Cameroun - Regard: Le poids réel des figures de l’opposition

Douala, 02 avril 2013
© Doualla Manga Eric | L'Indépendant

Entre idéologie bien pensée et activisme de bon ou de mauvais aloi, les logiques qui animent certains leaders n'ont pour la plupart aucun encrage réel sur les aspirations du peuple.

Ni John Fru Ndi: L'épreuve du temps


John Fru Ndi
Photo: © Archives
Il y a quelques années, cet homme soulevait des foules. Libraire, transfuge du RDPC, on lui prêtait des pouvoirs surnaturels. Tellement son discours était captivant. Et son poing levé avec un mot d'ordre tout trouvé: "Power to the people" était tout un by Text-Enhance">programme. De la marche de Bamenda le 26 mai 1990 à la présidentielle d'octobre 1992, en deux ans à peine d'existence, le SDF manque de peu d'entrer triomphalement à Etoudi. Le boycott des législatives de mars 1992, le Nesprog qui apparaît comme un programme néolibéral pur et dur, et le huit-deux qui tranche la tête à toute velléité d'empêcher de tourner en rond, ont fait de Ni John Fru Ndi un homme en perte d'audience. Aujourd'hui, ses meetings comme récemment à l'Est ne font plus foule. Ses slogans d'hier sont des disques rayés. L'homme n'a pas su résister à l'épreuve du temps. Les pères fondateurs et les têtes pensantes du SDF ont été chassés du navire. Sans oublier les défections en cascade. La dernière en date étant celle de Lapiro de Mbanga à qui John Fru Ndi dénie la qualité de militant, allant jusqu'à lui demander sa carte du SDF. Une telle épidémie des problèmes n'a fait que trop de mal au SDF.











Adamou Ndam NJoya: Un roitelet imbu


Adamou Ndam Njoya
Photo: © Archives
Sur le plan de l'expérience administrative, Adamou Ndam Njoya a un beau profil. Cet ancien Directeur de l'IRIC, Ministre de l'Education Nationale où il a laissé un souvenir indélébile par sa rigueur, a également une casquette de fonctionnaire international avec son passage à l'UNESCO. C'est donc un homme d'expérience.

L'Union Démocratique Camerounaise (UDC) n'a pas pu se démarquer de la forte tête de son leader qui domine ce parti de sa grande taille, au propre comme au figuré. Après la réforme qui interdisait le cumul des fonctions de maire et de député, Adamou Ndam Njoya n'a trouvé personne de mieux que sa jeune épouse pour le remplacer au Parlement. Un choix qui a achevé de convaincre les plus septiques sur la coloration régionaliste et même tribale de ce parti. Englué dans un conflit d'influence avec le Roi Bamoun, le Maire de Foumban est également attaqué sur tous les fronts, du fait de son incapacité à n'avoir pas pu donner à cette ville une cure de jouvence malgré son carnet d'adresses. Pour ses détracteurs, c'est un homme indolent, qui se comporte comme un roitelet imbu du fait de son parcours. Fils de ministre (Njoya Arouna), universitaire, ancien ministre lui-même, Ndam Njoya se comporte comme un homme à qui la vie a tout donné et qui n'a pas de compte à rendre à la plèbe.







Jean Jacques Ekindi: Une intelligence en vadrouille


Jean Jacques Ekindi
Photo: © CIN
Voici certainement un des leaders de l'opposition les plus futés. Ses sorties médiatiques sont un régal. Parfaite maîtrise des sujets, cohérence du discours, Jean Jacques Ekindi n'est pas de ces politiciens de pacotille. Après sa démission avec fracas du RDPC, il a connu une longue traversée du désert avant de se réorganiser dans son Wouri natal et d'arracher un poste de député à Douala 1er.

S'il était resté dans les rangs du RDPC, certaines confidences dans le sérail le voyaient Secrétaire Général de ce parti ou Premier Ministre du Cameroun.

Depuis son retour aux affaires, comme député, ses détracteurs trouvent son discours trop policé comme si le leader du Mouvement Progressiste (MP) ne voulait pas s'attirer les foudres de ses amis et camarades d'hier. On note également un manque de conviction dans sa démarche. Comme s'il doutait lui-même de son réel poids politique. Sinon comment comprendre qu'à quelques heures de la présidentielle de 2004, il ait retiré sa candidature pour une alliance fantoche avec John Fru Ndi?







Bello Bouba: Don’t touch my gary


Beloo Bouba Maigari
Photo: © Archives
Où peut-on classer Bello Bouba aujourd'hui? Sous-marin du pouvoir ayant contribué à laminer l'opposition pour certains, homme de paille sans envergure et sans talent pour d'autres, simple égocentrique seulement soucieux des ors et des lambris du pouvoir? Difficile de dire qui est vraiment cet homme. Après le boycott du SDF aux législatives de mars 1992, l'UNDP était la première force politique de l'opposition du fait de son poids à l'Assemblée Nationale. De son exil nigérian, après le coup d'Etat manqué du 06 avril 1984, Bello Bouba est venu récupérer le parti que Samuel Eboa avait contribué à bâtir pierre après pierre. Et c'est ce parti là qui se proposait de présenter Ayissi Mvondo à la présidentielle de 1997.Un scénario qui aurait pu faire mouche. Toujours est-il que l'UNDP semblait ainsi rassembler en son sein la masse des déçus du Renouveau et des nostalgiques d'Ahmadou Ahidjo. Par un pouvoir personnel, Bello Bouba a vu partir toutes les fortes têtes: Nicole Okala, Célestin Bedzigui, Amadou Moustapha, Issa Tchiroma... Mais visiblement, Bello Bouba est le dernier à s'en plaindre. Son alliance avec le RDPC l'a épargné de vaches maigres.












Ekane Anicet: Le funambulisme a un nom


Anicet Ekane
Photo: © Archives
En écoutant parler le leader du MANIDEM, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Activiste pendant ses années d'études à Lilles en France, il a enfermé le MANIDEM dans une logique de gesticulation qui manque d'efficacité depuis des années. Pourtant, tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il est intelligent.

Mais une intelligence trahie par la malice et les calculs politiciens. Pour jouer les démocrates, il a fait semblant de quitter la tête du MANIDEM, tout en rendant la vie dure à son successeur, avant de reprendre les rênes du parti.

Pour récupérer la vague provoquée par le printemps arabe, on l'a vu aux côtés de Kah Wallah tenter une marche qui a fait flop à Douala.

Il apparaît clairement aujourd'hui que le MANIDEM est un parti lilliputien né de l'émiettement de l'UPC. Sur l'échiquier national, il a un poids similaire (degré 0) que l'UFDC de Hameni Bieuleu ou l'AMEC de Joachim Tabi Owono.






Issa Tchiroma Bakary: Sous un air truculent


Issa Tchiroma Bakary
Photo: © CIN
Il est des destins comme cela. Fugace, insaisissable, et même contradictoire. Le leader du Front National pour le Salut du Cameroun (FNSC) est un de ces personnages ambivalents qui a été de toutes les batailles dans le front de l'opposition. Son parcours atypique le prédisposait légitimement à nourrir une bile pour le pouvoir en place. Ayant grandi dans la cour d'Ahmadou Ahidjo qui l'envoie faire des études en Europe, il est cadre de la RNCF lorsqu'éclate la mutinerie d'avril 1984. C'est donc un miraculé de la prison de Yoko qui en sort avec une vue et des reins bousillés. Après son passage au Ministère des Transports, il connaîtra une longue traversée du désert. On le verra écumer les studios des radios privées, "invitant le Chef de l'Etat à faire preuve de transcendance pour ramener la dépouille d'Ahidjo au pays". Mais comment la connexion s'est elle faite entre cet homme et le pouvoir? Défenseur féroce de la révision constitutionnelle qui a fait sauter le verrou de la limitation des mandats, il organisa une conférence de presse dans un grand hôtel de la capitale au point où certains observateurs se demandaient où il avait trouvé l'argent.

Propulsé Ministre de la Communication, juste récompense, il distribue au passage des leçons de patriotisme, et dit vouloir mettre fin à cette dichotomie entre presse publique et presse privée. Le Chef de l'Etat est-il attaqué sur ses biens prétendument mal acquis, qu’Issa Tchiroma se pare de sa robe d'avocat pour dénoncer sur tous les toits la thèse du complot. Le porte-parole du Gouvernement a répondu à tout, des questions les plus délicates aux questions les plus futiles. Il aime aller au charbon et parfois il s'y brûle. Ses sorties sont opportunes ou opportunistes! A chacun de dire...







Kah Wallah: Velléitaire sur les bords


Kah Wallah
Photo: © Archives
Kah Wallah séduit non seulement du fait qu'elle est une femme dans un giron politique qu'on dit machiste, mais aussi du fait qu'elle manie aussi bien la langue de Voltaire que de Shakespeare. Son éloquence et son argumentaire ne laissent personne indifférent. Avec armes et bagages, elle démissionne du SDF pour se porter candidate a la présidentielle de 2011. Même si elle a fait de bonnes études, son arrivée dans le microcosme politique s'est faite comme celle d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Kah Wallah a-t-elle l'étoffe et l'envergure d'une présidentiable, ou n'est-elle qu'une simple activiste velléitaire sur les bords? En tous cas, on attend toujours de pouvoir la juger sur une perspective programmatique. Elle était de la marche ratée de Douala après les évènements du Maghreb, Elle a reçu un jet d'eau de la police dans cette tentative de récupération mal pensée.
















Hilaire Kamga: Un amalgame savant

Entre Hubert Kamgang et Hilaire Kamga, la confusion est souvent rendue possible. Le premier se veut panafricaniste. Le deuxième a une personnalité tourmentée entre la société civile et les forces centrifuges.

Il y a quelques temps, Hilaire Kamga avait été accusé par une jeune dame dans une émission très suivie d'avoir extorqué de l'argent contre un visa pour l'étranger. Et Hubert s'était précipité à appeler à cette antenne pour mettre les points sur les i et éviter la confusion entre lui et l'autre. On soutient qu'Hubert n'a pas de militants qui pourraient remplir dans un ascenseur. C'est tout le contraire de Hilaire, son jeune frère qui, pour avoir commencé un activisme trop voyant dans la société civile, s'est fait un nom et a touché le public jeune. Mais sa démarche est aujourd'hui flouée par des intentions pouvoiristes qui commencent à poindre au grand jour, sous le paravent d'une plate-forme de l'opposition. Calquée sous le modèle de la révolution ukrainienne, l'offre orange est une transposition des concepts et des idéologies qui tardent à trouver un ancrage local. Même si du reste, le regard que porte Hilaire Kamga sur la vie politique nationale est pertinent et plein d'aspérité. Sur ELECAM par exemple, il s'attelle à démontrer depuis des mois que tout l'enjeu de l'élection va se jouer autour du DG de cette structure qui est nommé par l'exécutif et donc a un devoir d'allégeance.





Garga Haman: Une âme de flic


Garga Haman
Photo: © Archives
Le leader de l'Alliance pour la Démocratie et le Développement (ADD) a conservé une âme de flic. Faut-il rappeler que sa carrière commença justement comme policier? Cet écorché vif qui dit les choses comme il les ressent, se plaignait dernièrement du travail à la CONAC où on passe le temps à manger des biscuits. Mais il s'est empressé de dire qu'il ne démissionnerait pas comme il l'a fait du Gouvernement en 1992, au poste prestigieux de Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative. L'interroge-t-on sur son avis de revenir au Gouvernement, qu'il répond sans ambages qu'une telle éventualité n'est possible que s'il est nommé Premier Ministre.

Auteur de quelques ouvrages, ses détracteurs soutiennent mordicus que le chasseur des baleines a été happé par la mangeoire de la CONAC où les salaires sont princiers. Mais de quel poids réel pèse l'ADD aujourd'hui? Un parti qui souffre de sa faible représentation sur le territoire national et dont le nom ne se rapporte qu'au souvenir des faits d'arme de son lead


07/04/2013
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