Canada- Cameroun, Affaire des commissaires de police : le grand bluff du « candidat » Vincent Sosthène Fouda
Canada- Cameroun, Affaire des commissaires de police : le grand bluff du « candidat » Vincent Sosthène Fouda
Pour se blanchir d’une réputation par trop sulfureuse, le candidat de Génération 2011 a monté de toutes pièces un scénario bidon de martyr autour d’un groupe de sept camerounais policiers, stagiaires à l’École Nationale de l’Administration Publique de Québec.Un après-midi de janvier 2010. Un groupe de sept jeunes commissaires de police camerounais attend, à l’aéroport international de Bruxelles, une correspondance en retard de la compagnie indienne Jet Airways India. Le vol se rend à Pearson-Toronto en provenance de Mumbay, ou il a fait face à des difficultés liées au climat hivernal.Dans le hall de l’aéroport se trouve, par hasard, un autre passager camerounais peu habituel : le journaliste Jean-Marc Sobot, en fuite - affirmant avoir échappé à un kidnapping à son domicile à Douala quelque temps plus tôt, en marge du procès de journalistes ou il reste inscrit sur le rôle du parquet.Ce dernier est également en transit pour Toronto. Le journaliste, du reste leader très médiatique du Syndicat des journalistes, ne peut passer inaperçu. Il est abordé, avec déférence, par les jeunes commissaires qui, ensuite, se mettent en débats sur ses positions télévisées au Cameroun.
Au début était un journaliste en cavale. Au début, le journaliste est craintif : il croit qu’il s’agit pour le groupe de le traquer, lui qui est en cavale. Mais il change d’avis, ou presque, après de longues discussions.
Ce sont, en effet, des cadres de la police qui, pour la plupart, quittent le Cameroun pour la première fois. Il ne reviendrait, techniquement, à aucun responsable l’idée de les mettre en mission dans un pays qui compte tant de services déconcentrés de la Recherche Extérieure entre autres - laquelle emploie d’autant plus des limiers formés là ou ils exercent pour des raisons d’acclimatation.
Lesdits commissaires en voyage sont, eux, issus
des services centraux de la Délégation générale à la sûreté nationale
(DGSN) à Yaoundé. Ils étudiaient jusque-là à l’ISMP (Institut supérieur
de management public) et ont bénéficié d’une formation offerte à la
police camerounaise par la Direction des Affaires Internationales de
l’Ecole Nationale de l’Administration Publique (ENAP) du Québec.
Il s’est agi, expliqueront plus tard les Québecois, d’un programme
d’études supérieures spécialisées dont le prolongement est une
formation-observation en terre québécoise.
Une atmosphère plus sereine s’établit entre les
policiers et le journaliste à qui ils disent, du reste, leurs
difficultés professionnelles…
Forcé à quitter le Cameroun et à la recherche désespérée d’un lieu ou
il pourrait être hébergé pour la plus courte durée au Canada, le
journaliste avait pris contact, entre autres, avec Vincent Fouda,
promoteur de Génération 2011, basé à Québec. Ce dernier qu’il a connu
via un ami cadre à Douala et à Facebook est celui qui a annoncé en
novembre 2009 sa candidature à la présidentielle d’octobre 2011 sur son
site Internet. A ce dernier, le journaliste, pour meubler un échange,
relate, notamment, ce qui a failli ressembler à une mauvaise rencontre
bruxelloise : « Quand j’ai vu que c’était des commissaires, a-t-il
expliqué à M. Fouda, j’ai pensé qu’ils me cherchaient. Puis j’ai pensé
à toi en tant que candidat, qui intéresserait Yaoundé. Mais très vite,
j’ai compris que ce n’était pas le cas. Ils n’ont jamais entendu
parler de toi. »
M. Fouda, sur les entrefaites, demande quelques noms des stagiaires. « Il s’agit juste de prendre des précautions »…
Réputation sulfureuse du candidat au Canada. Deux
jours plus tard, contre toute attente, un communiqué Génération 2011
parcourt les sites Internet dénonçant les commissaires venus attenter à
la vie du candidat Fouda, comme ce fut le cas pour d’autres
nationalistes comme Ernest Ouandié, etc.
C’est que, le petit politicien n’est pas idiot. Ex-jésuite, réputé
d’après sa propre hagiographie s’être exilé suite à l’assassinat de Mgr
Engelbert Mveng en avril 1995 Vincent Fouda a, paradoxalement, fort
mauvaise réputation au sein de la communauté camerounaise du Canada. Il
est considéré comme un agent du régime puisqu’il a souvent été en
contact avec la présidence de Paul Biya, notamment avec l’actuel
directeur du cabinet civil du Palais, Martin Belinga Eboutou.
Sa sœur aînée n’est autre que Cécile Bomba Nkolo, déjà membre de
l’élitiste bureau politique du Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir. Depuis le 30 décembre 2008,
elle a été désignée par le chef de l’Etat au sein du très sensible
Conseil électoral de Elections Cameroon (Elecam), la machine électorale
créée par le régime Biya qui, lui, fut un proche ami à leur défunt
père, Bomba Nkolo. De même, l’on évoque autour de lui à Yaoundé une
affaire de mœurs…
Du coup, pour d’anciens responsables de l’Association des Camerounais
du Canada (ACC), « Il vaut mieux de ne jamais être en contact avec » le
promoteur de Génération 2011. Cette réputation sulfureuse est à un tel
point que le journaliste en cavale aurait, selon ses dires, décliné
l’offre généreuse d’un abri du « candidat » à Québec…
M. Fouda a pourtant des explications à ses contacts avec Etoudi... Il a dit avoir négocié, en décembre 2008, le retour au Cameroun de la dépouille de feu Jean-Marc Ela en l’occurrence. Une version qui fait rigoler certains dans la petite communauté beti du Canada…
Le grand bluff! Qu’à cela en tienne, l’affaire des commissaires fut l’aubaine pour se blanchir aux yeux de la très soupçonneuse diaspora, qui a entretenu sa réputation.
Auparavant, la 170, Clemow Avenue à Ottawa (siège de la mission diplomatique camerounaise) a dû envoyer des explications, de concert avec les Canadiens de l’ENAP, sur l’objet exact du séjour des Camerounais.
L’affaire Vincent Fouda/commissaires n’était donc qu’un grand bluff électoraliste. Aux dernières nouvelles, il a encore expliqué à ses poulets avoir, en fait, obtenu que les fonctionnaires quittent instamment le territoire canadien. Un autre mensonge.