Ce qu’ils pensent de la lettre de la Fifa: Les avis de Joseph Antoine Bell, Roger Milla, Emmanuel Mve, Joseph Mayebi et de Marlène Emvoutou

Douala, 08 avril 2013
© Christian TCHAPMI | Le Messager

«Cette lettre ne doit pas ébranler le Cameroun»

Joseph Antoine Bell, ancien footballeur : «Cette lettre ne doit pas ébranler le Cameroun»

Aujourd’hui, nous sommes prêts à aller montrer à la Fifa en quoi elle se trompe. Elle n’est pas forcément en terrain conquis au Cameroun. Il faudrait savoir que d’autres pays se sont battus contre des préjugés de la Fifa. Donc, il ne faut pas que le Cameroun se sente ébranlé, parce que la Fifa aurait parlé. Ce n’est pas le lieu de m’étendre là-dessus. Mais, je pourrais vous démontrer que la Fifa se contredit dans cette lettre. Et que cette correspondance, manifestement, a été dictée de manière indirecte et qu’il y a eu des influences qui font que ça ne peut pas être la position officielle de la Fifa. Si un ministère dans un pays ne peut pas réguler la pratique d’un sport au sein d’une fédération, et notamment l’accès aux élections, le déroulement des élections, à quoi servirait ce ministère ? A quoi servirait le ministère des Sports s’il ne peut pas parler des textes ? Je voudrais rappeler à tous, mais aussi en direction de la Fifa, que nul ne pourrait être affilié à la Fifa, s’il n’a pas été au préalable agréé par son ministère. Si la Fifa veut réguler les agréments dans les pays, elle deviendrait elle-même, désormais un super pays. Et il faudrait qu’on soit capable de s’élever contre cela et je voudrais d’ores et déjà rappeler, parce que si vous lisez la lettre de la Fifa qui parle de la majorité du Comité exécutif ou de la majorité de l’assemblée, ce qui pour elle signifierait la majorité des Camerounais. Si la Fédération de football appartenait à l’assemblée générale, alors ça se saurait. Donc, je voudrais dire que cette lettre-là, personnellement et pour le Comité (Cocirefca), ne nous ébranle pas. Le Cameroun doit pouvoir faire la loi chez lui. La Fifa attendra que les dirigeants fédéraux camerounais soient des dirigeants élus. Un point, un trait.


Emmanuel Mvé, président du Cocirefca : «Force reviendra au droit»

Notre combat reste celui du premier acteur qui est le footballeur. C’est lui qui devrait bénéficier des fruits du football et non tous ceux-là qui n’ont aucun passé avec le football. Des idées, nous en avons, une vision aussi. Nous avons des choses à proposer. La lettre de la Fifa a été adressée à M. le ministre des sports. Nous ne pouvons pas parler en son nom, et il saura comment répondre. Mais, nous avons un combat : celui du changement, parce que le peuple camerounais en a marre. Et si ces gens de la Fécafoot continuent à vouloir rentrer en force, comme ils le font, à tenir des assemblées dans les chambres et des hôtels, comme c’est le cas, le Cameroun est un Etat souverain. Nous ne pouvons pas parler au nom du Cameroun. Force reviendra au droit. Et puis le Comité national olympique et sportif est au-dessus des fédérations. Par une décision il a donné raison à notre combat. Nous irons le plus loin possible, parce que nous avons des arguments juridiques. Et nulle part, le ministre a voulu s’ingérer. Il a juste demandé une concertation.


Joseph Mayebi, président du Synafoc : «Nous allons répondre à la Fifa»

Il y a un an, j’ai été victime, parce que j’ai défendu Eto’o, en tant que président du Syndicat national des footballeurs, anciennement appelé Afc. Parce que j’ai dit : « non. Le joueur a raison ». Vous trouvez normal qu’un joueur arrive et doit jouer un match amical sans connaître les conditions ? Il ne sait pas quel vol il va prendre. Il se retrouve quelque part alors que nous, les responsables de la Fédération, on est installé dans des chambres d’hôtels et on va parquer les joueurs deux par chambre. Ce qui était peut-être normal, il y a 50 ans, lorsque nous, on jouait. Aujourd’hui, ce n’est plus ça. Moi, je dis non ! Il ne faut pas qu’on accepte cela. L’acteur principal, qui est le joueur, doit mériter toute sa considération. Aujourd’hui, on se plaint de l’Etat. La Fédération, pour qu’on lui donne un agrément, c’est parce qu’elle a une mission de service public. Pourquoi s’empresser à dire que nous devons faire des élections à tout prix ? Quand le ministre dit non, il y a eu des bagarres, pourquoi s’empresser ? C’est la première fois que je vois ça au Cameroun. Dans tous les cas, nous tous, nous travaillons tous les jours à la Fifa. On a pris connaissance de ce courrier. Nous allons répondre à la Fifa. Ne serait-ce que les acteurs du football. Ce n’est pas une affaire de joueurs seulement puisqu’il y a les présidents de clubs qu’on a clochardisés. On s’engage dans un combat. Que la lettre de la Fifa ne vous inquiète pas. On trouvera des solutions avec la Fifa.


Roger Milla, membre du Cocirefca : «Qu’il y ait nettoyage à la Fécafoot»

Que les gens se détrompent. Le Comité citoyen n’a pas de candidat pour être président de la Fédération camerounaise de football. Ça ne nous intéresse pas. Ce que nous sommes en train de faire là, c’est pour tout Camerounais ou Camerounaise qui veut être président de la Fécafoot. La voie est libre. En ce qui me concerne je ne me proposerais jamais comme candidat à la Fécafoot sauf si le chef de l’Etat me le recommande. Nous voulons qu’il y ait un nettoyage à Tsinga (à la Fécafoot, Ndlr) et après tout Camerounais pourra postuler en s’arrimant aux règles. Celui qui sera le meilleur sera le président de la Fédération. Si je voulais être président de la Fédération camerounaise de football, je me serai battu pour l’être depuis longtemps. Donc, nous voulons d’abord balayer, nettoyer notre maison, dégager les toiles d’araignées, les cancrelats et les margouillats, qui sont là-dedans, on sort tout ça. Et après on va demander au Camerounais qui veut que nous retrouvions notre niveau de football de se présenter.


Marlène Emvoutou, candidate à la présidence de la Fécafoot : «La Fécafoot a besoin de sang neuf»

Le football est un sport. Il ne doit pas devenir un instrument de manipulation politique sur lequel des gens s’adossent pour faire n’importe quoi. Ce que nous souhaitons aujourd’hui c’est de définir le profil du prochain président de la Fécafoot. Nous ne voulons plus qu’il ait des accointances avec le politique sinon on est tous hors-jeu. Je viens écouter et profiter de l’expérience des aînés comme S.E. Roger Milla, Joseph Antoine Bell, Emmanuel Mvé ou encore David Mayebi qui ont tous contribué à faire rayonner l’image de marque du Cameroun dans le monde. Je vais rencontrer et rassembler toute la famille du football camerounais. Je voudrais dire aux Camerounais que la Fécafoot a besoin de sang neuf. Pas des personnes qui seraient impliquées dans des affaires louches avec les équipementiers, les sponsors…

Christian TCHAPMI



08/04/2013
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