Célébration du soixantenaire du LGL - Premier Proviseur noir du Lycée Leclerc: Essono Edou, le monument
YAOUNDÉ - 03 Juillet 2012
© Jeanine Fankam | Cameroon Tribune
Premier proviseur noir du Lycée Leclerc, il fut interprète du président de la République.
Le vieil homme reste debout sur ses 86 ans. Il fut le premier Camerounais à prendre les rênes du Lycée Général Leclerc (LGL), 20 ans après les Yves Buytet, Jean Marie Bedoussac, Gilbert Tauveron, Joseph Marie Murat, Guy Levêque, le dernier Blanc. Le défi était grand, mais le nouvel homme avait le profile de l'emploi, lui qui a fait la main ailleurs, en France et au Cameroun. En France, il enseigna au Lycée du Parc à Lyon.
Premier proviseur noir au Cameroun, c'est à Nkongsamba que Daniel Essono Edou expérimente le poste de chef d'établissement. Après avoir remplacé le Français De-lanoe à la tête du CES de la ville, Essono Edou le transforme en Lycée. C'est aussi lui qui crée le lycée de Bafoussam et le lycée de Bertoua d'où il est venu pour le lycée Général Leclerc en 1973.
Le souvenir de son passage au lycée Général Leclerc reste vivace. Le plus grand challenge pour lui était de diriger un établissement à l'effectif astronomique: 12 000 élèves! Avec en son sein, les enfants du président de la République et ceux d'autres personnalités. Essono Edou se souvient de ce matin où un colonel débarque dans son bureau et lui promet de ne pas en sortir tant que son fils n'est pas admis à l'internat. Les textes n'accordaient pas de place à l'internat aux enfants de parents de son rang. Il se souvient du passage d'un autre grand qui venait négocier une place à son enfant, candidat, la veille, au concours d'entrée en 6e. Le parent a trouvé les résultats affichés. L'enfant avait échoué. Il se rappelle avoir débarqué un jour chez un ministre pour se plaindre du retard répété de son épouse, enseignante au lycée.
De son passage au lycée Leclerc, Essono Edou garde le souvenir du proviseur qui a instauré l'uniforme. Il fallait mettre les enfants des grands et ceux des familles modestes au même niveau dans l'enceinte de l'établissement. «Cet uniforme a rendu un service inestimable aux élèves: de solides camaraderies se sont installées», pense-t-il.
Essono Edou prend à cœur-joie, l'hommage à lui rendu à l'occasion de la célébration du soixantenaire du LGL. «Je n'attendais pas que la patrie soit autrement plus reconnaissante». Sa fille, disait déjà que son père apprécie qu'on lui fasse cet hommage de son vivant. Les successeurs de Essono Edou parlent de lui au superlatif. Charles Etoundi parle du plus prestigieux enseignant de l'époque, Augustin Edjoa pense que c'est un monument.
La brillante carrière de Essono Edou a été brisée avec le fameux BEPC session de 1978 avec un certain Adamou Ndam Njoya comme ministre de l'Education nationale. La moyenne nationale étant tombée à 10%, le ministre avait suggéré une session de rattrapage. L'emblématique proviseur n'a pas adhéré à la proposition, sous prétexte que son patron doit assumer ses choix avec l'instauration des notes éliminatoires. Il fut déchu de son poste. Essono Edou est un ancien étudiant de l'Université d'Oxford. Parfait bilingue, il fut l'interprète d'Ahmadou Ahidjo et de Foncha pendant la négociation pour la réunification à la conférence de Foumban. Il fait aussi partie de l'équipe qui négocie à Addis Abeba pour la création de l'Ecole normale supérieure à Yaoundé. Il passe sa retraite dans son village à Ndjazeng, dans le Sud.
© Jeanine Fankam | Cameroon Tribune
Premier proviseur noir du Lycée Leclerc, il fut interprète du président de la République.
Le vieil homme reste debout sur ses 86 ans. Il fut le premier Camerounais à prendre les rênes du Lycée Général Leclerc (LGL), 20 ans après les Yves Buytet, Jean Marie Bedoussac, Gilbert Tauveron, Joseph Marie Murat, Guy Levêque, le dernier Blanc. Le défi était grand, mais le nouvel homme avait le profile de l'emploi, lui qui a fait la main ailleurs, en France et au Cameroun. En France, il enseigna au Lycée du Parc à Lyon.
Premier proviseur noir au Cameroun, c'est à Nkongsamba que Daniel Essono Edou expérimente le poste de chef d'établissement. Après avoir remplacé le Français De-lanoe à la tête du CES de la ville, Essono Edou le transforme en Lycée. C'est aussi lui qui crée le lycée de Bafoussam et le lycée de Bertoua d'où il est venu pour le lycée Général Leclerc en 1973.
Le souvenir de son passage au lycée Général Leclerc reste vivace. Le plus grand challenge pour lui était de diriger un établissement à l'effectif astronomique: 12 000 élèves! Avec en son sein, les enfants du président de la République et ceux d'autres personnalités. Essono Edou se souvient de ce matin où un colonel débarque dans son bureau et lui promet de ne pas en sortir tant que son fils n'est pas admis à l'internat. Les textes n'accordaient pas de place à l'internat aux enfants de parents de son rang. Il se souvient du passage d'un autre grand qui venait négocier une place à son enfant, candidat, la veille, au concours d'entrée en 6e. Le parent a trouvé les résultats affichés. L'enfant avait échoué. Il se rappelle avoir débarqué un jour chez un ministre pour se plaindre du retard répété de son épouse, enseignante au lycée.
De son passage au lycée Leclerc, Essono Edou garde le souvenir du proviseur qui a instauré l'uniforme. Il fallait mettre les enfants des grands et ceux des familles modestes au même niveau dans l'enceinte de l'établissement. «Cet uniforme a rendu un service inestimable aux élèves: de solides camaraderies se sont installées», pense-t-il.
Essono Edou prend à cœur-joie, l'hommage à lui rendu à l'occasion de la célébration du soixantenaire du LGL. «Je n'attendais pas que la patrie soit autrement plus reconnaissante». Sa fille, disait déjà que son père apprécie qu'on lui fasse cet hommage de son vivant. Les successeurs de Essono Edou parlent de lui au superlatif. Charles Etoundi parle du plus prestigieux enseignant de l'époque, Augustin Edjoa pense que c'est un monument.
La brillante carrière de Essono Edou a été brisée avec le fameux BEPC session de 1978 avec un certain Adamou Ndam Njoya comme ministre de l'Education nationale. La moyenne nationale étant tombée à 10%, le ministre avait suggéré une session de rattrapage. L'emblématique proviseur n'a pas adhéré à la proposition, sous prétexte que son patron doit assumer ses choix avec l'instauration des notes éliminatoires. Il fut déchu de son poste. Essono Edou est un ancien étudiant de l'Université d'Oxford. Parfait bilingue, il fut l'interprète d'Ahmadou Ahidjo et de Foncha pendant la négociation pour la réunification à la conférence de Foumban. Il fait aussi partie de l'équipe qui négocie à Addis Abeba pour la création de l'Ecole normale supérieure à Yaoundé. Il passe sa retraite dans son village à Ndjazeng, dans le Sud.