Candidatures au Sénat: La Cour suprême va-t-elle sauver le RDPC ?
DOUALA - 22 MARS 2013
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
La haute juridiction du pays sera saisie ce jour d’une flopée de recours visant à infirmer le rejet des listes de candidature au Sénat faite par Elecam. Parmi les requérants, figure en bonne place le parti de Paul Biya qui compte dans ses rangs le gros des cadres de l’administration au Cameroun.
Comme nous l’indiquions dans notre édition du 20 mars 2013, si les listes des candidatures publiées par Elecam restent telles quelles, le Rdpc perd 28 sièges de sénateur sur les 70 en jeu avant même la date du scrutin. Bien plus, le parti du flambeau ne compterait aucun sénateur dans ses bastions historiques de l’Est, de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua, en sus de la très convoitée région de l’Ouest. Ce qui relève de l’impensable. Puisqu’il est difficile d’admettre que les sénatoriales se tiennent le 14 avril 2013 sans aucun candidat du parti de Paul Biya à l’Est. Et même d’aucun autre parti simplement. Car seul le Rdpc avait postulé dans cette région.
L’état-major du parti du flambeau l’a certes compris, elle qui prépare depuis hier, un recours à introduire ce jour (délai légal) à la Cour suprême. Le Rdpc compte proposer à la haute juridiction de remplacer Louis Aimé Belekou, seulement âgé de 39 ans par un autre postulant à l’investiture du parti. Tout comme le remplacement de Mourad Fayçal dans l’Extrême Nord à défaut de prouver qu’il est effectivement d’origine camerounaise. Le Rdpc compte procéder de façon analogue en produisant l’attestation d’inscription sur la liste électorale du candidat suppléant Ngoa Jacques dont le défaut de présentation de cette pièce a conduit à la disqualification de toute la liste dans l’Adamaoua. Ou encore entend-il faire établir un nouveau bulletin n°3 du casier judiciaire de Bernadette Djeudo à l’Ouest. Tout ceci conformément aux dispositions des articles 127 à 131 du code électoral qui permet au Conseil constitutionnel de les accepter.
Inéligibilité
Mais tout ceci ne sera qu’une requête qui doit d’abord être jugée recevable par la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel avant tout débat au fond. Le Rdpc est donc suspendu à la décision d’Alexis Dipanda Mouelle et de ses pairs, lesquels pourront confirmer le rejet des listes du Rdpc ou les infirmer à demandant même le jour de l’audience de compléter les pièces manquantes ou incorrectes. Autant qu’elle devra statuer sur l’inéligibilité des candidats épinglés dans l’Extrême-Nord (pour les questions de nationalité) et à l’Est (pour les questions d’âge). Au finish, si la Cour suprême entérine les décisions du Conseil électoral, on devrait s’en tenir à la donne du 20 mars 2013. Dans tous les cas, la haute juridiction ne dispose que de dix jours pour se prononcer sur les recours du Rdpc, mais aussi éventuellement ceux du Sdf, de l’Undp, les Upc, le Mdr, et le Fsnc qui y réfléchissait durant toute la journée d’hier.
Mais encore faut-il que le Rdpc fasse effectivement les recours comme il l’a laissé croire. Car bien d’observateurs envisagent qu’en dehors de l’Est où il ne comptait pas de challenger au départ, le parti au pouvoir pourrait bien abandonner la course dans l’Adamaoua (au profit du Sdf et de l’Undp allié du parti du flambeau), dans l’Extrême Nord (au profit du Mdr un vieux compagnon qui pourra faire recours à la Cour suprême) et à l’Ouest (au profit du Sdf et de l’Udc) en se soumettant à la résolution du Conseil électoral d’Elecam. Ce qui sonnerait comme un écho du fameux deal secret passé entre le Chairman du Sdf et le directeur du cabinet de la présidence de la République le 7 mars 2013. On s’imagine dans les salons de Yaoundé que le fin mot de ce pacte dit de non-agression consistait à céder quelques strapontins au parti de la balance contre sa promesse d’aller aux élections. Tout comme le parti du flambeau l’aurait fait avec l’Udc qui jurait ne pas participer au scrutin s’il se tenait avant de nouvelles municipales avant d’opérer un revirement spectaculaire. Les deux formations politiques (le Sdf et l’Udc) pourraient ainsi se partager les sièges dans la région de l’Ouest où le Rdpc est (provisoirement) disqualifié.
En tout cas, les jours à venir seront déterminants pour la bataille préélectorale qui est à tous égards plus âpre que l’élection elle-même. La nature des recours des partis politiques, leur traitement par la Cour suprême qui a du mal à convaincre sur son indépendance déterminera la suite des évènements. A contrario, si ce n’est pas au nom de ce deal que le Rdpc a tenté de céder quelques places à l’opposition dans le but de crédibiliser les sénatoriales, les barons du Rdpc devront compter sur un autre « geste » d’Alexis Dipanda Mouelle. La compétition des sénatoriales se joue ainsi avant le jour officiel du « match ».
Rodrigue N. TONGUE
Brèves
(1)L’Extrême-Nord et l’Est sans candidats
Si la résolution du Conseil électoral est confirmée dans sa globalité par le Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel, il n’y aura aucun candidat au départ du scrutin du 14 avril prochain dans les régions de l’Est et de l’Extrême-nord. La seule liste (celle du Rdpc) enregistrée dans la région du soleil couchant est frappée d’irrégularité. A l’Extrême-nord, le Mdr, l’Andp, l’Undp, l’Upc et le Rdpc tous postulants ont été recalés. Est attendu, l’arbitrage de la Cour suprême que les recalés entendent saisir.
(2) Les trois Upc recalées
Pour le compte de ce parti politique, trois factions ont concurremment présenté des listes de candidats à l’élection des sénateurs. Mais du fait de la multiplicité de ces factions, aucun bureau directeur de l’Upc n’a été jusque-là reconnu selon le ministère en charge de l’administration territoriale. Elecam a donc décidé d’écarter toutes les listes investies par le parti du crabe. En effet, au nom de l’Upc, trois tendances avaient présenté neuf listes au total dont deux concurrentes dans le Littoral et trois dans le Centre. Aucune d’elle, avec les listes présentées ailleurs, n’a été validée par Elecam. Toutes les trois factions promettent des recours à la Cour suprême.
(3) L’Udc satisfaite
Le Vice-président national de l’Udc, Christophe Ndeuhela qui a rendu visite au Messager estime que lorsqu’on regarde les motifs de rejet, on se rend compte de tout le sérieux que le Conseil électoral a pris pour examiner chaque dossier. Dossiers de titulaires, dossiers de suppléants. Ce qui est un mérite pour le Conseil. « Nous attendons tout simplement que la direction générale des élections face pareil, pour garantir aux Camerounais des élections libres, justes et transparentes, parce que si la direction générale, qui conduit les opérations électorales, fait du travail sérieux, comme le conseil a eu à le faire dans l’examen des dossiers de candidature, nous osons espérer que, les Camerounais auront des élections libres, justes et transparentes », ajoute-t-il. Le camarade de Ndam Njoya souhaite par ailleurs que, puisque les élections sénatoriales sont un scrutin indirect, les grands électeurs fassent preuve de patriotisme, ne se laissent pas enfermés dans les carcans de ces disciplines de parti, parce que la liberté s’acquiert, elle ne se donne pas.
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
La haute juridiction du pays sera saisie ce jour d’une flopée de recours visant à infirmer le rejet des listes de candidature au Sénat faite par Elecam. Parmi les requérants, figure en bonne place le parti de Paul Biya qui compte dans ses rangs le gros des cadres de l’administration au Cameroun.
Comme nous l’indiquions dans notre édition du 20 mars 2013, si les listes des candidatures publiées par Elecam restent telles quelles, le Rdpc perd 28 sièges de sénateur sur les 70 en jeu avant même la date du scrutin. Bien plus, le parti du flambeau ne compterait aucun sénateur dans ses bastions historiques de l’Est, de l’Extrême Nord et de l’Adamaoua, en sus de la très convoitée région de l’Ouest. Ce qui relève de l’impensable. Puisqu’il est difficile d’admettre que les sénatoriales se tiennent le 14 avril 2013 sans aucun candidat du parti de Paul Biya à l’Est. Et même d’aucun autre parti simplement. Car seul le Rdpc avait postulé dans cette région.
L’état-major du parti du flambeau l’a certes compris, elle qui prépare depuis hier, un recours à introduire ce jour (délai légal) à la Cour suprême. Le Rdpc compte proposer à la haute juridiction de remplacer Louis Aimé Belekou, seulement âgé de 39 ans par un autre postulant à l’investiture du parti. Tout comme le remplacement de Mourad Fayçal dans l’Extrême Nord à défaut de prouver qu’il est effectivement d’origine camerounaise. Le Rdpc compte procéder de façon analogue en produisant l’attestation d’inscription sur la liste électorale du candidat suppléant Ngoa Jacques dont le défaut de présentation de cette pièce a conduit à la disqualification de toute la liste dans l’Adamaoua. Ou encore entend-il faire établir un nouveau bulletin n°3 du casier judiciaire de Bernadette Djeudo à l’Ouest. Tout ceci conformément aux dispositions des articles 127 à 131 du code électoral qui permet au Conseil constitutionnel de les accepter.
Inéligibilité
Mais tout ceci ne sera qu’une requête qui doit d’abord être jugée recevable par la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel avant tout débat au fond. Le Rdpc est donc suspendu à la décision d’Alexis Dipanda Mouelle et de ses pairs, lesquels pourront confirmer le rejet des listes du Rdpc ou les infirmer à demandant même le jour de l’audience de compléter les pièces manquantes ou incorrectes. Autant qu’elle devra statuer sur l’inéligibilité des candidats épinglés dans l’Extrême-Nord (pour les questions de nationalité) et à l’Est (pour les questions d’âge). Au finish, si la Cour suprême entérine les décisions du Conseil électoral, on devrait s’en tenir à la donne du 20 mars 2013. Dans tous les cas, la haute juridiction ne dispose que de dix jours pour se prononcer sur les recours du Rdpc, mais aussi éventuellement ceux du Sdf, de l’Undp, les Upc, le Mdr, et le Fsnc qui y réfléchissait durant toute la journée d’hier.
Mais encore faut-il que le Rdpc fasse effectivement les recours comme il l’a laissé croire. Car bien d’observateurs envisagent qu’en dehors de l’Est où il ne comptait pas de challenger au départ, le parti au pouvoir pourrait bien abandonner la course dans l’Adamaoua (au profit du Sdf et de l’Undp allié du parti du flambeau), dans l’Extrême Nord (au profit du Mdr un vieux compagnon qui pourra faire recours à la Cour suprême) et à l’Ouest (au profit du Sdf et de l’Udc) en se soumettant à la résolution du Conseil électoral d’Elecam. Ce qui sonnerait comme un écho du fameux deal secret passé entre le Chairman du Sdf et le directeur du cabinet de la présidence de la République le 7 mars 2013. On s’imagine dans les salons de Yaoundé que le fin mot de ce pacte dit de non-agression consistait à céder quelques strapontins au parti de la balance contre sa promesse d’aller aux élections. Tout comme le parti du flambeau l’aurait fait avec l’Udc qui jurait ne pas participer au scrutin s’il se tenait avant de nouvelles municipales avant d’opérer un revirement spectaculaire. Les deux formations politiques (le Sdf et l’Udc) pourraient ainsi se partager les sièges dans la région de l’Ouest où le Rdpc est (provisoirement) disqualifié.
En tout cas, les jours à venir seront déterminants pour la bataille préélectorale qui est à tous égards plus âpre que l’élection elle-même. La nature des recours des partis politiques, leur traitement par la Cour suprême qui a du mal à convaincre sur son indépendance déterminera la suite des évènements. A contrario, si ce n’est pas au nom de ce deal que le Rdpc a tenté de céder quelques places à l’opposition dans le but de crédibiliser les sénatoriales, les barons du Rdpc devront compter sur un autre « geste » d’Alexis Dipanda Mouelle. La compétition des sénatoriales se joue ainsi avant le jour officiel du « match ».
Rodrigue N. TONGUE
Brèves
(1)L’Extrême-Nord et l’Est sans candidats
Si la résolution du Conseil électoral est confirmée dans sa globalité par le Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel, il n’y aura aucun candidat au départ du scrutin du 14 avril prochain dans les régions de l’Est et de l’Extrême-nord. La seule liste (celle du Rdpc) enregistrée dans la région du soleil couchant est frappée d’irrégularité. A l’Extrême-nord, le Mdr, l’Andp, l’Undp, l’Upc et le Rdpc tous postulants ont été recalés. Est attendu, l’arbitrage de la Cour suprême que les recalés entendent saisir.
(2) Les trois Upc recalées
Pour le compte de ce parti politique, trois factions ont concurremment présenté des listes de candidats à l’élection des sénateurs. Mais du fait de la multiplicité de ces factions, aucun bureau directeur de l’Upc n’a été jusque-là reconnu selon le ministère en charge de l’administration territoriale. Elecam a donc décidé d’écarter toutes les listes investies par le parti du crabe. En effet, au nom de l’Upc, trois tendances avaient présenté neuf listes au total dont deux concurrentes dans le Littoral et trois dans le Centre. Aucune d’elle, avec les listes présentées ailleurs, n’a été validée par Elecam. Toutes les trois factions promettent des recours à la Cour suprême.
(3) L’Udc satisfaite
Le Vice-président national de l’Udc, Christophe Ndeuhela qui a rendu visite au Messager estime que lorsqu’on regarde les motifs de rejet, on se rend compte de tout le sérieux que le Conseil électoral a pris pour examiner chaque dossier. Dossiers de titulaires, dossiers de suppléants. Ce qui est un mérite pour le Conseil. « Nous attendons tout simplement que la direction générale des élections face pareil, pour garantir aux Camerounais des élections libres, justes et transparentes, parce que si la direction générale, qui conduit les opérations électorales, fait du travail sérieux, comme le conseil a eu à le faire dans l’examen des dossiers de candidature, nous osons espérer que, les Camerounais auront des élections libres, justes et transparentes », ajoute-t-il. Le camarade de Ndam Njoya souhaite par ailleurs que, puisque les élections sénatoriales sont un scrutin indirect, les grands électeurs fassent preuve de patriotisme, ne se laissent pas enfermés dans les carcans de ces disciplines de parti, parce que la liberté s’acquiert, elle ne se donne pas.