Cameroun,Affaire Bibi Ngota: L'Ordre national des médecins se rétracte
Cameroun,Affaire Bibi Ngota: L'Ordre national des médecins se rétracte
D'après le président de cet organe, aucune mesure disciplinaire n'a jamais été envisagée à l'encontre du médecin de l'infirmerie de la prison centrale de Kondengui, Dr Francis Ndi...C’est dans une véritable foire d'incompréhension et de cacophonie que baigne actuellement le dossier Bibi Ngota concernant son pendant médical. A l'origine de ce climat, ce que d'aucuns qualifieraient d'«attitude ambivalente» de l'Ordre national des médecins du Cameroun (Onmc), l'instance qui devrait sévir contre le médecin de l'infirmerie de la prison centrale de Kondengui, accusé d'avoir violé le secret médical.
Le vendredi 4 juin 2010, le bureau nouvellement élu de l'Ordre national des médecins du Cameroun a été reçu par le ministre de la Santé publique, M. André Mama Fouda. L'allégeance de l'équipe dirigée par le docteur Guy Sandjon à «sa hiérarchie médicale» a marqué le point de départ des travaux du premier conseil ordinaire de l'Onmc sous l'ère Sandjon. Contrairement à l'idée répandue, le conseil de l'ordre n'a pas cru devoir évacuer le dossier Bibi Ngota, dès sa première rencontre. Pis, à en croire certains médecins membres de l'Onmc, qui ont déchanté à la fin des travaux, le sujet n'était même pas inscrit à l'ordre du jour des assises. Nombre de médecins ont laissé pourtant entendre que l'occasion était idoine lors de ce premier conseil pour évacuer le dossier disciplinaire de M. Francis Ndi.
Approché par Repères, le docteur Guy Sandjon rejette en bloc l'existence même d'un dossier disciplinaire à l'encontre de M. Francis Ndi, le médecin responsable de la divulgation du secret médical. Le président de l'Onmc affirme d'ailleurs que «l'Ordre national des médecins n'a Jamais envisagé des mesures disciplinaires vis-à-vis du médecin de l'infirmerie de la prison de Kondengui.» Le président de l'Onmc poursuit qu'il n'a jamais été au courant de la responsabilité du Dr Francis Ndi dans la divulgation du secret médical de son malade. Cependant, il a reconnu que l'organe peut se réunir à tout moment au cours d'un conseil de discipline pour plancher, le cas échéant.
Dans une sortie retentissante de son président, Dr Guy Sandjon, l'Onmc avait pourtant laissé transparaître son indignation, et promis d'enclencher des mesures disciplinaires à l'encontre du médecin de l'infirmerie de la prison centrale de Yaoundé, qui avait en charge le malade Germain Cyrile Ngota Ngota. Le vendredi 30 avril 2010, le ministre de la Communication (Mincom) avait fait des révélations sur le statut sérologique du journaliste décédé en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé dans la nuit du 21 au 22 avril 2010. M. Issa Tchiroma Bakary déclarait publique ment que l'infortuné est décédé des suites d'infections opportunistes subséquentes au VIH-Sida. Des informations que M. Francis Ndi avait couchées sur le certificat de genre de mort du journaliste.
Dans l'avalanche des dénonciations et autres condamnations y faisant suite, l'Onmc était monté au créneau en dénonçant avec véhémence la violation du secret médical par le ministre de la Communication. «Cette façon de procéder a profondément choqué les médecins que nous sommes, car le secret médical est un droit absolu pour tout patient comme le stipule l'Article 4 du Titre 1er du décret n°83-166 du 12 avril 1983 du président de la République portant Code de déontologie des médecins», s'était indigné le docteur Guy Sandjon dans un communiqué rendu public à Douala, le 04 mai 2010. Au sein du conseil de l'Ordre, nombre de médecins avaient laissé entendre leur souhait de voir l'Onmc aller plus loin en sévissant par des sanctions disciplinaires à l'encontre de leur confrère.
© Répères : Marie Robert Eloundou