Cameroun : Yaoundé se sucre au bon prix
Cameroun : Yaoundé se sucre au bon prix
Le
ministère du Commerce, en partenariat avec la société sucrière du
Cameroun, a lancé depuis hier la semaine du sucre dans la capitale. «
Cette opération spéciale est dédiée au consommateur final à l’exclusion
des relais de distribution classique, » précise-t-on au ministère du
commerce. Et pour cause, les organisateurs de la semaine du sucre
tiennent à contourner les foyers de spéculation « qui ont prospéré au
cours des dernières semaines à la faveur de la rareté du produit et du
renchérissement du prix découlant du marché international ».
Autrement dit, il s’agit d’une opération de vente directe du sucre aux
consommateurs dans des points fixes à travers la capitale à raison de
650 F Cfa, le paquet. L’opération qui s’étend du 29 novembre au 04
décembre prochain a pour objectif de « rapprocher le produit du
consommateur qui pourra l’acheter au juste prix. De même, nous comptons
amener les spéculateurs qui ont jusque là stocké leurs marchandises à
les sortir parce qu’une fois que le sucre sera commercialisé partout,
ils n’auront plus de raison de spéculer » explique le directeur du
commerce intérieur Valentin Mbarga Bihina.
Les consommateurs de Yaoundé, en dehors des sites d’achat habituel
pourront s’approvisionner dans sept points de la capitale: le marché
central à travers les magasins Socopral, le quartier briqueterie, grande
mosquée, le carrefour Etoudi ; le quartier Ekounou lycée, quartier
Nkomkana, le rond point express et le marché Mokolo. Au ministère du
commerce, on espère que « les consommateurs sauront tirer avantage de
cette aubaine. » Face à la pénurie qui fait de la résistance. C’est que
dans certains quartiers de la capitale, le sucre – surtout en carreau-
reste rare. Le paquet lorsqu’il est trouvé revient à 750Fcfa, voire
900Fcfa du fait de la pénurie de ce produit de grande consommation sur
le marché
Le retour de production de Sosucam début novembre, après plus de quatre mois de repos ne satisfait pas encore l’essentiel de la consommation. Même si on parle d’un démarrage en trombe qui a fait fi des rodages mécaniques habituels. 600 à 700 tonnes par jour. Toute chose qui font dire à certains acteurs de la filière sucre ministère que le gap observé actuellement sur le marché est moins que ce que les commerçants veulent laisser croire. L’initiative du ministère du commerce vise donc à dédramatiser la situation, en permettant à chaque consommateur de la ville de s’offrir au moins un paquet de sucre.
Contrebande
Auparavant, d’autres initiatives du gouvernement
ont été prises dans ce sens. C’est ainsi que depuis près de deux mois,
des comptoirs installés par deux opérateurs à l’entrée du ministère du
commerce et à la délégation régionale de ce ministère pour le centre
proposent aux usagers des paquets de sucre à hauteur de 675Fcfa.
L’initiative est également accompagnée par certains magasins
citoyens.Par ailleurs, le gouvernement a eu recours à des importations
d’appoint pour satisfaire les besoins du marché domestique « dont les
stocks, selon des sources officiels ont été érodés par des exportations
illicites vers les pays voisins »,
En mars 2010 un premier quota d’importation de 35 000t de sucre est
autorisé, sur la base de la valeur transactionnelle et en exonération
des droits et taxes de douane. En juillet, un nouveau quota
d’importation de 35 000t de sucre est autorisé pour limiter les affres
d’une crise qu’on dit internationale. Depuis le début de l’année 2010,
le marché international du sucre subit une crise persistante provoquée
par la chute de production de l’Inde, principal producteur du sucre dans
le monde, du fait des problèmes climatiques considérables. Le déficit
de l’offre sur le marché international a été estimé à six millions de
tonnes, entraînant une envolée des cours mondiaux. Et selon quelques
acteurs nationaux de la filière, les conséquences de cette crise sur le
Cameroun ont été immédiates : « certains pays voisins, à l’instar du
Nigeria, qui avaient tendance à écouler leurs produits au Cameroun sont
devenus demandeurs. C’est ainsi que des réseaux de contrebande se sont
constitués pour exporter illicitement du sucre Sosucam vers ces pays où
il semble plus rémunérateur.
D’après les statistiques officielles, la production nationale est
estimée à 125 000t de sucre par an, pour une consommation de 150 000t
soit un déficit structurel de 25 000t. Et ce gap est généralement
comblé par des exportations autorisées par le gouvernement.