Ce qui s’est passé hier / Les schémas au centre des discussions
Ce qui s’est passé hier / Les schémas au centre des discussions
(L'intelligent d'Abidjan 29/12/2010)
Elle était attendue. La délégation de haut niveau telle que décidée au dernier sommet de la Cedeao tenu à Abuja le samedi dernier, est arrivée à Abidjan hier. Elle était composée des présidents Boni Yayi du Bénin, Pedro Pires du Cap Vert et Ernest Koroma de Sierra Leone. Après les pressions par voie diplomatique, si Laurent Gbagbo ne cède pas le pouvoir l’usage de la force ne serait pas exclu. Et il revient à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) d’envisager cette option. La mission de la délégation de haut niveau avait donc pour but de faire savoir à l’intéressé cette décision de ses pairs. En tout cas, c’est ce que laissent croire les résolutions dudit sommet. Boni Yayi, Pedro Pires et Ernest Koroma sont arrivés au Palais présidentiel d’Abidjan Plateau à 13 h 50 pour rencontrer Laurent Gbagbo. Avant Laurent Gbagbo, il ont eu un échange avec Choi de l’ONUCI. Au terme d’un entretien qui a duré environ trois heures d’horloge, le francophone de la délégation le Président Boni Yayi a eu cette phrase à l’endroit de la presse qui s’est fortement mobilisé. ‘’Tout s’est bien passé’’, a-t-il dit, tout sourirant avant de s’enfermer dans son véhicule. Ernest Baï Koroma et Pedro pires sont restés quant à eux muets. ‘’Non, non pas de déclaration messieurs’’ a pour sa part dit Pedro Pires. La délégation s’est ensuite rendue au Golf Hôtel où se trouve Alassane Ouattara, donné vainqueur par la Cei. L’entretien avec Ouattara s’est achevé aux environs de 20h30. Avant de quitter Abidjan, ils sont repartis voir Laurent Gbagbo. Les envoyés de la Cedeao ont donc privilégié d’écouter les arguments des deux camps quitte à eux de rendre compte à la réunion de crise qui a lieu aujourd’hui à Abuja au Nigéria. Après cette réunion, les trois Chefs d’Etats reviennent à Abidjan ce jeudi pour un autre round de discussion
Sylvain Débailly
Les schémas au centre des discussions
La Côte d’Ivoire on le sait, vit une crise sans précédent depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle. Quelqu’un a dit : ‘’les ivoiriens ont tellement prié pour la paix si bien que pour exaucer leurs vœux, Dieu leur a donné deux présidents’’. Deux présidents, une situation inédite en Côte d’Ivoire et partout ailleurs. Il faut pourtant trouver une solution à cette situation inconfortable. Dans les coulisses, outre les scenarii du chaos, des schémas sont à l’étude pour juguler cette énième crise qui risque d’emporter le navire ivoire dans les décombres si rien n’est fait. Gbagbo, acculé par la pression internationale, et dans ‘’l’intérêt supérieur’’ de la nation, accepte de passer la main à son adversaire Alassane Ouattara. Dans ce cas, le nouveau locataire ne devrait pas tout de suite crier victoire parce qu’il devra s’attendre au revers de la médaille avec la pression des partisans de Laurent Gbagbo civils comme militaires. Il faut donc une sortie honorable à Laurent Gbagbo. Les sanctions internationales doivent être levées. La garantie d’une vie paisible pour lui et ses proches devrait être envisagée. Il faudrait également à l’image des présidents retraités lui trouver un rôle à jouer dans la sous-région ou dans le monde à condition l’intéressé lui-même ne veuille pas s’en accommoder, préférant aller écrire ses mémoires à Mama son village natal. C’est l’inverse des schémas zimbabwéen et kenyan. Avec Ouattara Président et Gbagbo ou quelqu’un de son camp, Premier ministre
Sylvain Débailly
Cheick Hamidou à Jeune Afrique - ‘’Il est décevant que l’intellectuel Gbagbo n’ait su échapper à la tentation de s’accrocher au pouvoir’’
L'écrivain africain cheik Hamidou Kane a accordé une interview à Jeune Afrique de cette semaine. Interrogé sur la crise ivoirienne, voici sa réponse : « La crise en Cote d’Ivoire suscite chez moi, à la fois, déception et satisfaction. La déception résulte d’une nouvelle manifestation de la crise de leadership qui touche les élites politiques africaines modernes. Il est décevant que Laurent Gbagbo, qui appartient au petit nombre d’intellectuel arrive à la tête d’un Etat, qui fut un militant, un opposant de la première heure au pouvoir personnel d’Houphouët-Boigny et un partisan de l’unité africaine, n'ait ni évité d’instrumentaliser les appartenances ethniques des électeurs, ni su échapper à la tentation de s’accrocher au pouvoir malgré le verdict des urnes. En félicitant Alassane Ouattara d’avoir été choisi par la majorité du peuple ivoirien, on peut lui souhaiter de garder la tenue et la retenue dont il a fait preuve pendant la campagne et après cette victoire outrageusement contestée par son adversaire. On doit surtout l adjurer de restituer à son pays le rôle d acteur pivot de l'intégration économique, financière, culturelle et politique de l'Afrique. Il faut tourner le dos à la balkanisation voulue et consacrée par Houphouët, a l’ivoirite et a tout ce qui maintient les divisions héritées de la colonisation. Les ivoiriens, comme les Guinéens, sont allés aux urnes dans la discipline et la paix. Ils ont résiste aux démons de l’instrumentalisation a des fins politiques, de leur appartenance ethnique ou religieuse, et cela après des décennies pendant lesquelles ils ont été privés de la possibilité d’exprimer leurs choix.
In Jeune Afrique N°2607-2608 du 26 décembre 2010.
J.A
(L'intelligent d'Abidjan 29/12/2010)
Elle était attendue. La délégation de haut niveau telle que décidée au dernier sommet de la Cedeao tenu à Abuja le samedi dernier, est arrivée à Abidjan hier. Elle était composée des présidents Boni Yayi du Bénin, Pedro Pires du Cap Vert et Ernest Koroma de Sierra Leone. Après les pressions par voie diplomatique, si Laurent Gbagbo ne cède pas le pouvoir l’usage de la force ne serait pas exclu. Et il revient à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) d’envisager cette option. La mission de la délégation de haut niveau avait donc pour but de faire savoir à l’intéressé cette décision de ses pairs. En tout cas, c’est ce que laissent croire les résolutions dudit sommet. Boni Yayi, Pedro Pires et Ernest Koroma sont arrivés au Palais présidentiel d’Abidjan Plateau à 13 h 50 pour rencontrer Laurent Gbagbo. Avant Laurent Gbagbo, il ont eu un échange avec Choi de l’ONUCI. Au terme d’un entretien qui a duré environ trois heures d’horloge, le francophone de la délégation le Président Boni Yayi a eu cette phrase à l’endroit de la presse qui s’est fortement mobilisé. ‘’Tout s’est bien passé’’, a-t-il dit, tout sourirant avant de s’enfermer dans son véhicule. Ernest Baï Koroma et Pedro pires sont restés quant à eux muets. ‘’Non, non pas de déclaration messieurs’’ a pour sa part dit Pedro Pires. La délégation s’est ensuite rendue au Golf Hôtel où se trouve Alassane Ouattara, donné vainqueur par la Cei. L’entretien avec Ouattara s’est achevé aux environs de 20h30. Avant de quitter Abidjan, ils sont repartis voir Laurent Gbagbo. Les envoyés de la Cedeao ont donc privilégié d’écouter les arguments des deux camps quitte à eux de rendre compte à la réunion de crise qui a lieu aujourd’hui à Abuja au Nigéria. Après cette réunion, les trois Chefs d’Etats reviennent à Abidjan ce jeudi pour un autre round de discussion
Sylvain Débailly
Les schémas au centre des discussions
La Côte d’Ivoire on le sait, vit une crise sans précédent depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle. Quelqu’un a dit : ‘’les ivoiriens ont tellement prié pour la paix si bien que pour exaucer leurs vœux, Dieu leur a donné deux présidents’’. Deux présidents, une situation inédite en Côte d’Ivoire et partout ailleurs. Il faut pourtant trouver une solution à cette situation inconfortable. Dans les coulisses, outre les scenarii du chaos, des schémas sont à l’étude pour juguler cette énième crise qui risque d’emporter le navire ivoire dans les décombres si rien n’est fait. Gbagbo, acculé par la pression internationale, et dans ‘’l’intérêt supérieur’’ de la nation, accepte de passer la main à son adversaire Alassane Ouattara. Dans ce cas, le nouveau locataire ne devrait pas tout de suite crier victoire parce qu’il devra s’attendre au revers de la médaille avec la pression des partisans de Laurent Gbagbo civils comme militaires. Il faut donc une sortie honorable à Laurent Gbagbo. Les sanctions internationales doivent être levées. La garantie d’une vie paisible pour lui et ses proches devrait être envisagée. Il faudrait également à l’image des présidents retraités lui trouver un rôle à jouer dans la sous-région ou dans le monde à condition l’intéressé lui-même ne veuille pas s’en accommoder, préférant aller écrire ses mémoires à Mama son village natal. C’est l’inverse des schémas zimbabwéen et kenyan. Avec Ouattara Président et Gbagbo ou quelqu’un de son camp, Premier ministre
Sylvain Débailly
Cheick Hamidou à Jeune Afrique - ‘’Il est décevant que l’intellectuel Gbagbo n’ait su échapper à la tentation de s’accrocher au pouvoir’’
L'écrivain africain cheik Hamidou Kane a accordé une interview à Jeune Afrique de cette semaine. Interrogé sur la crise ivoirienne, voici sa réponse : « La crise en Cote d’Ivoire suscite chez moi, à la fois, déception et satisfaction. La déception résulte d’une nouvelle manifestation de la crise de leadership qui touche les élites politiques africaines modernes. Il est décevant que Laurent Gbagbo, qui appartient au petit nombre d’intellectuel arrive à la tête d’un Etat, qui fut un militant, un opposant de la première heure au pouvoir personnel d’Houphouët-Boigny et un partisan de l’unité africaine, n'ait ni évité d’instrumentaliser les appartenances ethniques des électeurs, ni su échapper à la tentation de s’accrocher au pouvoir malgré le verdict des urnes. En félicitant Alassane Ouattara d’avoir été choisi par la majorité du peuple ivoirien, on peut lui souhaiter de garder la tenue et la retenue dont il a fait preuve pendant la campagne et après cette victoire outrageusement contestée par son adversaire. On doit surtout l adjurer de restituer à son pays le rôle d acteur pivot de l'intégration économique, financière, culturelle et politique de l'Afrique. Il faut tourner le dos à la balkanisation voulue et consacrée par Houphouët, a l’ivoirite et a tout ce qui maintient les divisions héritées de la colonisation. Les ivoiriens, comme les Guinéens, sont allés aux urnes dans la discipline et la paix. Ils ont résiste aux démons de l’instrumentalisation a des fins politiques, de leur appartenance ethnique ou religieuse, et cela après des décennies pendant lesquelles ils ont été privés de la possibilité d’exprimer leurs choix.
In Jeune Afrique N°2607-2608 du 26 décembre 2010.
J.A
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