Cameroun,L’analyse de Célestin Bedzigui – Une phase de la mère des batailles : Upecisme versus Afabisme

Cameroun,L’analyse de Célestin Bedzigui – Une phase de la mère des batailles : Upecisme versus Afabisme

Bedzigui:Camer.beLa célébration en grande pompe du ‘’Cinquantième anniversaire‘’, alors que sont ignorés les vrais problèmes, ne peut que surprendre. Il ne saurait en tout cas s’agir de la célébration du ‘’Cinquantième anniversaire’’ de l’ Indépendance du Cameroun , car autant par justesse historique que par respect de la sensibilité de nos compatriotes anglophones ; le 1er Janvier 1960 est un évènement qui n’ intéresse que l’ ex-Cameroun oriental et ne saurait être imposé à l’ ensemble du Cameroun, parce qu’ à cette date-là, le Southern Cameroon était encore pris dans les liens de la colonisation britannique.

Il ne peut non plus s’agir de l’Unification du Cameroun, puisque le référendum de 1972 s’est déroulé il n’y a que… 38 ans! Alors, ‘’50 ème anniversaire’’ de quoi? La réponse qui vient à l’esprit de toute personne avisée est qu’il s’agit de la commémoration du jour, le 1er janvier 1960, où la France, puissance coloniale, a fait semblant de céder le pouvoir de gérer le destin du Cameroun et ses ressources humaines et naturelles à des dirigeants autochtones alors qu’ elle en gardait un contrôle effectif. C’est comme commémorer ce tour de passe-passe politique que sont organisées ces festivités, les nouveaux maîtres du Cameroun qu’ont été, depuis 1960, Ahidjo suivi par Biya n’ayant été que des proconsuls de la France au Cameroun.

A travers ce prisme, il est aisé de comprendre que nous vivons à cette occasion une phase du combat eschatologique qui oppose, depuis l’origine historique du Cameroun, deux esprits qui ont généré deux traditions politiques. Il s’agit d’un coté, de l’esprit du COLONIALISME et sa forme mutante qu’est le Néo-Colonialisme, caractérisé par la volonté de dominer le peuple camerounais et de l’asservir à des intérêts étrangers, esprit qui a généré une tradition politique que nous appelons Afabisme, avec A pour Aujoulat, le parrain en politique de la classe gouvernante camerounaise issue de la période coloniale, F pour Foccart, l’âme damnée qui de sa position de Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée a orchestré non seulement le système de ‘’bâillonnement électoral’’ du peuple camerounais qui a été parachevé avec l’instauration du Parti Unique, mais aussi la liquidation physique des leaders nationalistes et les massacres des patriotes nationalistes, A pour Ahidjo qui a été le maître d’œuvre du système Foccart et B pour Biya qui en a hérité et l’a pérennisé. Il s’agit de l’autre coté, de l’esprit que nous désignons par Mosumoo avec M pour Manga Bell Douala, O pour Omgba Bissogo, S pour Samba Martin Paul, U pour Um Nyobe Ruben, M pour Moumié, O pour Ossende Afana, O pour Ouandié, esprit caractérisé par la résistance permanente à la domination coloniale et par l’aspiration inassouvissable à la liberté du peuple camerounais ; esprit qui a généré la tradition politique de l’ Upecisme compris non pas comme une idéologie limitée à un parti politique, mais comme une tension permanente du peuple camerounais vers les valeurs de dignité, de liberté, et de respect de la volonté souveraine du peuple camerounais.

Deux esprits : ‘’Colonialisme’’ versus ‘’ Mosumoo ‘’

De fait, le combat eschatologique entre l’Afabisme et l’ Upecisme nécessite de bien comprendre l’esprit qui anime chacune de ces traditions.
Commençons par l’Afabisme dont l’esprit est le Colonialisme. Le colonialisme tient de la volonté de puissance (libido dominandi) des Occidentaux lorsqu’ il se partage l’Afrique à Berlin en 1884. Que ce soit sous la colonisation allemande, anglaise ou française, le Cameroun en a été une permanente victime, contraint de se plier aux impératifs de la Théorie de la Dépendance élaborée par les économistes du développement. Cette dépendance revêt des formes commerciales, financières, technologiques, culturelles, sociales et politiques. Les caractéristiques les plus souvent constatées sont la faiblesse de l’accent mis à la constitution d’un tissu industriel local, la détérioration des termes d’échange, l’absence de transfert de technologie, la mise en place d’un ensemble de contraintes légales, financières, techniques et monétaires comme le FCfa qui nous maintient sous l’étau de la servitude monétaire, l’obligation de fournir des ressources naturelles bon marché, comme l’électricité à un coût dérisoire à Pechiney aujourd’hui Alcan Tinto, alors que les moins de 50% des ménages ayant accès à l’ électricité la paie à un prix d’or, et last not least, la soumission du régime politique aux impératifs de la puissance coloniale.
Pour la réussite de leur entreprise, le (Néo)-Colonialisme et ses suppôts n’hésitent pas à éliminer et à massacrer tous ceux qui s’opposent à eux pour maintenir le pays sous la coupe d’une terreur permanente. Jugeons-en : Les Allemands ont massacré les Mvog Ottou et décapité leur chef Ombga Bissogo en 1895 au lieu dit Etoa Meki ( La place ensanglantée) à Yaoundé ; ils ont en 1916 pendu Douala Manga Bell à Douala et Madola à Kribi, fusillé Martin Paul Samba à Ebolowa, pour asseoir leur domination, s’ appuyant sur des collabos locaux. Les Français et leur collabo Ahidjo ont assassiné Um Nyobe alors qu’il le savait désarmé dans son campement aux environs de Boumyebel en 1958, Moumié à Genève en 19620; ils ont massacré des centaines de milliers de compatriotes Bamiléké et Bassa entre 1955 et 1965 au fallacieux prétexte qu’ils étaient ‘’des terroristes’’. Ahidjo poursuivra cette œuvre d’extermination d’opposants à son régime en déportant massivement dans les camps de concentration de Mantum, Tcholliré, Yoko, Mokolo, des milliers d’Eton ‘’Démocrates’’ d’où plusieurs centaines ne sont jamais revenus, à l’ instar du petit frère de André Marie Mbida, le premier Premier Ministre du Cameroun. Il lui sera rapporté la tête du Dr Ossende Afana assassiné dans la forêt de Moloundou en 1968 ; il fera fusiller en 1971 sur la place publique à Bafoussam, Ernest Ouandié, le dernier leader nationaliste . Biya prendra fermement le relai en maintenant, pour perpétuer les pratiques des sinistres Bmm ( Brigades mixtes mobiles), les centres de tortures du Cener, de la Dgre, du Gso, en maintenant le système et la culture de la répression qui conduira à l’extermination plus d’ un millier d’éléments de la Garde Républicaine après la tentative de coup d’Etat d’avril 1984, au massacre de plus d’une centaine de jeunes en février 2008, eux qui ne faisaient que contester, les mains nues, sa volonté de modifier illégalement la Constitution, en embastillant, comme hier Ahidjo, ceux qui sont soupçonnés de menacer les intérêts français comme Pierre Désiré Engo, Paul Eric Kingue, Lapiro de Mbanga, en utilisant une justice aux ordres pour détruire les vies de ceux qu’ il croit menacer son régime comme le Pr. Titus Edzoa et autres, bénéficiant du silence complice et complaisant de ses ‘’maîtres-alliés’’ de Paris.

Bien plus important, le (Néo)-Colonialisme excelle à construire une mémoire historique d’où est gommé tout ce qui peut révéler l’existence d’une pensée adverse, pour ne magnifier que ce qu’ il présente comme ses réussites, à l’instar de ce 1er janvier 1960. Les célébrations de ‘’cinquantième anniversaire de on-ne-sait-quoi’’ participent de cette logique. Les Camerounais et plus précisément les jeunes doivent savoir et comprendre tout ce qui est énoncé ci-dessus.
L’esprit Musumoo est celui qui s’oppose depuis la naissance historique du Cameroun au (néo)- Colonialisme. Il a toujours habité la conscience des populations du Cameroun et a été le vecteur du rejet de la soumission à la colonisation étrangère. Les exploits de Mosumoo dont la Résistance camerounaise a été le lieu géométrique sont volontairement minimisés dans l’Histoire officielle de notre pays, telle qu’écrite par les colonialistes et leurs suppôts locaux, alors que c’est lui qui s’est manifesté dans la tradition politique de l’Upecisme et qu’il est porteur de l’énergie du futur de notre pays.

Et pourtant, les Allemands ont eu à affronter en permanence Mosumoo, par la résistance acharnée que leur opposeront les chefs et populations du Cameroun. L’historien Prince Kum’a Ndumbe III nous apprend que moins de deux mois après la signature, le 12 Juillet 1884, du ‘’Traité’’ entre les Allemands et King Bell et King Akwa, le chef Lock Priso Kum’a Mbappe de Bonabéri qui a refusé de s’y associer, fera descendre le 28 août 1884, le drapeau hissé par les Allemands sur son territoire, ce qui constitue le coup d’envoi de la première guerre anti-coloniale dans notre pays et donne lieu au bombardement du 20 au 22 décembre 1884 de Bonabéri par la frégate allemande OLGA . C’est l’esprit MUSUMOO qui anime le chef Bakweri Kuva Likenye et ses hommes lorsqu’en novembre 1891, s’opposant à l’expropriation de leurs terres, ils affrontent une force expéditionnaire allemande, menée par le commandant Karl Freiher Gravenreuth et lui inflige une défaite mémorable au cours d’une bataille au ravin de Namonge maintenant enjambé par le pont entre le rond point de la station de Buea et le Buea Mountain Hotel , tuant le commandant allemand et mettant en débandade le reste du corps expéditionnaire. La contre offensive allemande forcera Kuva Likenye à battre en retraite et à s’exiler au village de Wonya Likumba où il mourra en 1894.
C’est MUSOMOO qui anime le guerrier Mvogkani Nkongo Mekongo lorsqu’il affronte la colonne allemande conduite par Von Morgen dans les parages de Loua et engage une longue marche de résistance jusqu’au lieu de sa mort à Nkol Ngobo. C’est l’ esprit MUSOMOO qui galvanise la résistance à la pénétration allemande des populations Bassa, Bakoko, Bati, Baya, Maka, Njem, Kaka,Eton, Vute, Manguissa, Boulou, Batanga et j’en passe.

C’est l’esprit Musomoo qui habite Um Nyobe, Moumie, Osende Afanda, Mgr Ndongmo, Ouandie et tous les nationalistes anonymes dont les vies furent emportées dans la lutte contre le colonialisme. C’est également une manifestation du Musomoo que l’on retrouve dans les postures intellectuelles du Professeur Tchuinjang Pouemi, du Père Jean Marc Ela. On le retrouve également dans l’initiative prise il y’a quelques années par Pierre Désiré Engo de célébrer la mémoire de Martin Paul Samba, toute chose qui explique la hargne et la haine que lui vouent ceux-là qui sont habités par l’esprit du (Néo)-Colonialisme et qui lui inflige l’immonde injustice constatée par tous.

Deux traditions politiques : Afabisme versus Upecisme

L’Afabisme est cette tradition politique qui fait du Cameroun un pays dont les dirigeants refusent la démocratie en tant que culture et musellent l’expression de la volonté du peuple, s’illustrent par l’instrumentalisation de la justice, la négation des droits humains, le mépris de la vie des Camerounais, le recours à la torture, à la liquidation physique ou sociale des dissidents, n’ hésitant pas à perpétrer des massacres de masse lorsqu’une résistance organisée émerge, comme on l’a vu hier avec les Allemands pendant leur ‘’pacification du pays’’, comme on l’a vu avec les Français et Ahidjo qui n’ont pas hésité à tuer 500,000 compatriotes nationalistes, pour assurer la main mise française sur notre pays. C’est cette tradition qui contrôle les rênes du pays depuis l’époque coloniale et qui s’organise, au prétexte d’un ‘’Cinquantième anniversaire’’, des orgies crépusculaires, comme savent le faire les régimes décadents , dans une pompe délibérément destinée à sceller dans le sarcophage de l’ignorance et l’oubli collectif la vérité historique de la négation par elle des aspirations réelles et séculaires du peuple camerounais pour la liberté, la démocratie, le respect de ses droits humains.

L’ Upecisme est une tradition qui va très au-delà des péripéties que peuvent connaître les structures partisanes pour s’inscrire dans un espace supérieur de valeurs comme le désigne Franklin Nyamsi, Professeur Agrégé de Philosophie lorsqu’il dit que ‘’l’Upecisme est un humanisme’’, et j’ajoute ‘’un humanisme camerounais’’. C’est la tradition qui, depuis le commencement des temps historiques du Cameroun, se manifeste par une résistance et la lutte des Camerounais pour être un peuple libre, vivant dans un pays souverain, où la justice, les droits humains et à la vie sont respectés, dont les richesses servent à une satisfaction des besoins des Camerounais.
Nous avons connu le ‘’Proto-Upecisme’’ qui a prévalu du début de la colonisation allemande à l’après Deuxième Guerre mondiale. Nous avons ensuite vécu ‘’l’Upecisme combattant’’ qui animera la lutte armée pour l’indépendance du milieu des années 50 aux années 70. Depuis lors, nous vivons l’époque de ‘’l’Upecisme éclairé’’ qui soutient par un travail de conscientisation les capacités de mobilisation du peuple camerounais autour de l’impératif de parachever le rêve des patriotes des générations qui nous ont précédées.

Et si l’Upecisme n’a pas pu prendre le contrôle des rênes de l’Etat à ce jour, c’est du fait de la collusion établie entre le complexe néocolonial disposant de moyens financiers et mécaniques considérables et ses suppôts locaux qu’ont été et sont Ahidjo et Biya. A ce fait s’ajoutent des faiblesses intrinsèques de l’ Upecisme de nos jours. C’est l’absence d’une coordination stratégique ; ce sont les faibles capacités d’organisation et de mobilisation des ressources humaines et diplomatiques nécessaires pour gagner ce type de guerre politique. La mission sacrée à laquelle doit adhérer tout patriote aujourd’hui est de rejoindre les rangs des colonnes silencieuses qui travaillent dans l’ombre pour pallier ces faiblesses, afin d’offrir au peuple camerounais, dans un proche avenir, les lumières de Grand Soir.

Le seul choix politique : Musomoo ou (Neo)-colonialisme ? Upecisme ou Afabisme

Alors que l’esprit du (néo)-colonialisme a engendré la tradition politique de l’Afabisme, le Mosumoo a quand à lui engendré la tradition politique de l’Upecisme. Ainsi se trouve défini le choix qui doit désormais définir le champ politique au Cameroun. En tant que citoyen et, prenant en compte notre propre historicité, chacun de nous doit reconnaître en lui l’esprit politique qui l’habite : celui de partisan du néo- colonialisme ou celui de Mosumoo. Au Cameroun, il ne devrait plus être posé la question de savoir si on est de Gauche ou de Droite, ou si on est Libéral ou Conservateur. Ce sont là des catégories qui sont le produit de l’Histoire d’autres pays. En tant que formation ou organisation politique, la question qui se pose est celle de savoir si on inscrit son action dans la tradition de l’Afabisme ou dans celle de l’Upecisme. Le débat et la détermination politique s’en trouvent définitivement clarifiés. Et les deux cents partis politiques et plus que comptent notre pays sont à regrouper en ces deux pôles, les Pro-colonialismes ou les Pro-Mosumoo, les tenants de l’Afabisme ou les tenants de l’Upecisme. Notre environnement politique se trouve ainsi ramené à une norme sécularisée comportant deux courants majeurs, historiquement justifiés et ouvrant des perspectives d’avenir et d’action différentes voire antagoniques.

Vers l’avènement de la deuxième république

Le siècle d’Histoire du Cameroun que nous venons de vivre a vu les destinées de notre pays être dominées par l’esprit du Néo- Colonialisme et sa vie politique être contrôlée par la tradition de l’Afabisme. C’est la Première République, République autocratique, régime d’essence répressive, dénué de tout sens du respect de la vie humaine, où l’institution judiciaire est rongée par la corruption et utilisée à des fins de règlement de compte politique, où l’appareil d’Etat a perdu sa neutralité, un régime dont la préoccupation centrale est d’entretenir le culte de la personnalité d’un individu, de satisfaire les intérêts étrangers plutôt que l’aspiration du peuple camerounais à une meilleure vie. Bien plus flagrant est l’essence anti-démocratique de ce régime qui utilise tous les moyens possibles pour bloquer l’expression démocratique par le dévoiement du processus électoral, le musellement de la presse, les restrictions des manifestations publiques, compensant le déficit de légitimité par un surcroit de violence systémique. L’ère de l’Afabisme est révolue. La célébration du ‘’Cinquantième anniversaire’’ en sonne en réalité le glas.

Le temps est arrivé de promouvoir la Deuxième République. C’est une ère nouvelle à l’avènement de laquelle, tout patriote habité et gagné par l’esprit Mosumoo, doit s’impliquer. Les institutions de la Deuxième République doivent, par leur ordonnancement et par la manière dont est organisé l’accès aux positions publiques, apporter une solution nette au problème de la concentration et la centralisation des pouvoirs entre les mains d’un seul, au point qu’il se trouve avoir la possibilité d’instrumentaliser, à des fins d’intérêt personnel, la Justice et l’Administration. C’est la raison pour laquelle il s’impose de réajuster la gouvernance en allégeant les structures de centralisation des administrations publiques dont l’espace est miné par la corruption et les abus de pouvoir des agents publics, Ceci induit de fermer l’Enam et d’instaurer des cours d’administration publique dans les universités comme dans le modèle américain. La conséquence de cette option sera la suppression des postes de sous-préfet, préfets et gouverneurs jusque la nommés par le président de la République, héritage du jacobinisme français justifié par le contexte particulier de la Révolution française et qui, dans notre pays n’a servi qu’à renforcer l’essence autocratique de l’Afabisme. Les administrations locales seront dirigées par des élus tenus par leurs résultats devant les populations. C’est le modèle de l’Etat et des administrations locales aux Etats-Unis. On en voit l’efficacité dans les résultats.

Démocratie institutionnelle et pouvoir au peuple

La Deuxième République se devra d’être une démocratie intégrale et exigeante, servie par un Etat décentralisé, régie par une Charte constitutionnelle intangible et expurgée de tout terme ou concept induisant une restriction de l’exercice de jouissance de droits civiques tel que ‘’autochtone ou allogène, à laquelle adhèrent les Régions Associées. Le Pouvoir Exécutif sera assuré par le Président de la République élu à la majorité absolue, au suffrage universel à deux tours, pour un mandat de 4 ans renouvelable une fois, assisté par un Cabinet dont l’effectif restreint est inscrit dans la Constitution, la création de nouveaux ministères devant être soumise à un vote de la Chambre Haute du Parlement. Chaque membre du Cabinet choisi par le Président fait l’objet d’une audition et doit être soumis à un vote de confirmation de la Chambre Haute du Parlement. Le Parlement est composé de deux Chambres, une Chambre Haute à raison de cinq membres par région et une Chambre Basse composée d’élus de circonscription définie sur la base d’un quotient électoral identique pour toutes les régions. Les membres des deux chambres sont, sans exception, élus au suffrage universel direct au niveau de leur région ou de leur circonscription. Le pouvoir judiciaire comporte des tribunaux locaux d’instance dont les juges sont élus au suffrage universel direct par les populations de leur circonscription judiciaire sur la base de leur réputation de probité pour un mandat de deux ans renouvelables. Ils rendent leur jugement en matière civile sur la base du Common Law. En matière criminelle impliquant mort d’homme, les juges d’instance seront assistés par un jury populaire pour déterminer la culpabilité des prévenus. Les Juges des Tribunaux d’appel et de la Cour Suprême sont désignés par le Président de la République sous réserve de leur confirmation par un vote de la Chambre Haute du Parlement.
L’Etat décentralisé sera composé de Régions Associées établies selon des contours d’homogénéité culturelle traditionnelle et adhérant à la Charte Constitutionnelle. La capitale administrative et la capitale économique se verront doter d’un Statut Spécial. Chaque région disposera d’une Charte de la Région régissant les affaires et pratiques publiques en conformité avec les valeurs culturelles de la région, d’une Chambre Régionale de Représentants élus au suffrage universel d’une Cour de conciliation et d’arbitrage dont les Juges sont élus au suffrage universel et qui jugent en fonction des traditions, us et coutumes de la région. La région est dirigée par un gouverneur élu au suffrage universel direct pour un mandat de 4 ans renouvelable une fois, sans restriction sur son lieu de naissance ou son ethnie, à condition d’être fiscalement résident dans la région depuis une durée minimale de trois ans. L’exécutif régional comprend un cabinet restreint dont les membres choisis par le gouverneur de la région sont soumis à une procédure d’audition et de vote de confirmation par l’Assemblée régionale. Le responsable de l’administration publique de la région y a la charge de la gestion et de la supervision des élections.
Chaque région est composée de Circonscriptions administratives elles-mêmes divisées en Cantons. La Circonscription administrative et le Canton sont gérés par des Conseils élus. Le Conseil élit en son sein les membres de son exécutif.

Démocratie économique et actionariat populaire

Bien évidemment, cette révolution de la gouvernance publique, en renforçant la démocratie à la base et en faisant de la Région associée un creuset, trouvera son application sur le plan économique où l’accent devra être mis sur le développement régional et le développement de l’actionnariat populaire, l’objectif étant de ramener le taux national de chômage actuel de 50% a moins de 10% en 5 ans.
Le procédé à retenir devra viser à mettre un terme à la main mise et au contrôle du capital des activités économiques par l’Etat. Ceci implique la fermeture de la SNI et le reversement des actions des entreprises que cet organisme détient sur le marché financier de la Bourse de Douala où elles seront offertes au grand public. Aujourd’hui, cet organisme est devenu ‘’ une danseuse de la République’’, point focal de bien d’intrigues et d’opérations maffieuses au détriment de l’intérêt national, bien loin de ce qu’était sa vocation originelle, à savoir être un instrument de mobilisation des capitaux et d’accompagnement de l’établissement des entreprises appelé a rétrocéder au public les actions dont il assurait provisoirement le portage… Cette initiative permettra un lancement effectif des activités de cette bourse et la restitution à l’actionnariat populaire du contrôle du capital des activités économiques.

Pari audacieux ? Certes, mais qui peut être tenu.
Que Dieu Bénisse le Cameroun !

Célestin Bedzigui,
Chairman, Global Democratic Project, USA
www.globaldemocraticproject.org
celestin.bedzigui@ymail.com

© Correspondance via Le Messager : Célestin Bedzigui


24/05/2010
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