Canada- Cameroun: Un livre qui fait trembler Étoudi... à lire pendant le temps des fêtes :"Le Biyaïsme'' de Thierry Amougou

Le Biyaisme:Camer.beQuand Thierry Amougou dépeint pourquoi le Cameroun est un pays échoué depuis 30 ans... « Le Biyaïsme ». Le Cameroun au piège de la médiocrité politique, de la libido accumulative et de la «(dé)civilisation des mœurs». Trois raisons fondamentales expliquent la rédaction de son livre: le devoir de mémoire, le devoir d’exercice de la liberté de conscience et le devoir de responsabilité citoyenne.Le devoir de mémoire comme il le dit l'invite à éviter que nos enfants et les générations futures aient pour seuls livres sur le pouvoir actuel, uniquement les ouvrages propagandistes écrits par les caciques du régime.

Le devoir d’exercice de la liberté de jugement : selon Thierry Amougou, être libre c’est d’abord exercer celle-ci soi-même dans sa vie et ses actes.

La responsabilité citoyenne qui lui donne le droit d’avoir une attitude de juge, d’analyste, de notation et de défiance par apport à la gestion de son pays.

Titre révélateur... en quoi consiste le Biyaïsme ?

Selon l'auteur, «le Biyaïsme» est la gouvernance du président Biya au pouvoir depuis 1982. En effet, le néologisme « Biyaïsme » a pour racine étymologique BIYA, nom de l’actuel Président camerounais. Dans ce cas, «le Biyaïsme» peut être compris comme une idéologie, une acquisition du pouvoir, une conception du pouvoir, un exercice du pouvoir et une gouvernance propres à Biya. Mais cette première approche, quoiqu’importante parce que balistiquement centré sur l’Homme Biya, est basique, simpliste et réductrice car si BIYA n’est pas né politiquement et biologiquement en 1982, alors «le Biyaïsme», quoique lié à lui, va aussi au-delà de lui dans le temps et l’espace politique camerounais et extra camerounais. C’est un produit politique dérivé de la trajectoire coloniale et postcoloniale de notre pays.

D’où une seconde compréhension du «Biyaïsme» comme un système politique, une symbolique politique, une idéologie et un mode de gouvernance, qui quoique lié à BIYA, n’est plus le propre de BIYA tout seul mais à la fois une variable expliquée par le passé politique camerounais d’avant 1982, et une variable explicative du profil institutionnel, politique et social du pays depuis 1982. Il n’est donc plus le fait d’un homme mais d’un système en action, c'est-à-dire des hommes, des institutions, des pratiques, des interdépendances entre eux, le passé et l’avenir.

C’est un système qui se déploie par son extrême plasticité dans l’espace et le temps au point où je vous surprendrai en vous disant qu’Ahidjo est une variable explicative du « Biyaïsme » et donc une condition antécédente à son existence. « Le Biyaïsme » a de ce fait des paramètres endogènes, exogènes, historiques et contemporains par rapport au pays.

Il faut aussi distinguer «le Biyaïsme formel»qui se décline de façon déclamatoire à travers «Pour le libéralisme communautaire», du « Biyaïsme effectif ou réel » dont les résultats sont en opposition de phase avec «le Biyaïsme formel» : ce sont les faits dont traite l’opération Epervier et qui font du «Biyaïsme» une médiocrité comme ambition et une ambition comme médiocrité.

Cependant, je n’aurai pas épuisé ce à quoi renvoie «le Biyaïsme» en disant cela car, ainsi que mon ouvrage le montre de bout en bout,«le Biyaïsme» c’est aussi une singularité politique dans son déploiement contemporain, dans son rapport au passé, au futur, à la mort, au corps, au sexe, à la sexualité, aux biens matériels, à l’Etat, à la gouvernance, à la sorcellerie, à Dieu, à la démocratie, aux sectes, au peuple, aux intellectuels, à la justice et au savoir. Je vous invite à lire le livre car il apprend sur «le Biyaïsme» du début à la fin sur tous ces aspects connexes sans lesquels on ne peut bien saisir sa dynamique et son essence profondes.''

Ce qui rend extraordinaire le livre de Thierry Amougou et fait sa particularité, c'est de proposer des pistes de solutions aux maux qu'il décrit:

a) Sortir de « la politique buissonnière » qui consiste à voir des leaders qui parlent du peuple camerounais uniquement à l’approche d’une échéance électorale et à entrer dans le buisson en temps ordinaires où ce peuple a pourtant toujours des problèmes mais ne voit plus personne à ses côtés ;

b) Sortir de « la politique du perroquet » qui consiste à être un adepte de la pensée unique du pouvoir en place en répétant, tel un perroquet, ce que pensent et disent les possédants et les forts ;
c) Sortir de ce qu'il appelle « le règne de la loi du plus fort » comme étant ce qui fait et défait la règle politico-sociale camerounaise en lieu et place des aspirations citoyennes et de notre Constitution ;

d) Sortir de ce qu'il appelle « l’inflation de la révision constitutionnelle », stratégie de coup d’Etat juridique au service de la médiocrité des objectifs d’un régime ;

e) Sortir de ce qu'il j’appelle « la satisfaction de la libido accumulative » comme objectif des actions des citoyens et du pouvoir de tout un pays atteints par contamination d’une médiocrité élitiste et d’une médiocrité populaire cumulatives ;

f) La sortie de ce qu’il appelle « la (dé)civilisation des mœurs » où nous mène justement le besoin morbide de satisfaction de nos purs instincts animaux ;

g) Sortir de ce qu'il appelle «des rapports de collaboration servile au service de la Françafrique» pour «des rapports de coopération d’Etat à Etat souverain» ;
h) Sortir de ce qu'il appelle «une gouvernance d’asymétrie des droits et des devoirs entre gouvernants et gouvernés» pour une gouvernance de symétrie entre les deux.
i) Sortir de ce qu'il appelle «l’irresponsabilité pénale du chef de l’Etat camerounais». Il faut protéger les populations camerounaises et le pays des dérives du pouvoir irresponsable de rien mais ayant tous les droits.
j) La mobilisation des potentiels internes et externes du pays pour son développement sur tous les plans.

k) Sortir de ce qu'il appelle, à la suite de Charles Ateba Eyene, « le paradigme du pays organisateur ». Il est en contradiction avec la citoyenneté camerounaise et les exigences de l’âge global actuel.
l) Adosser le prochain régime camerounais sur la volonté du peuple afin de le rendre légitime et fort ;

m) Sortir de ce qu'il appelle «les angoisses concurrentes». Cela se fait par des politiques justes, équitables et solidaires. Ces «angoisses concurrentes» peuvent mener le pays dans l’abîme de la violence si elles entrent en télescopage. Biya va donc laisser une sacrée «patate chaude» à son successeur. Il se doit d’être juste, ferme et républicain s’il veut réussir.
n) La révision de la Constitution actuelle pour y introduire une limitation de mandats présidentiels à maximum deux quinquennats, une élection présidentielle à deux tours et une commission électorale indépendante.

o) Le retour aux comportements d’excellence. Il faut passer, en paraphrasant Ebénézer Njoh Mouelle, «de la médiocrité à l’excellence» dans tous les domaines etc.
Thierry Amougou est président de la fondation Moumié, Macro économiste et maître de conférence à l'université catholique de Louvain- la- neuve ( Belgique).
Votre Rubrique s'est penchée sur l'ouvrage de Thierry Amougou parce que de façon constante, il partage ses réflexions en ligne avec ses compatriotes alors que plusieurs activistes attendent les prochaines élections pour faire irruption sur le web.

''Le Biyaïsme'' est disponible aux éditions de l’Harmattan.   http://www.editions-harmattan.fr/index.asp

© Camer.be : Félicité Ngadja


16/12/2012
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