YOUWIN2018

L'ancien Sg du Ministère de la Culture paie au prix fort ses déclarations à la presse au sujet de la double nationalité.Le sujet fait à peine sourire au ministère des Relations extérieures (Minrex). Mais il semble passionner tout le monde et a rapidement relayé au second plan la brouille passagère entre les ambassadeurs des pays africains et le Minrex au sujet d'une réunion renvoyée d'urgence en fin de semaine dernière."Oui, la note de service qui faisait de Thomas Fozein, jusque-là chef par intérim de la Division des Camerounais de l'Etranger a été rapportée la semaine dernière par le ministre des relations extérieures. Il a été remplacé en attendant éventuellement d'autres mesures. On lui reproche, en tant que fonctionnaire chevronné, d'avoir failli à son obligation de réserve alors qu'il était en mission à l'étranger et, surtout, d'avoir fait des déclarations qui n'ont rien à voir avec la réalité ", nous confie une source généralement bien informée au Minrex.

Bref rappel des derniers fait : Thomas Fozein a été pendant longtemps secrétaire général au ministère de la Culture, débarqué peu après l'arrivée dans ce ministère de Madame Ama Tutu Muna en septembre 2007 et remis à la disposition de son administration d'origine, le Minrex (il est diplomate de formation) avant d'être rapidement remis en scelle par le nouveau Minrex, Henri Eyebe Ayissi, compte tenu de sa double expérience de diplomate chevronné et de haut fonctionnaire aguerri. Pour contourner la lourdeur des procédures de nomination dans ce ministère comme dans d'autres, le Minrex avait utilisé la technique de la nomination par note de service et à titre intérimaire, pour le rendre aussitôt opérationnel et efficace.

Domaine réservé

C'est dans cet environnement qu'il a été impliqué, il y a un peu plus d'un mois, dans une vaste opération d'explication aux Camerounais de l'étranger des engagements pris par le chef de l'Etat à Paris en juillet 2009 au sujet des divers problèmes rencontrés par ces concitoyens aujourd'hui de la diaspora. La mission, initiée par la présidence de la République, était conduite par Eugène Wonyu, chargé de mission à la présidence de la République et comprenait, entre autres, Albert Mbida, inspecteur général au ministère de la Communication. Que s'est-il concrètement passé dans les huit pays par où sont passés ces hauts fonctionnaires (entre autres la France, la Grande Bretagne, la Belgique, l'Allemagne, le Canada et les Etats unis d'Amérique) ? On en saura plus si le rapport par eux produit est un jour rendu public, ou si quelques membres de la diaspora laissent " fuir " certaines informations. Mais selon la dernière livraison du magazine panafricain Jeune Afrique parue lundi 24 mai dernier, Thomas Fozein aurait affirmé, au sujet de la double nationalité exigée par les Camerounais de l'étranger comme un préalable et sur laquelle le président de la République avait promis de réfléchir, que " des techniciens sont en train de travailler dessus car il est question de revoir notre code de nationalité ", avant d'ajouter que la loi portant code de nationalité camerounaise sera modifiée afin d'introduire la double nationalité au Cameroun. Précisant qu'elle serait prête et qu'il ne restait plus qu'à transmettre le projet de loi à l'Assemblée nationale.

Sans doute le support par lequel cette information a été publiée a provoqué une mini crise au Minrex. Le ministre en personne, Henri Eyebe Ayissi et répondant, passablement agacé, à une question de notre confrère Le Jour, indiquait : " Il n'en n'est rien. C'est une décision qui dépend du chef de l'Etat. S'il [Thomas Fozein, Ndlr] l'a dit, c'est qu'il s'est avancé sur une chose qu'il ne connaît pas (…) ce qui existe, c'est ce que le chef de l'Etat a dit à Paris ". Une réaction sibylline qui a été aussitôt suivi par la note de service par lui signée, et qui relève de ses fonctions Thomas Fozein.
D'autres sources au Minrex indiquent cependant que, si Thomas Fozein a été passablement irresponsable en s'avançant trop vite dans un domaine de souveraineté comme celui-là et où les bonnes nouvelles sont réservées au chef de l'Etat, à défaut de consacrer la pratique du dépôt du projet à l'Assemblée sans annonce préalable, on confirme cependant que les groupes de travail mis sur pied ont bel et bien bouclé leurs travaux, le rapport envoyé à la présidence de la République et le projet de loi bouclé.

A ce jour, la loi applicable sur la nationalité au Cameroun est la loi du 11 juin 1968 et selon laquelle "Perd la nationalité camerounaise le Camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une nationalité étrangère ; celui qui exerce la faculté de répudier la qualité de camerounais conformément aux dispositions de la présente loi ; celui qui, remplissant un emploi dans un service public d'un organisme international ou étranger, le conserve nonobstant l'injonction de le résigner faite par le gouvernement camerounais ". Ce sont ces dispositions, jugées rétrogrades par de nombreux camerounais de l'étranger, que le chef de l'Etat avait promis de faire revoir après des études préalables. Ayant anticipé les mesures en cours et croyant sans doute bien faire pour rassurer les compatriotes de l'étranger, Thomas Fozein paie au prix fort, pour une faute qu'il n'a pas commises, les lourdeurs et l'opacité de l'administration camerounaise.