manifester comme nous l'avons annoncé.
L'itinéraire est connu. Les Camerounais de la diaspora sont massivement
invités à se rassembler à la porte d'Auteuil à Paris ce mardi 21
Juillet à 15h. Par ailleurs nous avons adressé aux autorités d'accueil
des courriers solennels leur demandant de renoncer à recevoir un
autocrate aux mains sales, bourreau de son peuple. La France en
recevant un tel chef d'Etat
cautionne forcément ce régime, ce qui contrevient aux valeurs de Droits de l'Homme qu'elle est sensée symboliser.
Quel
est le niveau de mobilisation qui est celui de la diaspora, dont vous
vous présentez comme porte parole, pour cet événement ?
Plus
élevé que d'habitude. Cette diaspora est très mobilisée comme vous avez
pu le constater sur divers médias. Nous n'avons jamais vu un tel
engouement de mémoire de militant. Des gens se préparent, organisent
des co-voiturages pour converger vers Paris... De nombreuses
délégations sont annoncées par ailleurs notamment celle de Belgique
d'Allemagne et d'Angleterre. Pour le reste nous comptons sur vous les
médias pour relayer cet évènement à sa juste mesure.
On
s'achemine visiblement vers un face à face avec d'autres Camerounais,
au regard de la mobilisation observée dans les rangs du Rdpc en ce
moment pour préparer cette visite. Comment entendez-vous y faire face ?
Vous
savez nous sommes très sereins et nous ne tomberons pas dans le piège
de la provocation. La panique a déjà gagné le camp du Rdpc et pas
seulement des sections extérieures. Ceci est peut-être la preuve que
notre combat pour la démocratie et contre les accapareurs commence à
porter ses fruits.
Une délégation de la section Rdpc de France Nord est au Cameroun en ce moment pour cela.
Elle
peut se rendre au Kurdistan Irakien si elle le souhaite mais çà
n'amoindrira pas notre détermination à faire chavirer le système
corrompu et moyenâgeux qui tyrannise et prend en otage tout un Peuple.
Et surtout çà ne nous dissuadera pas de réserver un "bon" comité
d'accueil lors de la visite de leur idole en berne.
On vous a très peu entendu sur l'affaire dite des biens mal acquis du chef de l'Etat en France.
Çà
fait une dizaine d'années et je pense que je ne suis pas le seul, que
je réclame haut et fort l'application de l'art.66 de la Loi
Fondamentale. M. Biya seul sait pourquoi il ne déclare pas ses biens
conformément à cet article de la Constitution. Cette histoire de "Biens
mal acquis" va certes dans le bon sens mais qu'est-ce qu'elle nous
apprend de nouveau? La racine du mal se trouve dans la non-application
de l'art.66 de la Constitution. Ses propriétés immobilières sur la côte
d'azur et Avenue Foch à Paris, c'est pas nouveau, celles de son fils
Franck le Monégasque à Monaco, sont également connues. Ceux qui me
lisent savent que je me suis régulièrement exprimé sur ce sujet. Sur le
site de mon association www.alternativecameroon.org un article y est
d'ailleurs consacré.
Propos recueillis par Jean Francis Belibi