Cameroun : Schismes !
Cameroun : Schismes !
L’affaire Marafa, pour qualifier ainsi les développements que nous vivons au plan sociopolitique depuis l’incarcération de l’ex-ministre de l’administration territoriale et précédemment secrétaire général de la présidence de la république aura eu la particularité de mettre à nu, les schismes jusqu’alors latents au sein du sérail et singulièrement dans les rangs du parti au pouvoir.
Une réalité qui, si elle porte de forts relents de dislocation dudit parti plus que jamais divisé entre les partisans ou non de la poursuite de l’Opération Epervier. Une opposition intestine qui dilue bien évidemment les réactions qu’on aurait dû attendre de cette formation politique, bien que certaines de ses têtes de proue en soient à évoquer le strict respect de la discipline de celui-ci, pour justifier le mutisme que les instances dirigeantes auront observé avant que des cadres de celui-ci daignent enfin répondre aux déballages de Marafa Hamidou Yaya.
Et s’il est une constante dans la première réaction adressée, c’est celle selon laquelle sa propension plutôt tardive à décrier les manquements aussi bien du régime que du parti, relève simplement de l’exacerbation de quelque aigreur. Sinon, comment expliquer qu’il n’ait pas eu de cran pour faire ses dénonciations du moment où il faisait partie intégrante du sérail en bénéficiant à l’occasion de divers avantages plutôt indus et même d’un sursis de fait, quand bien même tout indiquait sa collusion dans la spoliation des ressources financières de l’Etat.
Du coup, on en vient à penser qu’au-delà des schismes que la situation née de son incarcération a engendrés, l’un des problèmes majeurs du sérail et même de cette formation politique serait avant tout l’absence de symbiose entre les membres de ceux-ci. Et si cela était, on comprend que de tout temps, on ait assimilé le sérail et ses différentes excroissances à de véritables tremplins pour tous les aspirants à quelque puissance ou honorabilité, eu égard à la dilution des convictions des uns et des autres, mais également à la subsistance d’ambitions mettant malheureusement à nu toute absence de critère de sélection desdits membres, si ce n’est celui récurrent du clientélisme institutionnel.
Or, dans un tel contexte on a tôt fait de faire prévaloir non plus l’intérêt général comme on devrait pourtant s’y attendre, mais bien évidemment des intérêts égocentriques qui, exacerbés comme le sont inéluctablement ceux de Marafa Hamidou Yaya et de ses partisans, en arrivent à créer les schismes que nous décrions ici.
Mais faudrait-il attendre que ces schismes soient aussi profonds comme ceux mis en exergue avec l’incarcération de Marafa Hamidou Yaya pour comprendre qu’il faille préalablement édicter des critères de sélection des membres du sérail allant au-delà du seul clientélisme ? Pour pertinente, la question l’est à plus d’un titre, tant il est vrai qu’en occupant toute seule, l’actualité sociopolitique nationale, l’affaire Marafa, c’est le fait de la qualifier ainsi, a inéluctablement mis à l’étroit le pouvoir en le contraignant par la même occasion à une fébrilité à nulle autre pareille.
Si ladite fébrilité peut constituer en le cas d’espèce, une preuve patente du probable vacillement du pouvoir avec la perpétuation des déclarations de Marafa Hamidou Yaya, on comprend avec quelque recul aussi bien sa déportation au Sed que les restrictions frappant depuis peu la presse écrite locale, indexée à tort ou à raison de lui servir de relais dans sa détermination à ébranler le pouvoir de ses fonts baptismaux. Et quand bien même l’efficacité des mesures restrictives ou de ce qui en tient lieu peut être remise en cause, on mesure néanmoins au mieux, les appréhensions qui ont gagné le pouvoir depuis lors.
Et que ce dernier en soit à recourir à des campagnes d’explication ou encore à contrecarrer les actions des partisans présumés de Marafa Hamidou Yaya et lui-même, induit la subsistance de risques latents allant au-delà des schismes que nous observons depuis quelque temps au sein même du sérail. Mais dans cette bataille sibylline de positionnement que se livrent les camps de fait de l’un et l’autre protagonistes dans cette affaire, c’est encore l’opinion nationale qui paiera le plus lourd tribut. Ballottée qu’elle est dans une manipulation desdits camps.
Pourtant, cette affaire devrait à défaut de lui susciter plus de clairvoyance dans l’analyse du mode opératoire du pouvoir, du moins lui instruire plus de réserve dans l’appréciation des thèses de l’un et l’autre camps. Mais souffrant chacun de résidus de subjectivité, il devient difficile d’établir de manière nette la ligne de démarcation entre le soutien objectif de quelque thèse.
Car, quand ben même on est loin de quelque compétition électorale, chacune des têtes de file des camps des protagonistes voudrait s’assurer des raisons supplémentaires de croire qu’au travers d’une adhésion populaire, elle pourrait ainsi justifier au mieux son ambition d’accéder ou de se maintenir au pouvoir. Surtout que, si jusqu’alors Paul Biya peut compter sur des lieutenants connus, Marafa Hamidou Yaya aura plutôt opté de prendre à témoin l’opinion pour démonter un à un, les arguments aux relents de sauf-conduits du camp d’en-face. Qu’on le concède de quelque manière au camp de ce dernier, ne saurait cependant se muer en fondement pour saborder le gouvernement dans lequel on aura soi-même siégé de nombreuses années durant, sans en relever la moindre tare.
Mais faudrait-il attendre que ces schismes soient aussi profonds comme ceux mis en exergue avec l’incarcération de Mrafa Hamidou Yaya pour comprendre qu’il faille préalablement édicter des critères de sélection des membres du sérail allant au-delà du seul clientélisme ? Pour pertinente, la question l’est à plus d’un titre, tant il est vrai qu’en occupant toute seule, l’actualité sociopolitique nationale, l’affaire Marafa, c’est le fait de la qualifier ainsi, a inéluctablement mis à l’étroit le pouvoir en le contraignant par la même occasion à une fébrilité à nulle autre pareille.