Cameroun: Tous à l'assaut du fauteuil présidentiel!
Cameroun: Tous à l'assaut du fauteuil présidentiel!
C’est
la même rengaine! A chaque élection présidentielle sur le continent, on
compte toujours une flopée de candidatures, des plus sérieuses aux plus
farfelues. Loin des schémas de regroupements pourtant prônés urbi et
orbi, surtout dans le camp des partis d’opposition, cette récurrente
surenchère des candidatures à la magistrature suprême ne fait, bien
souvent, que les affaires des pouvoirs en place…
A peine lancée,
la course à la succession de Paul Biya, au Cameroun, s’est très vite
muée en un rallye dans lequel se sont engouffrées pêle-mêle plusieurs
personnalités qui, semble-t-il, n’attendaient que le coup de starter du
maître du palais d’Etoudi. En attendant l'arbitrage d’Elections Cameroon
(Elecam), l’instance en charge de l’organisation du scrutin, ils seront
51 sur la ligne de départ! Mais surtout 50 contre un, le président
sortant, Paul Biya, 78 ans, qui campe fièrement sur ses 29 ans de
pouvoir. Y aurait-il donc 50 projets de société alternatifs pour contrer
celui du pouvoir en place?
Allons bon, la dispersion des
candidatures n’a encore jamais réussi à détrôner un président sortant,
en course pour garder son fauteuil. Bien au contraire... Surtout que
dans le cas d’espèce, l’élection, fixée au 9 octobre prochain –dans un
mois, en gros- se joue à un seul tour. Il n’y a donc pas ici la
possibilité de réaliser, dans l’entre-deux tours, une coalition forte
pour éventuellement contrebalancer, au terme d’un second round, les
résultats défavorables du premier tour.
Seul le candidat qui amassera le plus de voix au premier et unique tour de scrutin sera en effet déclaré vainqueur de l’élection et investi comme nouveau président du Cameroun. Alors, comment et pourquoi l’opposition -et assimilés- adopte-t-elle la stratégie de l’éparpillement des forces et de l’émiettement des voix dans une consultation dont on dit à suffisance que son véritable enjeu réside dans le fait qu’elle trace enfin, à défaut de la concrétiser, les chemins d’une alternance au pouvoir? Mystère et boule de gomme!
Mais l’exemple camerounais est loin d’être un cas isolé. En règle
générale, sur le continent, lorsqu’approchent les échéances
présidentielles, les promesses de réaliser une unité véritable pour tout
au moins «inquiéter» sérieusement le pouvoir en place restent
pratiquement, toutes, des vœux pieux. Les querelles de clocher, les
batailles rangées de leadership et autres intérêts personnels prennent
vite le pas sur les considérations unitaires. Le «chacun pour soi»
règne en maître, bien vite entretenu par le «diviser pour régner» des
tenants du pouvoir, qui ont tout intérêt, eux, à perpétuer leur règne.
Ainsi, en se mettant à 22 pour défier Yayi Boni au Bénin en avril dernier, comment l’opposition comptait-elle vraiment «gagner»
le Palais de la Marina, face à un pouvoir dont la machine électorale
était à tout le moins mieux organisée et plus agressive? Certes, dans le
cas du Bénin, «L’Union fait la nation» faisait figure
de grandissime favori sur le papier, avec un impressionnant regroupement
de partis politiques avec des hommes de qualité et une esquisse
intéressante de candidature unique. Malheureusement, cela n’a pas suffi.
Et, avec le recul, on ne saurait envoyer, à elles seules, une Liste électorale permanente informatisée (Lépi), même «bancale» et la part de «fraude» qui transparaît souvent dans nos élections, dans le box des accusés.
Vingt-trois candidats au Bénin, 24 en Guinée, ils étaient 14 dans les starting-blocks de la délicate élection présidentielle de Côte d’Ivoire qui, comme on le sait, a finalement débouché sur une longue et inextricable crise postélectorale. On est tout de même tombé en dessous de la dizaine de candidatures au Niger avec 9 prétendants, au Togo avec huit postulants et en République Centrafricaine où seulement six candidats ont été retenus pour la compétition. Il est cependant vrai que ces pays sont allés à l’élection présidentielle dans des contextes particuliers, quoique différents, qui ont sans doute joué d’influence.
En tout état de cause, il est illusoire d’espérer, sur le continent, que le renversement de la donne politique du moment pourrait venir autrement que par l’union de forces politiques qui se posent en véritable alternative. Au moins, l’expérience à montré jusque-là qu’il ne viendra pas d’une dispersion des forces. Alors pourquoi s’entêter à poursuivre dans cette voie?
Serge mathias Tomondji