Cameroun: Voici pourquoi il faut chasser Vincent Bolloré
Horizons nouveaux
La fin récente de la crise d’engorgement du Port Autonome de Douala a généré une nouvelle vocation : celle de cerbères locaux de la plume s’intégrant parfaitement dans la propagande néocoloniale visant à laver plus blanc le groupe Bolloré contre quelques minables deniers de Judas.
Les plus zélés d’entre eux, au lieu de s’occuper tout simplement du sale boulot, ont cru devoir vouer aux gémonies ceux des compatriotes qui avaient osé indexer le groupe du magnat français comme étant une des causes de la congestion portuaire. Leur point d’ancrage pour cette entreprise de "kilav" à l’intention de l’opinion publique aura été l’acquisition par Douala international terminal, filiale du groupe Bolloré en charge de l’exploitation du terminal à conteneurs du port de Douala, de quatre portiques que des spécialistes qualifient de "bas de gamme", et de deux grues mobiles de quai de portique, pour pallier petitement la crise causée par leur absence. Sérieusement piqué par la mouche de la délation du frère, un de ses bras séculiers médiatiques de la horde des vampires occidentaux qui sucent le sang du Cameroun depuis des temps immémoriaux a cru devoir déblatérer à ce sujet : « ces quatre portiques de parc jouent depuis leur opérationnalité depuis le 12 août 2014 un rôle essentiel dans l’amélioration de la productivité du terminal.
Notamment dans l’accélération et le traitement des conteneurs à l’import. Ce qui est une contribution efficace et efficiente de la Dit dans l’opération d’urgence de décongestionnement du port de Douala qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Au point que certains en ont profité pour faire une campagne de sabotage à l’endroit du groupe Bolloré ».
Au fait, si on devait l’en croire, il aurait fallu qu’avant l’acquisition de ces portiques et grues, personne ne se plaignît de la situation catastrophique qui prévalait au port de Douala depuis au moins 2013, et qui constituait une grave hypothèque à la bonne implémentation de la réforme portuaire dont l’un des objectifs-clés est « sept jours à l’import et deux jours à l’export », alors que pour l’année 2013, ce délai était passé à 18,52 jours à l’import et 13,25 jours à l’export », à cause de la saturation du port de Douala au niveau de l’import-export qui a pris de l’ampleur depuis fin 2012 et paralysait la plateforme au cœur du processus de développement du Cameroun en tant que pays disposant d’une façade maritime. Pour être de cet avis, il fallait passer sous silence le fait que le taux d’engorgement du port avait atteint un seuil dangereusement critique (145% à l’export et 123% à l’import), alors que les responsables de DIT se félicitaient justement de les avoir réduits depuis l’arrivée de leurs "nouveaux" portiques à 67% et 49% respectivement. De même qu’ils affichaient leur satisfaction d’avoir ramené à trois le nombre de navires en attente à la bouée de base contre une quarantaine pendant l’engorgement et réduit à 9000 m3 les stocks de billes de bois au parc à bois qui en contenait encore 23 000 m3 en juillet.
Une belle façon de démontrer que quelque chose n’allait pas jusqu’alors, et qu’ils avaient quelque chose à se reprocher, ou plutôt, avaient réparé le tort qu’on les accusait d’avoir commis. Sinon, pourquoi le Directeur Général de Douala international terminal, monsieur Jakob Sidenius, s’est-il senti obligé de souhaiter, en présence du ministre des Transports robert Nkili, que «L’amélioration aujourd’hui visible, doit être maintenue pour que la décongestion se poursuive et que les mesures d’exception prises deviennent permanentes» et pourquoi le Président du conseil d’Administration de DIT, monsieur Saly Ahmadou a-t-il déclaré «Avec le soutien du gouvernement, de l’Autorité portuaire maritime, de la Direction générale du Port autonome de Douala (Pad), de la Douane et des acteurs du secteur portuaire, la décongestion est en marche»
s’il n’y avait aucun problème ? Et s’il y avait problème, a-t-on jamais vu un effet qui n’ait pas de cause ? Jusqu’où peut-on aller quand on veut se faire plus royaliste que le roi ?
Les nouveaux portiques et les nouvelles grues de DIT sont en fait du pipeau L’histoire est ainsi faite de ces Camerounais qui, depuis l’époque coloniale, se sont résolument mis en travers de leurs compatriotes qui faisaient montre de patriotisme. On en a vu, l’année dernière, qui, après avoir appris que des collectifs du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Liberia et de Sierra Leone avaient dénoncé les conditions de vie et de travail dans ses plantations africaines, lors d’une Assemblée Générale du groupe Bolloré le 05 juin 2013, et réclamé l`accès des riverains à leur « espace vital » ainsi que le respect des engagements de Bolloré en matière de développement économique, y sont allés de leurs plus belles plumes pour dénoncer des « Africains insouciants qui veulent tuer la poule aux œufs d’or par leurs revendications excessives », C’est ce genre d’attitude traduisant bien la mentalité de colonisé qui a d’ailleurs favorisé, malgré l’indépendance, la multiplication dans notre pays des impérialistes comme Bolloré, qui, par mépris pour l’engeance des demeurés que sont les Africains, rémunèrent plutôt très mal leurs suppôts locaux. Un internaute, furieux, dénonçait récemment sur les réseaux sociaux : « ...parmi les actionnaires du groupe Bolloré, il y a son épouse, ses enfants, les avocats français, les assureurs etc. aucun Africain n’est actionnaire dans le groupe Bolloré, aucun Camerounais... Les activités du groupe Bolloré violent les directives européennes :les pratiques anticoncurrentielles, les ententes illicites, l’abus de position dominante !
Les africains hommes d’affaires devraient déjà l’attraire devant les juridictions de l’Union Européenne car tout y est au sein de ce groupe : du conflit d’intérêt aux ententes illicites, [sans oublier] les abus de position dominante et génocides ! » Ceux qui clament aujourd’hui avec triomphe qu’en pourvoyant le terminal à containers du Port Autonome de Douala de deux petites grues et de trois insignifiants portiques dits mobiles - qui ne paient du reste pas de mine- Bolloré a fait plus que ce qui était prévu dans son cahier de charge au moment de la si gnature de la concession savent ils seulement qu’il était convenu au moment de la signature de l’accord de concession en 2004 que Bolloré pourvoirait le port de 3 nouveaux portiques ? Manifestement on devrait répondre par la négative, tellement ils ont mangé dans les poches du PCA de de DIT - et comptent encore manger davantage - qu’il ne faut pas s’attendre à mieux de leur part que cette cécité intellectuelle qui les empêche de voir et de raisonner. Il faudrait leur révéler, pour leur gouverne, que le bon négrier, exploiteur à outrance et pilleur devant l’éternel de l’Afrique, a attendu la crise de l’engorgement de la place portuaire pour apporter des solutions qui ne résolvent rien, dans la mesure où elles ne tiendront pas efficacement la distance au regard du flux des entrées et des sorties du PAD qui va plutôt s’augmentant. De qui se moque t-on ?, est-on tenté de se demander, quand on compare les soi-disant nouveaux équipements logistiques de DIT-Bolloré et ceux dont l’Etat camerounais avait doté notre port avant la mise en concession.
Et pour peu qu’on s’avise d’observer que les manquements de Bolloré dans la réalisation du cahier de charges de la concession du terminal à containers sont identiques à ceux relevés dans les autres pans du patrimoine national dont il a obtenu l’exploitation temporaire depuis le lancement du processus de privatisation (chemin de fer, plantations de palmiers à huile, parc à bois...), peut-on avoir la patience de supporter encore longtemps ce type d’investisseurs dans un pays qui a à coeur de recouvrer sa souveraineté sur le plan économique pour s’assurer une véritable indépendance politique et marcher en avant vers l’émergence? C’est une question de conscience!
Carine Kamogne