Cameroun : vers une présidentielle anticipée
Plus l’année fatidique 2011 approche, plus les inquiétudes de Paul Biya augmentent, vu les différents mouvements sociaux qui se préparent pour lui barrer la voie en 2011. D’où la tentation d’anticiper l’élection présidentielle pour au plus tard octobre 2010. Ce serait machiavélique, mais une bonne manière de court-circuiter un mouvement social d’envergure qui se prépare et s’agrandira au fur et à mesure que 2011 approchera. Programmer donc la présidentiel d’ici l’an prochain est, sans nul doute, une stratégie pour tuer dans l’œuf les chances d’un potentiel candidat sérieux.
Bien que M. Biya ait obtenu l’onction de Paris pour sa candidature à la prochaine présidentielle, la situation reste très préoccupante au sein du RDPC. Déjà lors du dernier remaniement, de sources sûres, aux moins deux camerounais auraient refusé de rejoindre le gouvernement. Il y a également un possible séisme qui pourrait ébranler le parti des flammes suite aux arrestations que certains citoyens qualifient d’arbitraires ou de politiquement motivées. Le cas du professeur Gervais Mendozé qui dérange les camerounais. À ce cas, il faut ajouter la levée de l’immunité parlementaire du député Atangana Zang dont on dit en fuite qui divise toujours les caciques du parti. D’où la gesticulation, ces temps ci, de différents groupes proches du pouvoir, et surtout des états-majors du RDPC qui de motions en motions, tentent d’arrêter un bateau donc le départ du capitaine pourrait les surprendre.
En fait, dans certaines localités du Cameroun, surtout celles dont les fils sont actuellement enfermés pour cause de détournement de biens publics dans ce qu’on appelle désormais la sous section RDPC de Kondengui, les habitants semblent, avoir déjà renoncé à voter pour le candidat naturel du RDPC, son président Paul Biya.
Ces frustrés de l’arbitraire qui consiste à attraper certains bandits en col blanc tout en épargnant d’autres, pourraient massivement voter pour un autre candidat. D’ailleurs n’entend-t-on pas de plus en plus certains compatriotes dirent : « En plus de 25 ans au pourvoir que nous a-t-il apporté? Rien !». Disent-ils. Et de poursuive « A part nommer nos fils pour les arrêter après ». « Avec Ahidjo on a eu des routes, hôpitaux, dispensaires. Avec Biya rien!» clament-ils fort à qui veut les entendre. De mémorandum en mémorandum sans accusé de réception, ils se sentent désormais abandonnés et souhaitent démentir, lors de la prochaine présidentielle, la thèse qui voudrait que leurs votes soient d’office acquis pour le candidat Biya. Il est donc claire que beaucoup de Camerounais semblent avoir déjà renoncé à offrir leur vote au chef actuel du parti des flammes et n’attendent qu’un candidat sérieux pour lui accorder leurs votes.
L’homme du grand Nord dérange
L’attitude et les sorties médiatiques de Garga Haman Adji inquiètent sérieusement Paul Biya. Paul Biya craint une union menée par GHA, qu’on qualifie d’«homme du grand nord». Homme très pragmatique, il est aussi un fin stratège, dit-on de lui.
Déjà dans une entrevue qu’il a accordée à un de nos confrères, il ne mâche pas ses mots et entend être bien dans l’arène politique lors de la prochaine présidentielle. Selon lui, les maux dont souffre le Cameroun aujourd’hui résultent d’une mauvaise gouvernance. «Le Cameroun est mal gouverné et les conséquences sont dramatiques. Le chômage n’en est que la résultante. J’entends souvent parler de la lutte contre la pauvreté, c’est la lutte contre le chômage. Moins il y aura de chômeurs, plus il y aura de revenus à encaisser. Alors, on tourne autour du pot, pour faire plus de bruits et tromper le peuple. C’est de la démagogie ! Le Cameroun n’est pas gouverné, la gestion est piteuse » affirmait-il en entrevue à notre confrère Max Dominique Ayissi.
Pourquoi les camerounais souhaitent un changement coûte que coûte ?
Les Camerounais, désormais bien informés par divers canaux d’information, suivent ce qui se passe ailleurs en Afrique et dans le monde. Ils ont vu notamment l’élection d’un très jeune président aux États-Unis et l’espoir qu’il apporte aujourd’hui à un peuple après huit années difficiles de son prédécesseur. Les Camerounais ont suivi avec beaucoup d’intérêt les élections au Ghana. Ils ont notamment apprécié le comportement très responsable des deux candidats qui n’étaient séparés que par moins d’un pourcent de voix. Cette démocratie responsable, où l’intérêt national passe avant l’intérêt particulier, a fait du Ghana le premier pays africain où le président Obama a rendu visite et surtout l’État où il a demandé aux africains de se prendre en main. Et comme les images parlaient d’elles-mêmes, dans la tribune présidentielle, on pouvait voir le président ghanéen John Evans Atta Mills et ses prédécesseurs John Kufuor et Jerry Rawlings, assis côte à côte. Ce qui fait comprendre qu’un président de la république n’est pas un Dieu. C’est un être en chair et os comme vous et moi. Il passe et le pays reste. En un mot, un pays continuera toujours après un président.
Ne nous trompons pas. L’alternance est garante de prospérité, car elle soumet les gouvernants à un résultat. Un pays ne saurait être l’otage d’un homme. Même si tous les camerounais n’apprécient pas à leurs justes valeurs les travaux d’assainissement des villes que font les délégués du gouvernement pour la communauté urbaine de Douala, Fritz Ntone Ntone et son homologue Gilbert Tsimi Evouna pour la communauté urbaine de Yaoundé, on peut constater avec aisance que le changement d’homme est bénéfique pour un pays. Si on peut changer l’image de Douala et de Yaoundé, on peut changer celle du Cameroun. Seul un nouvel homme, avec une nouvelle vision peut faire promouvoir ce changement donc nous aspirons aujourd’hui. Imaginez donc un homme frais à la tête du Cameroun après 27 ans de Biya! L’alternance apporte une nouvelle façon de faire, une nouvelle vision qui ne peut que nous guider vers un Cameroun meilleur.
Ne pas abandonner la pression
Cependant, il ne faudra pas compter Paul Biya pour battu. Sa stratégie caméléon d’anticiper l’élection présidentielle démontre qu’il est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. Même s’il a rassuré notre meilleur partenaire de ne pas s’inquiéter du retour en force des Nord coréens dans notre pays, il n’a pas toujours cédé aux doléances des camerounais de la diaspora qui veulent voir leur pays reconnaître la double nationalité et le vote de la diaspora. De plus en plus, on dit Paul Biya sensible à