Cameroun,Cinquantenaires de l'indépendance et de la réunification : Pour une mobilisation patriotique de la diaspora camerounaise
Cameroun,Cinquantenaires de l'indépendance et de la réunification : Pour une mobilisation patriotique de la diaspora camerounaise
Au
moment où tous les discours officiels sont axés sur la célébration des
50 ans d’indépendance de notre pays, le ministre des Relations
extérieures a commis une tribune dans laquelle il invite les
Camerounais vivant à l’extérieur, à plus de responsabilité et de
patriotisme.La conduite de la Diplomatie Camerounaise, au cours de la
période récente, intègre une double préoccupation, concernant les
Camerounais de l'étranger : - d'une part : dans le cadre des missions
permanentes de l'Etat et en vertu du lien de nationalité qui les unit,
se préoccuper des décisions et agissements qui pourraient, en violation
des usages ou des traités, compromettre la sécurité, les droits et les
avantages de des ressortissants camerounais, voire mettre en cause sa
propre crédibilité internationale, en laissant infliger à ceux-ci un
traitement offensant et préjudiciable ;
- d'autre part : dans la mesure où ses ressortissants contribuent, dans
les pays d'accueil, à l'influence, au commerce et aux intérêts des pays
d'origine, mobiliser les apports multiformes de ces ressortissants,
face à la raréfaction des flux d'aide publique au développement et à la
sensibilité croissante des opinions publiques nationales.
Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul Biya, a clairement affiché cette volonté politique, à l'occasion de sa Rencontre historique, à Paris, avec les Camerounais de la Diaspora, au cours de sa dernière visite officielle en France, en juillet 2009. Depuis lors, le Gouvernement a initié des actions qui augurent des perspectives nouvelles dans la valorisation et l'implication de la Diaspora Camerounaise à la stratégie nationale de développement. La célébration des Cinquantenaires de l'Indépendance et de la Réunification du Cameroun se déroulera, en 2010 et 2011, avec cette toile de fond. L'état des lieux concernant cette Diaspora permet de mieux cerner la pertinence et la portée attendue de ces initiatives.
I - Etat des lieux concernant la diaspora : les camerounais a l'étranger, qui et où sont-ils ?
A - Effectifs de la Diaspora Camerounaise
Les effectifs des Camerounais de la Diaspora sont difficiles à cerner,
faute d'un recensement exhaustif. Néanmoins, d'après les estimations
faites à partir des données fournies par nos missions diplomatiques et
postes consulaires, le Cameroun compterait près de 4 millions de ses
ressortissants, disséminés de par le monde. La répartition de ces
effectifs par pays est très inégale, ainsi que l'illustrent les données
ci-après : Gabon : 50 000 personnes ; Guinée Equatoriale : 16 000 ;
Nigeria : plus de 2.000.000 ; Côte d'Ivoire : 6000 ; Soudan : 5000 ;
Suisse, 4200 ; France: environ 40 000 ; Allemagne : plus de 7 000; Pays
Bas : plus de 5 000 ; Belgique : 12000 ; Etats-Unis : plus de 700 000
(dont 250 000 se sont naturalisés Américains) ; Maroc : 500.
Ces statistiques sont, bien évidemment, largement en-deçà de la réalité. Or, pour que l'Etat camerounais puisse se sentir qualifié pour suivre et répondre de la situation d'une personne, dans ses activités et ses déplacements, indépendamment de sa localisation spatiale, il est nécessaire que celle-ci lui soit rattachée par un lien de nationalité. Au plan international, la fonction de ce lien est double : ce dernier étend, au moins partiellement, l'ordre juridique national existant à des personnes qui ont un lien permanent de dépendance avec le pays d'une part ; il permet à l'Etat d'assister ces personnes face aux difficultés qu'elles peuvent rencontrer dans leurs rapports avec leur Etat de résidence, d'autre part.
Ce lien de nationalité n'est pas établi a priori. Il découle plutôt des résultats d'un recensement permettant à l'Etat de faire le tri entre ses propres ressortissants et ceux d'autres pays. Cette opération apparaît ainsi comme un préalable nécessaire pour une identification exacte des concernés, seule manière crédible de mettre en évidence le lien légal, à savoir la nationalité, qui les rattache à l'Etat camerounais. La réussite d'une telle opération sollicite, par conséquent, une collaboration active des principaux concernés. L'Etat ne peut, en effet, leur apporter efficacement son assistance et sa protection diplomatiques dans les pays de résidence que s'ils sont identifiés comme étant des citoyens camerounais au niveau de nos missions diplomatiques et postes consulaires.
B - Structure actuelle de la Diaspora Camerounaise
La structure de la Diaspora Camerounaise varie selon les pays d'émigration. Certains pays du continent ont, au lendemain des indépendances, signé des accords spécifiques avec d'anciennes puissances tutélaires pour la mise à disposition d'une main-d'œuvre abondante, dédiée à des travaux subalternes. Tel n'est pas le cas du Cameroun, dont la Diaspora est largement issue de flux migratoires volontaires. Il s'agit, pour la plupart, d'étudiants, de travailleurs qualifiés en quête de meilleure fortune à l'étranger ou de diplômés à la recherche d'emplois, auxquels se sont ajoutés, depuis le début des années 1990, de nombreuses personnes des deux sexes, aux motivations diverses et répondant à l'appel du large. Celles-ci se retrouvent parfois, au quotidien, impliquées dans des activités illicites, qui déteignent négativement sur l'image du Cameroun à l'étranger. Les pays avec lesquels le Cameroun partage une frontière commune sont, par nature, des zones de migrations structurelles.
Il demeure que, d'une manière générale, dans les
pays d'accueil, les Camerounais en situation régulière sont plutôt bien
intégrés. En témoignent les nombreux mariages mixtes enregistrés,
suivis de naturalisations. Dans certains pays, on retrouve même des
Camerounais exerçant dans les administrations locales. C'est le cas
notamment en France où le Cameroun peut se flatter d'avoir un de ses
fils Préfet de Région.
Selon les estimations du Consulat Général du Cameroun à Paris, la
Communauté Camerounaise, actuellement la plus importante des pays
subsahariens dans l'Hexagone, se répartit, de façon très inégale, entre
les étudiants (5000), les travailleurs immigrés (8000), les opérateurs
économiques (1500), les avocats (80), les artistes (500) et les
sportifs (200).
Dans la Sous-Région Afrique Centrale, les Camerounais sont présents
dans le marché de la distribution des vivres frais, ainsi que dans le
secteur informel. Ils sont également présents dans le secteur
productif, où ils ont pu créer des PME et PMI, génératrices d'emplois
et de richesses dans les pays d'accueil. En Occident et en Asie, ils
excellent dans l'activité économique (vente de voitures de seconde
main, import / export, petit commerce, services etc.).
II - Problèmes majeurs signales par les camerounais de la diaspora : comment vivent- ils ou s'intègrent-ils dans leurs pays d'accueil ?
Il convient de distinguer les rapports avec le pays de résidence et avec le Cameroun.
A- Dans les rapports avec le pays de résidence
Sans préjudice de l'équation personnelle de nos
compatriotes, les Camerounais de la Diaspora sont confrontés à des
problèmes communs ou spécifiques aux immigrants :
- intégration dans leurs pays d'adoption, en fonction des législations nationales ;
- discrimination relevant soit des excès de souveraineté des autorités
des pays d'accueil, soit d'actes de racisme ou de xénophobie ;
- maltraitance rattachable soit au tempérament collectif dans le pays
d'accueil, soit à une image négative et déformée du Cameroun.
B- Dans les rapports avec le Cameroun, pays d'appartenance ou d'origine
Les préoccupations majeures identifiées peuvent être récapitulées ainsi qu'il suit :
- non-participation à la vie politique nationale, notamment aux
différents scrutins de portée nationale, contrairement aux
ressortissants d'autres pays africains en situation similaire ;
- non-implication de la Diaspora, par des mécanismes appropriés, à
l'effort national de développement, malgré l'expertise et le capital
financier ou relationnel de la Diaspora ;
- comportements rattachables à la mauvaise gouvernance ou à la
corruption au niveau de certaines missions diplomatiques et postes
consulaires ;
- aspiration à la double nationalité ou à la pluri-nationalité, pour
répondre aux attentes des Camerounais qui, dans un ou plusieurs Etats,
ont acquis une autre nationalité originaire.
III - Cadre institutionnel de gestion de la diaspora : qu'en est-il de l'encadrement et du suivi des camerounais à l'étranger ?
Dans la mesure où ils sont installés dans
d'autres pays, ceux-ci sont soumis à la compétence territoriale de ces
Etats. Les pouvoirs de ces Etats de résidence ne sont pas, pour autant,
discrétionnaires ; ils sont limités par le droit international.
D'une manière générale, il existe de nombreux instruments juridiques
universels ou régionaux relatifs à la protection des droits de la
personne humaine et concernant les étrangers. Dans la pratique, c'est
principalement par la voie diplomatique que le Cameroun assure la
défense des droits et intérêts de ses ressortissants, leur prête
assistance et secours ; le cas échéant aussi, au plan juridique, par la
mise en œuvre de la protection diplomatique, qui est un procédé de mise
en cause de la responsabilité internationale de l'Etat d'accueil.
A - Au niveau des pays d'émigration : un encadrement différencié
La gestion des Camerounais de la Diaspora relève, dans les pays d'accueil, de nos missions diplomatiques et postes consulaires. En élargissant la juridiction de nos missions diplomatiques par l'application du principe de la représentation multiple (c'est-à-dire un Ambassadeur couvrant plusieurs pays), la nouvelle carte diplomatique du Cameroun, mise à jour au cours de l'année 2009 et comportant 35 Missions Diplomatiques et 05 Postes Consulaires, offre les possibilités d'un encadrement et d'un suivi améliorés des camerounais de la Diaspora. Sont offerts à ces derniers, en fonction des besoins et capacités réelles, divers services et formes d'assistance : délivrance de documents officiels ; information juridique ; facilitation et intermédiation sociale ; accompagnement judiciaire ; etc…
En vue de l'institutionnalisation d'un dialogue
structuré avec la Diaspora Camerounaise, nos Chefs de Missions
Diplomatiques encouragent la création d'associations des ressortissants
de notre pays et la mise en œuvre d'initiatives communautaires diverses.
Une mention particulière mérite d'être faite, en guise
d'interpellation, de certaines catégories d'associations, à l'instar du
Conseil des Camerounais de la Diaspora ou du Collectif des
Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la
Diaspora, de son acronyme "C.O.D.E.". Leur fonds de commerce est, sous
le couvert de la liberté d'opinion et d'expression des idées, la
désinformation de l'opinion internationale concernant leur propre pays,
en particulier le fonctionnement de ses institutions politiques. A
cette dernière catégorie d'associations des Camerounais, assimilables à
des " associations de malfaiteurs ", agissant ainsi, de façon
systématique ou sporadique, contre l'image et les intérêts du pays dont
ils se réclament et qu'ils prétendent servir, le Gouvernement de la
République ne peut que réserver, de façon sereine et responsable, le
traitement diplomatique qu'ils méritent. Au demeurant, sur le plan du
droit et au niveau des pays d'accueil concernés, les déclarations et
publications respectives de ces compatriotes, concernant le Président
de la République Paul BIYA, constituent, assurément, des " injures à un
Chef d'Etat étranger ", au sens de la loi pénale.
B - Au niveau du Cameroun : un dispositif à composantes multiples
Le Gouvernement de la République a créé des
structures officielles chargées de la gestion des Camerounais de la
Diaspora, qui collaborent avec différentes institutions intervenant
dans ce domaine. Parmi ces structures, figure en bonne place le
Ministère des Relations Extérieures (MINREX), avec la Division des
Camerounais à l'Etranger, créée dans son organigramme depuis le 30
juillet 2005.
Le MINREX est, en effet, l'intermédiaire privilégié ou, mieux encore,
le centre privilégié de convergence et d'échanges d'informations entre
les instances gouvernementales et la Diaspora, voire avec tous autres
acteurs. Il assume cette responsabilité sans préjudice des compétences
spécifiques des autres départements ministériels. Dans la pratique, en
effet, tous les départements ministériels ont des projets ou programmes
qui intéressent, peu ou prou, la Diaspora. C'est le cas, notamment, du
Ministère de l'Enseignement Supérieur, qui alloue tous les ans des
Aides et des Compléments de Bourse aux étudiants camerounais de la
Diaspora. De même, le Ministère de la Jeunesse conduit des actions en
faveur des jeunes de la Diaspora, à travers le Programme d'Aide au
Retour et à l'Insertion des Jeunes de la Diaspora (PARI-JEDI). D'autres
institutions publiques interviennent aussi, comme le Fonds National de
l'Emploi (FNE), à travers son Programme d'Appui au Retour des Immigrés
Camerounais (PARIC). A côté de ces acteurs institutionnels, se
développe l'action de diverses ONG et Associations spécialisées.
IV - Actions entreprises par le gouvernement en direction de la diaspora : qu'est-il fait a l'endroit des camerounais de l'étranger ?
Deux grands axes méritent d'être signalés : la recherche d'une approche nouvelle et la mise en place des fondations d'une politique nationale de gestion de la Diaspora.
A - Promotion engagée d'une synergie positive des actions gouvernementales
Cette démarche procède d'une double conviction : la première est que la Diaspora Camerounaise dispose d'atouts incontestables et divers, pouvant être capitalisés au service du développement politique, économique, social et culturel du pays ; la seconde est que des réseaux internationaux et spécialisés existent, qui peuvent être utilement activés pour appuyer l'économie nationale et concourir à développer une image positive du Cameroun à l'extérieur.
B - Lancement effectif du processus d'élaboration d'une politique nationale de gestion intégrée de la Diaspora.
Depuis la création de la Division des Camerounais à l'Etranger au Minrex en 2005, il a été ouvert un chantier d'élaboration d'une politique nationale de gestion intégrée des relations avec la Diaspora. Cette dynamique d'échanges d'idées a pris la forme de réflexions organisées à plusieurs niveaux.
1/ Un Colloque International sur le thème " Diaspora et Développement dans les Relations Euro-Africaines " a, ainsi, été organisé, du 13 au 15 décembre 2006 à Yaoundé, par le Ministère des Relations Extérieures, avec la participation des représentants de la Diaspora Camerounaise venus d'Afrique, d'Amérique et d'Europe. Il a été particulièrement recommandé de susciter davantage l'intérêt de cette communauté pour le développement du Cameroun, à travers l'instauration d'un dialogue permanent entre celle-ci et les autorités nationales.
2/ Un groupe de travail ad hoc a été créé au sein
du Minrex, en 2008, ayant pour mission de réaliser une ébauche de
politique nationale de mobilisation, de protection et de valorisation
de la Diaspora, dans la perspective d'une concertation
interministérielle. Le Minrex a également acquis, en 2008, un logiciel
de gestion informatisée de notre Diaspora et lancé l'élaboration d'un "
Annuaire des Associations des Camerounais de l'étranger ".
3/ Lors du Conseil de Cabinet du 31 juillet 2008, à la suite de la
communication du MINREX centrée sur le thème : " La contribution des
camerounais de l'étranger au développement national ", des Directives
spécifiques ont été données par Monsieur le Premier Ministre, Chef du
Gouvernement.
4/ Last but not the least, au mois de mai 2009, le Cameroun a signé avec la France, un important accord de coopération en matière de gestion concertée des flux migratoires et de développement solidaire. Cet accord constitue une avancée considérable en ce qui concerne l'aménagement de meilleures conditions d'existence à notre Diaspora.
V - Des perspectives nouvelles concernant la diaspora camerounaise : quels sont les chantiers engages depuis la déclaration présidentielle de paris 2009 ?
L'évènement de référence concernant la Diaspora Camerounaise et sa relation à la Nation est, sans conteste, la déclaration faite par le Chef de l'Etat lui-même, le 29 juillet 2009, à Paris en France.
A - La Déclaration Présidentielle de Paris du 29 juillet 2009
Dans le cadre de sa Rencontre historique à Paris
avec les Camerounais de la Diaspora, à l'occasion de sa Visite
Officielle en France, le Président de la République a exprimé le vœu de
voir ces derniers mettre le savoir et le savoir-faire qu'ils ont acquis
à l'étranger au service du développement du Cameroun. Il a rassuré ces
compatriotes quant à la volonté de l'Etat de leur garantir, à travers
des négociations bilatérales avec les pays d'accueil, de meilleures
conditions de séjour. Par ailleurs, au sujet de deux de leurs
préoccupations majeures, il a déclaré ce qui suit : " J'ai pris bonne
note de vos doléances et de vos souhaits concernant notamment votre
participation au prochain vote électoral et aussi le problème de la
double nationalité. Ils ont retenu mon attention et feront l'objet d'un
examen objectif et rapide, en vue d'y apporter des réponses adéquates
".
Ce faisant, le Président de la République a engagé le Gouvernement à
lui soumettre, dans les meilleurs délais possibles, des éléments
pertinents d'appréciation et de décision pour lui permettre de statuer
quant à la réponse appropriée à réserver à chacune de ces deux
préoccupations. Les décisions demeurent à prendre dans ce domaine.
B - Les Chantiers gouvernementaux découlant des attentes exprimées par la Diaspora
Certains de ces chantiers sont spécifiques, d'autres permanents, tandis que d'autres se rattachent à l'actualité politique des années 2010 et 2011.
1/ Les chantiers spécifiques consécutifs à la Déclaration de Paris de juillet 2009 :
l'exercice du droit de vote et la double nationalité
a) Au sujet de l'exercice de leur droit de vote par les Camerounais de
la Diaspora : cette question renvoie essentiellement à l'organisation
matérielle de leur participation aux différents scrutins. En effet, le
droit de vote est reconnu à l'ensemble des citoyens Camerounais âgés
d'au moins 20 ans, ainsi que le précise l'alinéa 3 de l'article 2 de la
Constitution du 18 janvier 1996. Le problème de la participation de nos
compatriotes de la Diaspora à la vie politique nationale se résume, en
somme, simplement, à la mise en place des modalités pratiques
permettant l'exercice effectif d'un droit qui leur est déjà reconnu.
Cette compétence est présentement dévolue à la structure nationale compétente, à savoir " Elections Cameroon ", définie, selon la loi n° 2008/372 du 11 novembre 2008, comme l'organisme indépendant chargé de l'organisation, de la gestion et de la supervision de l'ensemble du processus électoral et référendaire au Cameroun.
b) Concernant la double nationalité : le constat liminaire qui s'impose est qu'elle est une réalité patente, bien que mal assumée. Elle est, au demeurant, de facto reconnue par le droit camerounais de la nationalité dans deux cas spécifiques, qui sont les sportifs de haut niveau et les Camerounais(es) qui acquièrent par le mariage, la nationalité de leur conjoint. Dans la perspective d'un règlement général et impersonnel de cette importante question, une modification du code de la nationalité s'impose. Un avant-projet de loi correspondant, élaboré par le Ministère de la Justice, fait l'objet des concertations gouvernementales.
2/ Les chantiers permanents, éléments constitutifs de la trame d'une politique nationale de gestion intégrée de la Diaspora
L'on peut en retenir trois :
- Premièrement : le recensement et la structuration de l'encadrement de
la Diaspora : le rôle du Minrex est d'assurer la facilitation pour
trouver les voies et moyens de recenser les différentes associations
des Camerounais de l'étranger, afin de mieux les encadrer, en leur
accordant une assistance multiforme et appropriée.
- Deuxièmement : la recherche de la mobilisation optimale du potentiel
humain et global que représentent les Camerounais de l'étranger : mise
en place de projets intégrés ; mécanismes d'incitation à
l'investissement, au retour et à la réinsertion ; dynamique
partenariale impliquant le Gouvernement, le Secteur Privé et la
Diaspora.
- Troisièmement : la capitalisation des réalisations de la Diaspora au
profit de l'image du Cameroun : une mention particulière revient à ceux
de nos compatriotes qui se distinguent par leur ingéniosité ou talents
divers ou particuliers, qui ont su mériter d'accéder à des hautes
fonctions ou à des postes de responsabilités dans les Organisations
Internationales. Avec les Artistes et Sportifs de haut niveau, ils
constituent, en effet, de véritables " ambassadeurs de fait " du
Cameroun à l'étranger, au même titre que nos valeureux "Lions
Indomptables" dans toutes les disciplines sportives.
3/ Le chantier de la célébration des Cinquantenaires de l'Indépendance et de la Réunification : une opportunité à saisir
Le Président de la République a créé, par décret
n° 2010/038 du 04 février 2010, un "Comité National d'Organisation des
Cinquantenaires de l'Indépendance et de la Réunification du Cameroun",
présidé par le Directeur du Cabinet Civil de la Présidence de la
République. Au sein de ce Comité, le Minrex anime les activités de la
"Commission des Camerounais de l'Etranger", chargée des relations avec
ces derniers, du suivi des célébrations à l'étranger des
Cinquantenaires et de la liaison avec les Missions Diplomatiques et
Postes Consulaires à l'étranger.
a/ L'enjeu majeur pour la Diaspora Camerounaise est de parvenir à une
appropriation de cette célébration, pour la décliner en temps forts de
l'union sacrée autour de notre Patrie, le Cameroun, " Berceau de nos
ancêtres " à tous, tant pour ceux qui vivent à l'intérieur que pour
ceux qui évoluent à l'étranger. Peuvent être envisagées dans cette
optique :
- d'une part : des initiatives propres, individuelles ou collectives en
groupes organisés ou clubs, d'activités de rassemblements thématiques,
de contributions intellectuelles ou artistiques visant la promotion de
la connaissance approfondie ou d'une image positive du Cameroun ;
- d'autre part : la participation organisée et assidue des uns et des
autres aux initiatives et actions engagées par les Chefs des Missions
Diplomatiques ou des Postes Consulaires du Cameroun à l'étranger, leur
servant de pôles de rattachement.
b/
Dans le cadre du brainstorming qui nous interpelle tous, à travers la
dynamique de la célébration des Cinquantenaires de l'Indépendance et de
la Réunification du Cameroun, trois exigences fondamentales nous
semblent s'imposer à chaque Camerounais de l'étranger :
- en premier lieu : saisir l'opportunité offerte pour consolider le
lien de rattachement à l'Etat et son appartenance à la Grande Famille
des membres de la Communauté nationale ;
- en deuxième lieu : assumer son identité nationale et les obligations
citoyennes qui s'y rattachent, au même titre que le font les nationaux
de son pays d'accueil ;
- en troisième lieu : se projeter dans une communauté de destin avec
ses compatriotes, avec une conscience aigüe des responsabilités des
Aînés envers les Cadets, par référence à l'esprit de famille.
En guise de conclusion
les générations des Aînés, auxquelles nous
appartenons tous, Camerounais de l'étranger comme de l'intérieur, se
doivent, en permanence et par-dessus tout, de faire montre
d'autodiscipline, et de conjurer, dans leurs esprits, les démons des
années 1990-1992 ; période au cours de laquelle d'authentiques
Camerounais ont choisi d'effectuer de véritables expéditions à
l'étranger, pour solliciter les appuis des Gouvernements étrangers à
l'effet de desservir leur propre pays et d'organiser la strangulation
économique et financière de ce dernier.
En tout état de cause, les exigences de la culture de la citoyenneté
responsable, éveillées et développées en nous, à travers les programmes
scolaires d'Instruction et d'Education Civique, autant que la Sagesse
Africaine elle-même, nous interpellent et nous engagent tous,
aujourd'hui, à nous abstenir de nous constituer en "agents de
l'étranger", en citoyens irresponsables, en "prophètes de malheur",
encore moins en "kamikazes politiques bénéficiant, à l'étranger, de
polices d'assurance tous risques", pour poser, de sang froid, des actes
contraires aux intérêts de notre Patrie commune, ou accepter d'en
devenir les complices actifs ou passifs.
Le Cameroun, ce beau pays qui nous appartient à tous, a davantage
besoin, il convient de le rappeler, non de la myopie, de l'amnésie ou
de la félonie de certains de ses fils et filles, mais plutôt de la
mobilisation optimale et de la contribution multiforme de tous ses
"enfants, du nord au sud, de l'est à l'ouest", pour le développement
national, potentiellement générateur de progrès social au profit de
tous et de chacun. Par référence à notre célèbre chant de ralliement,
notre Hymne National, " servir " le Cameroun, avec " amour " et de bon
cœur, doit être notre " seul but " et notre " devoir " patriotique à
tous./-