Au centre d’un procès pour attentisme, le chef de l’Etat est annoncé cette semaine dans le grand Nord.Paul Biya n’est pas Macky Sall. Informé des inondations dans son pays, le président sénégalais a écourté sa visite privée en Afrique du Sud le 28 août dernier. Dans la foulée, le gouvernement sénégalais a lancé le plan d'organisation des secours (Orsec) afin de mobiliser des moyens financiers et matériels sur l'ensemble du territoire.
Pendant ce temps, alors que la montée des eaux faisait déjà des morts et des dégâts matériels dans le Nord, l’Extrême Nord et la localité de Doumé, région de l’Est, le chef de l’Etat, Paul Biya est en «court séjour privé» en Europe. Lorsqu’il regagne triomphalement (en compagnie de son épouse) le pays le 10 septembre, soit plus de trois semaines après le début des inondations, le président de la République se paye encore quatre jours avant d’ordonner le déblocage de 1,5 milliards Fcfa pour faire face au sinistre et prévenir une éventuelle catastrophe du même genre. Jusqu’au bouclage de cette édition, le locataire du palais de l’Unité n’avait toujours pas adressé de message de condoléances aux familles éplorées.
Entre-temps, l’allocation de 30 millions Fcfa aux sinistrés, les descentes du ministre de l’Administration territoriale, des élites locales et du Rdpc n’ont pas suffit à désamorcer la crise, qui a déjà laissé sur le carreau une vingtaine de personnes et engendré une déferlante de déplacés. Avec la visite annoncée de Paul Biya dans les régions du Nord et de l’Extrême Nord, «l’impair» sera-t-il réparé ?
Cela dit, en remontant le fil de l’Histoire, le chef de l’Etat semble avoir toujours réagi avec plus ou moins de promptitude face aux catastrophes. Florilège : Le 21 août 1986, 1746 personnes périssent du fait d’émanations de gaz toxiques venues des profondeurs du lac Nyos. Le président Biya se rend sur le site quelques jours après la tragédie et supervise la distribution de l’aide internationale au sinistrés ; au point où le Minat de l’époque, Jean Marcel Mengueme, sera limogé après la disparition de cargaisons de médicaments et de denrées alimentaires offerts par des pays amis. En 1987, une conférence internationale se tient à Yaoundé pour déterminer les causes de la catastrophe de Nyos et élaborer des mesures préventives. Depuis janvier 2001, l’opération de dégazage du lac est en cours.
3 décembre 1995. Le Boieng 737-200 de la Camair s’écrase dans la mangrove de Youpwé avec 78 personnes à bord. Au lendemain du crash, le chef de l’Etat, étreint par l’émotion collective, assiste personnellement à la veillée organisée à l’aéroport de Douala en la mémoire des disparus. Même si les raisons de ce crash ne seront jamais connues du grand public en dépit de la commission d’enquête mise sur pied.
Radars
26 janvier 2003. 32 morts des suites d’un accident de la circulation à Ebombé sur l’axe routier Yaoundé-Douala. Le même jour, dans la soirée, le président de la République et le Premier ministre adressent les condoléances du gouvernement aux familles des victimes. Après quoi, le ministre des Transports d’alors, John Begheni Ndeh procède à la suspension des deux agences de voyages impliqués dans l’hécatombe.
Le cas Mbanga-Pongo, où s’est produit le 5 mai 2007 le crash d’un avion de Kenya Airways, retient également l’attention. Au rayon des messages de condoléances aux familles des 114 morts, Paul Biya est devancé par nombre de ses homologues étrangers. En déplacement dans son fief du Mayo-Kani, pour des raisons de campagne électorale des législatives, le ministre des Transports d’alors, Dakolé Daïssala, met en mission son secrétaire d’Etat, Badel Ndanga Ndinga, sur le site. La localisation de l’épave de l’appareil, à 5 km de l’aéroport international de Douala, prendra plus de 72h, faute de radars de surveillance…