Cameroun,CNPS : Les péchés mignons du DG
Cameroun,CNPS : Les péchés mignons du DG
La réhabilitation à grand renfort de publicité de l’immeuble ministériel N°1 cache mal les incohérences managériales qui sévissent dans la banque des retraités. Les tensions de trésoreries pointent inéluctablement à l’horizon.L’histoire retiendra que le Délégué du Gouvernement auprès de la communauté Urbaine de Yaoundé Gilbert Tsimi Evouna avait poussé un ouf de soulagement dès l’annonce des travaux de finition du tristement célèbre « Immeuble de la mort », illustre poche d’insalubrité et d’insécurité au cœur de la capitale camerounaise. Si l’autorité municipale peut s’enorgueillir de cette prouesse managériale qui apporte un coup de neuf dans la ville aux sept collines, les assureurs sociaux, pensionnés, usagers et employés de la Cnps dénoncent la dilapidation des fonds par un placement hasardeux dans un secteur très instable.
Cette inquiétude se fonde sur la mauvaise période qu’avait passé l’institution dans les années 90 où le non paiement de la dette de l’Etat avait asséché ses caisses et l’empêchait de remplir convenablement ses missions. On se rappelle encore des scènes macabres de vieillards bastonnés pour revendication de leurs pensions. Ce spectacle désolant était dû aux investissements à l’emporte pièce dans l’immobilier et la prise de participations dans les banques et sociétés diverses. Et la gestion gabégique des entreprises publiques les a tous conduit à la banqueroute et l’Etat dans sa posture de régulateur avait consenti rembourser les fonds issus de ces participations dans le capital de ces sociétés.
Il a fallu du temps pour que cette dette soit
payée, elle est d’ailleurs pendante. Une entreprise fonctionnant dans
les normes n’aurait pas connu ce genre de difficultés car ses placements
immobiliers devraient renflouer ses caisses et le recouvrement des
cotisations pouvait l’amener à s’acquitter de ses missions statutaires.
Point de cela, la gestion du parc immobilier de la Cnps était opaque,
le patron de la Pigt (Prévoyance immobilière, gestion des travaux)
Atangana Bengono et le Dg/Cnps Pierre Désiré Engo furent les premières
proies de l’épervier en 1998. La leçon de cette sanction sera que les
bénéfices générés par la Cnps, doivent être utilisés pour le bien être
des retraités et assurés sociaux. Il est inadmissible que la Cnps soit
incapable de payer les prestations et droits dus aux personnes cibles.
Louis Paul Motaze qui prit les rennes de la banque sociale noua le
dialogue avec le gouvernement et un échéancier de paiement fut décidé.
Par la suite une dynamique de recouvrement fut instituée, elle va
culminer avec un partenariat conclu avec la direction générale des
impôts.
Conséquence immédiate la surliquidité suivie des malversations
financières que nous avons abondamment décriées dans une de nos
éditions. Mekulu Mvondo Akame qui arrive par la suite aux affaires
maintient bien le cap et innove d’ailleurs par le paiement de toutes les
prestations en un jour. Une performance très appréciée par tous et qui a
fait dire que la Cnps s’est définitivement réconciliée avec le public.
C’était sans compter avec le personnel qui a saisi la balle au bon
moment pour réclamer la revalorisation de leur salaire car la bonne
tenue de la caisse se récompense. Le personnel reçoit un refus
catégorique de la direction générale sous le fallacieux prétexte que la
Cnps n’est pas une banque commerciale générant des bénéfices à partager
avec ses employés. Or la législation du travail exige la motivation du
personnel pour accroître le rendement. Ce n’est que ça que réclamait les
agents Cnps, Mekulu Mvondo Akame a rejeté la doléance en bloc car
l’auditeur qu’il est, n’avait pas fait fortune au Contrôle Supérieur de
l’Etat, encore moins à Hévécam ou à la Présidence de la République.
Après le tape-à-l’œil du paiement des prestations en un jour, Mekulu
Mvondo Akame doit s’engraisser pour comptabiliser villas, terrains,
cylindrées et maîtresses comme ses collègues Dg. Le parc immobilier
passe ainsi au scanner et la quasi-totalité des contrats sont revus.
Difficile d’expliquer à Yaoundé comment l’agence de Mvog-Mbi se retrouve
à Nkolndongo ? Ou celle de Mimboman qui a pris ses quartiers à
Kondengui ? Seul le manager Mekulu Mvondo Akame peut le dire. Quelle
urgence Mr le Dg et son staff avaient à engloutir des milliards de Fcfa,
fruit de plusieurs années de cotisations de milliers de travailleurs,
pour un immeuble que beaucoup d’opérateurs avaient décliné l’offre ? Il
ne faut pas se voiler les yeux, au Cameroun, un grand chantier d’une
tour comme celle là est une mine d’or pour le maître d’ouvrage avec les
juteux marchés et sa cohorte de trafics. N’allez pas croire que
l’entreprise chinoise adjudicataire du marché soit un enfant de cœur.
Les prochains jours nous édifierons si cet investissement était
éminemment opportun.
La politique de recyclage des bénéfices et autres
avoirs dans des secteurs porteurs est une stratégie managériale louable
qui a fait ses preuves ailleurs, mais au Cameroun, cette option a
lamentablement échoué. La Cnps et l’ex-Oncpb en sont des exemples
emblématiques. Rééditer l’exploit est un risque énorme à quelques mois
seulement de l’embellie financière retrouvée de la Cnps dont le réalisme
aurait commandé l’enracinement de la culture de recouvrement avant de
prétendre à tout placement. Si la trésorerie se porte mieux
actuellement, personne ne peut parier de ce qu’elle sera dans trois ou
cinq ans pour qui connaît la démobilisation constatée dans
l’administration fiscale. Les fonds accumulés jusque-là devaient calmer
définitivement les pensionnés et assurés sociaux que le renouveau entend
tranquilliser davantage à la veille des échéances que l’on connaît.
Briser cette sérénité serait une erreur monumentale.
Mekulu Mvondo Akame Alain Noël Olivier devrait dans l’avenir faire des
choix judicieux pour éviter l’ire de l’homme Lion car il y a bien de
secteurs où les fonds recyclés de la Cnps seraient en bonne sécurité lui
permettant d’assumer convenablement ses missions régaliennes.