Cameroun: Train de vie de l’Etat : Les dépenses de fonctionnement du pays représentent 60% du budget

Cameroun: Train de vie de l’Etat : Les dépenses de fonctionnement du pays représentent 60% du budget

Hummer:Camer.beAlors que la tendance mondiale est à la réduction, les dépenses de fonctionnement du pays représentent 60% du budget. Au mois de juin, le président français Nicolas Sarkozy a adressé une lettre à son Premier ministre. Dans cette correspondance, il demandait à François Fillon de réduire les dépenses d'intervention de l'Etat de 10%, de faire fusionner 150 corps, et de réduire le train de vie des membres du gouvernement qui verront leur logement de fonction soumis à la taxe d'habitation. Cette réforme de manière générale, vise à doter la France d’une administration plus rapide, moins coûteuse en «réalisant des économies intelligentes, en hiérarchisant les priorités, et en supprimant les doublons et les structures inutiles». A terme, ce vaste plan d’austérité devra déboucher d’ici 2013, à la suppression de 10 000 véhicules et de 7 000 logements de fonction.

Au Cameroun, la réduction du train de vie de l’Etat est entrée dans les mœurs selon les responsables du ministère des Finances depuis plusieurs années. «Dans la loi des Finances du Cameroun, il y a ce qu’on appelle le principe de régulation budgétaire ; ce principe a été adopté à cause de la propension de certains fonctionnaires à épuiser les ressources affectées à leurs administrations avant la clôture de l’exercice budgétaire. Ce qui occasionnait des restes à payer qui s’élevaient parfois à 400 milliards de Fcfa», indique un responsable.

D’après ce dernier, la politique de rétrécissement des dépenses de l’Etat s’appuie depuis ce temps-là, sur sa capacité à supporter un type particulier de dépenses.

«Les priorités des gestionnaires de crédits portaient dès le lancement de l’année budgétaire sur l’achat des véhicules ; cela a conduit le Pm à sortir une circulaire afin d’encadrer l’acquisition des véhicules dans les administrations publiques», indique ce responsable. En effet, face au volume impressionnant du parc automobile de l’Etat, Peter Mafany Musonge, Premier ministre d’alors, publie le 17 mars 2004 une circulaire relative à l’assainissement du parc automobile de l’Etat.

Tout en regrettant «l’acquisition effrénée de véhicules administratifs de grand gabarit, sans rapport avec les besoins réels des départements ministériels», le Pm prescrivait la réduction du train de vie de l’Etat, notamment en matière d’acquisition des véhicules. S’indignant «des rappels faits aux membres du gouvernement et aux responsables de l'Etat matière de gestion des véhicules administratifs», Mafany Musonge convoque le respect scrupuleux des décrets du 1er août 1974 et 18 octobre 2001 ; et des circulaires du 1er août 1974, du 1er novembre 1982 et du 23 juillet 2001.

Gaspillage

Si la circulaire se contente d’indiquer le type de véhicule à acheter et la catégorie de responsables auxquels ils doivent être affectés, elle restait muette sur les prix plafonds autorisés pour ce genre d’opérations. «Si on dit qu’il faut acheter un véhicule de 13 Cv qui peut coûter 100 millions de Fcfa ou un autre de 7Cv qui peut coûter 40 millions de Fcfa, on a rien fait», estime un usager. Au ministère des Finances, l’on indique que dans la loi des Finances depuis quelques années, la rubrique «acquisition des matériel roulant» se fait rare.

«Pour acheter un véhicule aujourd’hui, explique un cadre du ministère des Finances, le ministre concerné doit produire un mémorandum détaillé qui justifie l’opportunité de la dépense ; ce qui fait que depuis trois ans, les acquisitions de véhicules sont gelées à l’exception du ministère des Forêts qui le fait sur des financements obtenus des bâilleurs de fonds et qui appartiennent à des programmes spécifiques.» Malgré cela, le ministère de la Défense ou la Police continuent néanmoins d’enrichir leur parc automobile.
 
Si l’acquisition des véhicules est encadrée, l’utilisation désordonnée déjà décriée par le Pm en 2004, continue d’être un problème. «Les normes d'utilisation précisent que les véhicules appartenant à l'Etat ne sont affectés que dans l'intérêt du service public. A ce titre, aucun fonctionnaire ou agent de l’Etat ne peut en disposer à titre personnel de manière temporaire ou permanente», peut-on lire dans la circulaire.

Pourtant, au quotidien, épouses, enfants, proches de membres du gouvernement ou de responsables de la haute administration transforment le matériel roulant de l’Etat en véhicule de course, quand il n’est pas affecté aux travaux privés des concernés.

Des saisies de véhicules furent organisées en 2006 dans le prolongement de l’assainissement du parc automobile de l’Etat. Dans la foulée, un recensement physique du matériel roulant de l’Etat fut lancé par le ministère des Domaines et des affaires foncières, gestionnaire du patrimoine de l’Etat. Dans cette administration l’on indique qu’en 2008, l’Etat disposait d’environ 30 000 véhicules administratifs.
Si les véhicules constituent un gouffre à sou, les dépenses de souveraineté engloutissent 11% du budget de l’Etat soit plus de 161 milliards de Fcfa. Auxquels il faut ajouter 125 milliards de Fcfa des dépenses générales de l’administration. Pour les fonctionnaires, «on ne peut servir l’Etat dans l’inconfort ; on ne peut gérer des dizaines de milliards de Fcfa et raser les murs. Il faut que le président continue à se déplacer, qu’on finance les campagnes des Lions Indomptables, qu’on organise des sommets, la fête du 20 mai, et des séminaires.» C’est pourquoi le budget de fonctionnement plafonne à 1525 milliards de Fcfa

© Mutations : Pierre Célestin Atangan


08/07/2010
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