Cameroun - Réconciliation: Aminatou Ahidjo met fin au chantage des «héritiers» de son père
Yaoundé, 09 Septembre 2013
© Mamouda Labaran | La Météo
En s'affiliant au Rdpc, elle vient de compromettre gravement les calculs des architectes du «Parti du Grand-Nord». La redistribution des cartes relancée. En effet, la fille d'Ahidjo aurait remis, au Président de la République, un document contenant ses propositions. Lesquelles quoique pertinentes, renseignent, à suffire, sur son ambition de ne pas jouer les seconds rôles dans le landerneau politique septentrionale. Voire nationale. Chaud devant!
La fille du Premier Président du Cameroun vient de donner un violent coup de pied dans la fourmilière politique nationale. Trahison. Parricide. Honte de la famille. Tout y est passé, ou presque, depuis que certains médias locaux se faisaient l'écho de tractations entre le régime de Yaoundé et Aminatou Ahidjo, la benjamine de feu le Premier Président du Cameroun. On la disait en désaccord total avec sa mère, Germaine et sa sœur, Babette, tenantes d'une ligne dure, revancharde et intransigeante contre une quelconque négociation avec le pouvoir Biya, mettant en avant — entre autres — le retour au pays des restes d'Ahmadou Ahidjo.
C'est donc officiel: Aminatou Ahidjo a pris sa carte du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) dans un comité de base de Garoua. Vendredi der¬nier à Yaoundé, elle a eu un tête-à-tête, qu'on dit fort chaleureux, avec le Secrétaire général de cette formation, Jean Nkuété, qui pour la circonstance était entouré d'autres dignitaires. Et, à sa sortie de l'audience, elle a réitéré son adhésion qu'elle a qualifiée de «choix du cœur», rappelant à ses détracteurs son désir d'œuvrer pour la réconciliation et la cohésion nationales. La fille de son père a qualifié le Rdpc de «parti de progrès et de rassemblement».
Mais le moment le plus émouvant de sa déclaration, c'est lorsqu'elle évoque le Président Biya, «un homme vers qui tout [la] ramène» et à la politique de qui elle a «décidé d'apporter un soutien fort». Il y avait certainement longtemps que le Cameroun n'avait vécu événement politique aussi spectaculaire. On le savait déjà depuis quelques jours, cette grande dame s'était, par écrit, engagée à «porter l'image de l'union, de la concorde et de la réconciliation nationales».
Soutien fort. Ayant, pendant de longues années d'exil, vécu «la souffrance de la discorde», et «consciente de ce que la réalisation des grands projets et la vision d'émergence du Président de la République, Paul Biya, ne peuvent s'accomplir dans un contexte dispersé ou de cohabitation gouvernementale», celle qui ambitionne d' «incarner la confiance en la jeunesse, lien entre l'avenir et le passé» veut «apporter un soutien fort» à la politique de Paul Biya à travers une campagne nationale de mobilisation en faveur des candidats du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) aux élections législatives et municipales du 30 septembre 2013».
Ce n'est donc pas d'une aventure passagère qu'il s'agit, mais bien d'une option librement choisie et savamment pensée. La démarche d'Aminatou Ahidjo ne saurait relever d'un coup de marketing politique. En même temps, elle se démarque de la posture belliqueuse jusque-là entretenue par sa génitrice, Germaine Ahidjo, dont l'époux est décédé le 30 novembre 1989 à Dakar à l'âge de 65 ans. Mme Ahidjo a toujours, et peut-être à raison, exigé le retour des restes du Premier Président camerounais dans son pays natal, qu'il a dirigé pendant un quart de siècle avant de se retirer volontairement le 4 novembre 1982, pour céder la magistrature suprême à son successeur constitutionnel, Paul Biya. Le père de la nation armera toutefois des partisans en vue de renverser un régime que lui-même avait voulu, le 6 avril 1984. Condamné par contumace en 1985, il bénéficiera d'une loi d'amnistie votée en avril 1991 et la justice ordonnera la restitution de ses biens à sa famille. Depuis lors, les camps Biya et Ahidjo entretenaient des rapports aigre-doux, en dépit de la nomination comme ambassadeur itinérant de Mohamadou «Badjika» Ahidjo, membre de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), au poste d'ambassadeur itinérant, signe d'une volonté claire de normalisation de la part du régime de Yaoundé.
Gâteau pourri
Avec Aminatou Ahidjo, la donne semble plus affinée, loin des jeux d'ombres et des supputations. Le véritable revirement de l'histoire du Cameroun, en fin de semaine dernière, Intervenait en effet alors que, alentour, se multiplient des manœuvres de dénigrement et de déstabilisation tendant à la présenter comme une traîtresse embourbée dans une démarche alimentaire, voire apatride. Cette tentative de lynchage, et on peut le révéler aujourd'hui, est entretenue dans les médias à coups de grosses enveloppes de CFA par des gens ayant, depuis quelques semaines, cheminé avec elle et qui sentent subitement leurs intérêts égoïstes fortement menacés.
Ces travailleurs de l'ombre, jadis gavés par le régime Biya, voient, avec l'arrivée sur la scène d'Aminatou Ahidjo, sonner le glas de leur chantage permanent au Chef de l'Etat. Se servant régulièrement d'allusions perfides, ils ont depuis des années savamment œuvré à tenir le Président de la République en otage en agitant le spectre d'un schisme entre le pouvoir actuel et les régions septentrionales du Cameroun. Ils se posaient en ultime recours, travers des messages métaphoriques.
Les faux héritiers d'Ahmadou Ahidjo ont, un temps, fait planer la menace de création d'un «Parti du Grand-Nord» qui ressusciterait l'Union nationale camerounaise (Unc) de feu Ahidjo. C'est eux qui, à travers des mémorandas pernicieux, faisaient dire aux ressortissants de cette partie du pays qu'ils étaient les plus lésés sous le Renouveau. Aminatou Ahidjo leur a ôté le sommeil, et ils ne risquent pas de reculer devant la tournure de l'histoire pour conserver ce qu'ils considèrent comme leur part du gâteau national. Mais Paul Biya, en véritable bête politique, aujourd'hui rejoint par la fille de son «illustre prédécesseur», saura faire échec aux vengeurs masqués.
© Mamouda Labaran | La Météo
En s'affiliant au Rdpc, elle vient de compromettre gravement les calculs des architectes du «Parti du Grand-Nord». La redistribution des cartes relancée. En effet, la fille d'Ahidjo aurait remis, au Président de la République, un document contenant ses propositions. Lesquelles quoique pertinentes, renseignent, à suffire, sur son ambition de ne pas jouer les seconds rôles dans le landerneau politique septentrionale. Voire nationale. Chaud devant!
La fille du Premier Président du Cameroun vient de donner un violent coup de pied dans la fourmilière politique nationale. Trahison. Parricide. Honte de la famille. Tout y est passé, ou presque, depuis que certains médias locaux se faisaient l'écho de tractations entre le régime de Yaoundé et Aminatou Ahidjo, la benjamine de feu le Premier Président du Cameroun. On la disait en désaccord total avec sa mère, Germaine et sa sœur, Babette, tenantes d'une ligne dure, revancharde et intransigeante contre une quelconque négociation avec le pouvoir Biya, mettant en avant — entre autres — le retour au pays des restes d'Ahmadou Ahidjo.
C'est donc officiel: Aminatou Ahidjo a pris sa carte du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) dans un comité de base de Garoua. Vendredi der¬nier à Yaoundé, elle a eu un tête-à-tête, qu'on dit fort chaleureux, avec le Secrétaire général de cette formation, Jean Nkuété, qui pour la circonstance était entouré d'autres dignitaires. Et, à sa sortie de l'audience, elle a réitéré son adhésion qu'elle a qualifiée de «choix du cœur», rappelant à ses détracteurs son désir d'œuvrer pour la réconciliation et la cohésion nationales. La fille de son père a qualifié le Rdpc de «parti de progrès et de rassemblement».
Mais le moment le plus émouvant de sa déclaration, c'est lorsqu'elle évoque le Président Biya, «un homme vers qui tout [la] ramène» et à la politique de qui elle a «décidé d'apporter un soutien fort». Il y avait certainement longtemps que le Cameroun n'avait vécu événement politique aussi spectaculaire. On le savait déjà depuis quelques jours, cette grande dame s'était, par écrit, engagée à «porter l'image de l'union, de la concorde et de la réconciliation nationales».
Soutien fort. Ayant, pendant de longues années d'exil, vécu «la souffrance de la discorde», et «consciente de ce que la réalisation des grands projets et la vision d'émergence du Président de la République, Paul Biya, ne peuvent s'accomplir dans un contexte dispersé ou de cohabitation gouvernementale», celle qui ambitionne d' «incarner la confiance en la jeunesse, lien entre l'avenir et le passé» veut «apporter un soutien fort» à la politique de Paul Biya à travers une campagne nationale de mobilisation en faveur des candidats du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) aux élections législatives et municipales du 30 septembre 2013».
Ce n'est donc pas d'une aventure passagère qu'il s'agit, mais bien d'une option librement choisie et savamment pensée. La démarche d'Aminatou Ahidjo ne saurait relever d'un coup de marketing politique. En même temps, elle se démarque de la posture belliqueuse jusque-là entretenue par sa génitrice, Germaine Ahidjo, dont l'époux est décédé le 30 novembre 1989 à Dakar à l'âge de 65 ans. Mme Ahidjo a toujours, et peut-être à raison, exigé le retour des restes du Premier Président camerounais dans son pays natal, qu'il a dirigé pendant un quart de siècle avant de se retirer volontairement le 4 novembre 1982, pour céder la magistrature suprême à son successeur constitutionnel, Paul Biya. Le père de la nation armera toutefois des partisans en vue de renverser un régime que lui-même avait voulu, le 6 avril 1984. Condamné par contumace en 1985, il bénéficiera d'une loi d'amnistie votée en avril 1991 et la justice ordonnera la restitution de ses biens à sa famille. Depuis lors, les camps Biya et Ahidjo entretenaient des rapports aigre-doux, en dépit de la nomination comme ambassadeur itinérant de Mohamadou «Badjika» Ahidjo, membre de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), au poste d'ambassadeur itinérant, signe d'une volonté claire de normalisation de la part du régime de Yaoundé.
Gâteau pourri
Avec Aminatou Ahidjo, la donne semble plus affinée, loin des jeux d'ombres et des supputations. Le véritable revirement de l'histoire du Cameroun, en fin de semaine dernière, Intervenait en effet alors que, alentour, se multiplient des manœuvres de dénigrement et de déstabilisation tendant à la présenter comme une traîtresse embourbée dans une démarche alimentaire, voire apatride. Cette tentative de lynchage, et on peut le révéler aujourd'hui, est entretenue dans les médias à coups de grosses enveloppes de CFA par des gens ayant, depuis quelques semaines, cheminé avec elle et qui sentent subitement leurs intérêts égoïstes fortement menacés.
Ces travailleurs de l'ombre, jadis gavés par le régime Biya, voient, avec l'arrivée sur la scène d'Aminatou Ahidjo, sonner le glas de leur chantage permanent au Chef de l'Etat. Se servant régulièrement d'allusions perfides, ils ont depuis des années savamment œuvré à tenir le Président de la République en otage en agitant le spectre d'un schisme entre le pouvoir actuel et les régions septentrionales du Cameroun. Ils se posaient en ultime recours, travers des messages métaphoriques.
Les faux héritiers d'Ahmadou Ahidjo ont, un temps, fait planer la menace de création d'un «Parti du Grand-Nord» qui ressusciterait l'Union nationale camerounaise (Unc) de feu Ahidjo. C'est eux qui, à travers des mémorandas pernicieux, faisaient dire aux ressortissants de cette partie du pays qu'ils étaient les plus lésés sous le Renouveau. Aminatou Ahidjo leur a ôté le sommeil, et ils ne risquent pas de reculer devant la tournure de l'histoire pour conserver ce qu'ils considèrent comme leur part du gâteau national. Mais Paul Biya, en véritable bête politique, aujourd'hui rejoint par la fille de son «illustre prédécesseur», saura faire échec aux vengeurs masqués.