Cameroun,Port autonome de Douala : Des gendarmes impliqués dans une histoire de recel et d’évasion
Cameroun,Port autonome de Douala : Des gendarmes impliqués dans une histoire de recel et d’évasion
Des éléments de la brigade maritime de Douala sont soupçonnés d’avoir permis l’évasion de voleurs détenus à la brigade du port Sud. Une partie du butin est portée disparue.Les milieux du domaine portuaire de Douala sont secoués depuis quelques jours par une histoire complexe de vol, de recel et d’évasion que La Nouvelle Expression a tenté de comprendre. D’après nos investigations, tout commence dans la nuit du 5 au 6 décembre dernier. Des cambrioleurs munis d’armes blanches s’introduisent dans le parc automobile de Socomar(Société camerounaise d’Opérations maritimes), une société du groupe Bolloré, située dans le domaine portuaire de Douala. Des sources proches de cette société affirment que cette intrusion s’est faite avec la complicité de certains vigiles en faction dans le parc. Informations d’ailleurs confirmées par un agent en service à la brigade du port sud.
Cependant, quelques menus détails viennent
différencier les deux sources. Pour l’agent de la brigade du port sud,
le cambriolage s’est passé en deux temps. Le premier dans la nuit du 5
au 6 décembre s’étant soldé par le vol de deux cardans. Les malfaiteurs
ayant facilement écoulé cette « marchandise », ils sont revenus dans la
nuit 6 au 7 décembre et ont réussi à retirer onze autres cardans. Mais
pour la source de Socomar, le vol ne s’est produit que dans la soirée du
5 au 6 décembre. Quoi qu’il en soit, les deux sources se rejoignent sur
la suite des événements aussi et sur le nombre de pièces emportées par
les cambrioleurs : 13.
Complicité
Sur la suite des événements, les malfaiteurs s’enfuient à bord d’une
embarcation, mais, ils se retrouvent nez à nez avec une patrouille de la
brigade maritime. Le navire est arraisonné et les bandits conduits dans
les locaux de cette brigade. Plus tard, ils sont relaxés « sans que
l’on sache trop pourquoi », s’étonne l’une de nos sources. D’autant plus
que les pièces sont retenues par les forces de l’ordre.
Ayant ouvert une enquête, la
brigade du port sud relève pourtant le défi de capturer les deux
malfrats. L’on apprend qu’ils sont tous de nationalité centrafricaine et
s’appellent Hassana et Djarala Armand. Leurs déclarations permettent
ensuite d’identifier l’acheteur des deux premiers cardans : un certain
Bachirou, de nationalité ivoirienne. Celui-ci aurait acheté les deux
pièces flambant neuves à 160 000 Fcfa alors qu’en l’état, elles coûtent
2,35 millions de Fcfa l’unité, selon un garagiste. Cerise sur le gâteau,
les deux malfrats révèlent aussi la complicité des éléments de la
brigade maritime dans l’opération de recel des pièces volées. Parmi ces
complices présumés, l’on cite un maréchal de logis chef et un adjudant.
Apparemment, le deal était de libérer les captifs en échange de leur
participation à l’opération… Contacté par La Nouvelle Expression, le
commandant de la brigade maritime n’a pas voulu commenter ces
informations.
Enquête
Mais, tout ne s’arrête pas là ! Dans la nuit d’avant-hier à hier, les deux malfrats s’évadent de la cellule dans laquelle ils sont gardés à la brigade du port sud. L’observation montre que les antivols qui protègent la fenêtre de cette cellule ont été retirés de l’extérieur, facilitant la sortie des détenus. Là encore, un doigt accusateur est pointé sur le maréchal de logis chef de la brigade maritime qui, apprend-on, travaillait cette nuit-là au scanner situé à un pas de la brigade du port sud. Un vigile confie d’ailleurs l’avoir vu au cœur de la nuit en action sur les antivols. Hélas ! L’évasion fait fiasco... Une fois hors de leur cellule, les malfrats sont rapidement repris avec le concours d’autres vigiles.
Entre-temps, le commandant de la légion de gendarmerie du Littoral est mis au courant de l’affaire et s’est saisi du dossier dès ce lundi matin. Mais le premier écueil qu’il rencontre est la disparition du rapport d’enquête que le commandant de la brigade du port sud avait transmis au commandant de compagnie, y compris les procès verbaux des différentes auditions. Obligé de recommencer l’enquête, il entend à nouveau les malfrats qui, a-t-on appris hier soir, sont une fois de plus passés aux aveux complets. L’on apprend qu’à l’heure qu’il est, Socomar n’a retrouvé que « cinq ou six » cardans qui étaient retenus à la brigade maritime. Et les autres alors ?