Ce que Ouattara réserve à Blé Goudé
Extradé par le Ghana en janvier dernier, Charles Blé Goudé s’est vu notifié de nombreux chefs d'accusation,
entre autres, de crimes de guerre, d'assassinats, 'atteinte à la sûreté
de l'Etat et de vols de deniers publics en réunion. Une dernière note
du procureur de la République, à propos de Charles Blé Goudé, démontre
la précipitation du régime dans la traque aux pro-Gbagbo.
«Réquisitions
: Nous, Adou Richard Christophe, le procureur de la République près le
tribunal de première instance d’Abidjan Plateau ; vu les articles 33 et
74 de la loi n°60-366 du 14 novembre 1960 portant institution d’un code
de procédure pénale ; vu l’urgence ; prions et, au besoin, requérons
Monsieur le directeur général des Impôts ; à l’effet de : bien vouloir
nous communiquer sans délai une copie de tout fichier ou extrait des
impôts relatif à la situation fiscale de Charles Blé Goudé ; pour
ensuite nous faire un rapport écrit sur ces constatations», écrit le parquet au DG des impôts, le 25 juillet 2013.
A son tour, le DG des impôts, par le biais de son adjoint Claver N. N’Cho, adresse
une note de service, le 2 août 2013, aux différentes directions
rattachées, notamment à leur premier responsable, le directeur des
Opérations d’assiettes, à celui du Cadastre, du Domaine, de la Conservation foncière, de l’enregistrement et du timbre, pour leur exiger la «situation fiscale de Charles Blé Goudé.» A cet effet, il écrit : «Par
réquisitions n°905/CF/PR-AP/TPI du 25 juillet, le procureur de la
République près le tribunal de première instance d’Abidjan Plateau nous a
saisi à l’effet de lui communiquer une copie de tout fichier ou extrait
des impôts relatif à la situation fiscale de Charles Blé Goudé, et lui
faire un rapport écrit sur ces constatations. Aussi, vous voudriez bien
me faire parvenir en toute diligence les éléments requis.»
Charles Blé Goudé inculpé et placé sous mandat de dépôt, après son extradition,
la justice ivoirienne qui, jusqu’à présent ne donne aucune précision
sur son lieu de détention, cherche inlassablement des preuves à charge
pour justifier son maintien en captivité. Le juge d’instruction en
charge du dossier passe au peigne fin les différents chefs d’accusation.
Les enquêtes s’enchainent sans donner, selon des sources crédibles, de
résultats probants.
La dernière trouvaille, c’est désormais le motif de crimes
économiques. Se basant sur des allégations de journaux proches du régime
Ouattara, selon lesquels Charles Blé Goudé se faisait grassement
entretenir par la présidence de la République, des sociétés d’Etat à
hauteur de centaines de millions Fcfa, et se serait également rendu
coupable de «vols de deniers publics» durant la crise post-électorale, le procureur de la République Adou Richard Christophe espère y trouver de la matière.
Sur ce coup, il n’est pas
à sa première réquisition. La première, selon une source proche du
dossier, n’avait pas suscité d’intérêt au niveau de la direction
générale des Impôts. En outre, le président du Cojep, ayant côtoyé le
monde des affaires, notamment
avec son entreprise Leader’s team sous le régime du président Laurent
Gbagbo, certaines indiscrétions révèlent également que cette réquisition
du procureur de la République sur la «situation fiscale de Charles Blé Goudé»
vise à faire l’inventaire de la régularité fiscale de cette structure
et bien d’autres s’il en possédait encore. Dans le cadre d'une procédure
judiciaire qui a été ouverte contre lui, le régime Ouattara tente
également d’inculper l’ancien ministre Charles Blé Goudé de «crimes économiques».
Gilles Naismon