Cameroun,La militance citoyenne trahie:La face hideuse de l'Acdic
Cameroun,La militance citoyenne trahie:La face hideuse de l'Acdic
Dans la première livraison de ce réquisitoire, la face hideuse de l’ACDIC et de son président national, Bernard NJONGA, a été décortiquée au prisme de l’affaire Franklin MOWHA. Dans cette deuxième livraison, le « procès Bernard NJONGA » (2009) constitue un autre angle d’analyse. Procès Bernard NJONGA : Epreuve du feu et reculade du « José BOVE camerounais »...Le président national de l’ACDIC se voit poursuivi pour « manifestation illégale » par le parquet d’instance de Yaoundé aux premiers mois de l’année 2009. Dans l’affaire, chacun voit et sent bien que le pouvoir lui cherche noise. Comme le dénonce d’ailleurs à juste titre l’association, on tient résolument à museler le meneur de la manifestation du 10 décembre 2008, manif’ dite « anti-corruption » mettant à nu les détournements massifs de fonds au Ministère de l’agriculture et du développement rural. Et dire que tout cela s’est fait au pied de ces institutions étatiques qui pérorent sur la bonne gouvernance ! Et dire que tout cela s’est fait avec le concours de centaines de citoyens venus d’horizons d’hiver dont beaucoup de péquenots, arborant, dans une espèce de carnaval bien organisé, de dizaines de pancartes aux revendications osées ! En voilà un véritable pied-de-nez à nos gouvernants en plein Yaoundé ! C’en est trop ! Et le TPI de Yaoundé de s’apprêter à sévir, à son tour, après que la brigade anti-émeutes des forces de police l’eût premièrement fait. En dispersant sans égards et à coups de matraque les manifestants, embarquant manu militari une dizaine d’entre-eux pour les cellules du commissariat central d’abord et du palais de justice ensuite, NJONGA en tête. Le procès qui s’en suivit constitua le foyer même de l’épreuve du feu enclenchée quelques semaines plus tôt avec la répression sanglante de la manif’.
Il nous faut, à ce stade de notre analyse, revenir un peu sur le déroulement de cette manif. Pour dire, en quelques mots, qu’en dépit des lourdes charges qui pèsent sur lui et qui fondent notre réquisitoire, il faut reconnaître à Bernard NJONGA le mérite énorme de n’avoir point du tout céder aux intimidations de la police et de ses commissaires divisionnaires. Dépêchés avant, au seuil et pendant la manif’, ils avaient pour consigne de la faire avorter ou de la briser au cas où. Ainsi, verra t-on le président de l’ACDIC se mettre en phase avec le gros des manifestants pour entreprendre, dans la rue, le procès des détournements opérés dans la « maison » du Vice Premier Ministre Jean KWETE, et l’animer autant qu’il sait le faire. C’est en hommage à sa détermination non feinte à manifester et à encaisser stoïquement la pluie de matraques qui le ciblaient que nous fûmes quelques uns (TOSSO, MOWHA, KETCHATENG, NONO), ce jour-là, à voler à son secours. En toute légitime et collective défense. Mais, quelle ne sera pas la surprise de plusieurs d’entre nous militants, à la troisième ou peut-être quatrième audience du tribunal, lorsque, contre toute attente, le même Bernard NJONGA, qui quelques semaines plus tôt avait fait montre d’un courage à faire pâlir bon nombre de leaders de formations politiques expertes en discours mais lamentablement inconnues sur le terrain de l’action, quelle ne sera donc pas notre surprise lorsque le bao de la militance citoyenne se retrancha dans une reculade stupéfiante, stratégiquement inopérante, refusant de façon répétée d’assumer devant le tribunal qui le jugeait, devant le procureur qui le poursuivait et, par-dessus tout, devant les membres et sympathisants de l’ACDIC qui le soutenaient, le fait qu’il ait bel et bien, lui, le citoyen Bernard NJONGA, par ailleurs Président National l’ACDIC, organisé une manifestation citoyenne anti-corruption courant décembre 2008, à deux pas du siège, manifestation à la quelle il avait convié des centaines et des centaines d’autres citoyens partisans, comme lui, de la mise à mort de ce phénomène dont on dit qu’il a été largement promu par le colonialisme français à la faveur de leur guerre contre les indépendantistes camerounais.
Pourquoi, par exemple, était-il impossible au président national de l’ACDIC d’envisager et de supporter un éventuel séjour en prison, dans l’hypothèse où, ayant droit dans ses bottes assumé son acte de manifestation, le pouvoir voulait le lui faire payer « dur » ? Nous sommes de ceux qui disent que Bernard NJONGA a tout à fait délibérément loupé le coche d’une telle prise de position historique, qui aurait fait faire un bond qualitatif à nos luttes, qui en doute ? dans ce Cameroun où, quand même, l’on se défile un peu trop facilement face à l’arbitraire du pouvoir. En tout cas, comparativement à d’autres pays sinon à notre histoire. Pour quelle raison donc, si ce n’est la simple frousse, la trouille, le « on ne meurt qu’une fois » des camerounais, la reculade en pleine épreuve du feu de Bernard NJONGA s’est-elle opérée ? C’est ici que la signification de son acte prend tout son sens. Elle corrobore l’idée selon laquelle l’initiative de création de l’ACDIC par NJONGA n’émane guère d’un quelconque « substrat militant » venu du fond des tripes. Sinon, Bernard NJONGA n’aurait certainement pas mis « mis en avant » sa personne propre (voyez ses dénégations devant le procureur de la république pour éviter la condamnation). Mais, plutôt, l’association, c'est-à-dire la lutte citoyenne. En acceptant d’en payer le prix de sa noble cause et récolter demain la reconnaissance unanime des masses camerounaises. Qu’il en ait été tout autrement est significatif de ce que la militance citoyenne, une fois encore, n’est guère prise très au sérieuse en nos contrées équatoriales. Elle ne sert le plus souvent que pour les besoins de la cause.
On nous rétorquera sûrement que, de notre place, « la critique est aisée ». Qu’il est trop facile de requérir des autres ce qu’on ne serait certainement pas prêts à consentir soi même. Peut-être. Pourtant, ce qu’il importe véritablement de faire valoir ici, c’est ceci : nul n’a obligé les dirigeants de nos organisations en lutte (syndicats, partis progressistes, associations citoyennes, etc.) à occuper en pôle position les postes de direction. Le minimum qu’on puisse attendre d’eux, c’est bien qu’ils assument jusqu’au bout les actes qu’ils posent, qu’ils posent sans cesse jusqu’au bout des actes en faveur de la lutte. Sans une telle manière de voir les choses, nous n’avancerons pas d’un seul pouce. Rendons-nous bien compte que si aujourd’hui il est constant que les camerounais se désintéressent totalement de la lutte, n’est-ce pas en réalité parce que en cette matière, là aussi, tout a été érigé en tricherie et en « manip’ des masses » ? Apportons-en une dernière preuve avec la politique du « one man show » en vogue dans l’association de Bernard NJONGA.