Cameroun,Achat des hélicoptères : Ce que Ze Meka a dit à la Dgre
Cameroun,Achat des hélicoptères : Ce que Ze Meka a dit à la Dgre
Un ancien ministre de la Défense entendu à la Dgre. Des thèses qui se contredisent. Des arguments qui confortent Rémy Ze Meka. Zones d’ombre et embarras des accusateurs.Remy Ze Meka serait tombé en disgrâce. ‘’Bad Boy’’ a été convoqué et entendu le 27 avril dernier, non par la police judiciaire, mais par les éléments de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre), le contre-espionnage camerounais, basé à Yaoundé. Filtrant de l’enquête, des indiscrétions parlent d’un soupçon de détournement lors d’une commande de deux hélicoptères de combat de fabrication française, des Gazelles d’occasion, destinés à la lutte contre les pirates dans la zone de Bakassi. On ne retrouve nulle trace aujourd’hui de ces commandes, alors que le contrat a été remis en question et annulé par son successeur au ministère de la Défense, Alain Edgar Mebe Ngo’o. L’argent ne serait jamais parvenu au fournisseur, selon une enquête menée par un ministre chargé de mission à la présidence de la République. Quoi qu’il en soit, l’achat aurait abouti que le scandale n’en aurait pas été moins retentissant car, selon une source, ‘’les Gazelle ne tenaient plus que par la peinture.’’ La chose est beaucoup plus complexe et Rémy Ze Meka a tenu à restituer la vérité, lors de son audition, selon des sources.
Le projet de sécurisation des eaux qui entourent la presqu'île de Bakassi est une initiative de l'homme d'affaires franco-israélien Michel Farjon. Un plan qui a vu le soutien de l'Etat belge qui s'était engagé en 2009, à financer plusieurs projets d'équipement radar des ports de Douala, Limbe et Kribi avec le groupe Bats, et le dragage du Port autonome de Douala par la holding Jan de Nul. La Belgique met 18 millions d'euros (12 milliards de F Cfa environ) sur la table. Seulement, la contestation d'un contrat de vente de deux hélicoptères Gazelle par la société Ris (Rotorcraft International Services) de Farjon, dans le cadre de ce même projet de sécurisation des ports bloque l'ensemble du dossier. Les deux hélicoptères achetés en Hongrie par Ris sont remis à neuf et sont bloqués avec leurs deux instructeurs- pilotes français chargés de former des Camerounais, à Londres. De sources proches du ministère de la Défense, on apprend que le Bir a commandé au Canada deux hélicoptères Bell 412. Ce qui suscite une réaction prompte des dirigeants de la société Ris qui, dans sa dernière offre aux autorités camerounaises, propose de substituer ses deux Gazelle par deux appareils Augusta 109 Cm appartenant à l'armée belge. Fallait-il que Rémy Ze Meka soit entendu à la Dgre ? Avec sa nomination à la tête de la Défense, le 30 juin 2009, Edgar Alain Mebe Ngo’o semble avoir perdu le sens de la mesure. Lors de son audition à la Dgre, Rémy Ze Meka a rappelé à ses interlocuteurs que la plupart des marchés passés par le ministère délégué à la présidence de la République chargé de la Défense sont les marchés spéciaux.
Selon l’article 30 du décret du 24 septembre 2004, portant Code des marchés publics au Cameroun, ‘’Les marchés spéciaux sont des marchés qui ne répondent pas, pour tout ou partie, aux dispositions relatives aux marchés sur appel d'offres ou aux marchés de gré à gré. Ils comprennent essentiellement les marchés relatifs à la défense nationale, à la sécurité aux intérêts stratégiques de l'Etat.’’ Ces marchés comportent des clauses secrètes pour des raisons de sécurité et d'intérêts stratégiques de l'Etat, et échappent de ce fait à l'examen de toute commission des marchés publics prévue par le présent Code. Ces marchés concernent l’acquisition de tous équipements ou fournitures et les prestations de toute nature directement liée à la défense nationale, à la sécurité et aux intérêts stratégiques de l’Etat. Les personnes qui ont diligenté l’enquête contre Rémy Ze Meka ne pouvaient pas l’ignorer. En effet, le ministère de la Défense est un Etat dans l’Etat au Cameroun. Au nom de la souveraineté et du ‘’secret défense’’ qui tend à devenir le secret dépense, ce département ministériel englouti des sommes faramineuses, sans aucun mécanisme de contrôle. Bien malin qui pourrait aujourd’hui dire à quand remonte la dernière mission de contrôle supérieur de l’Etat, au ministère de la Défense où le Code des marchés publics est considéré comme une affaire des civils. Selon des informations puisées à bonne source, le dernier passage des inspecteurs et contrôleurs de l’Etat au ministère de la Défense remonte à il y a 30 ans. C’est normal aujourd’hui que Rémy Ze Meka pense qu’un complot a été ourdi contre sa personne.