Cameroun : Quand la Crtv banalise le décès tragique de Pius Njawé

Cameroun : Quand la Crtv banalise le décès tragique de Pius Njawé

Cameroun : Quand la Crtv 
banalise le décès tragique de Pius NjawéLa mort de Pius Njawé serait un simple fait banal pour certains médias camerounais. C’est en tout cas le constat fait notamment suite au traitement de l’actualité par les médias locaux à capitaux publics le 13 juillet 2010. Ceux des téléspectateurs fidèles de la CRTV qui attendaient l’annonce ou la confirmation du décès survenu la veille (12 juillet), de l’un des plus célèbres journalistes africains, sur leur petit écran ont très vite déchanté au lancement du 20 heures 30. Pas un mot à la Une du journal télévisé de mardi soir donc.  La chaîne de télévision publique s’est limitée pour l’essentiel au compte rendu de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et les pays francophones d’Afrique à Paris. I! l a été également et largement question de la rencontre entre Carla Bruni, Chantal Biya et une dizaine d’autres 1ère dames d’Afrique francophone.

Dans la page des actualités nationales au cours du même journal, il a été question de Pipe-line Tchad Cameroun, de Bakassi, du programme des quartiers défavorisés de la ville de Yaoundé, de la décentralisation, d’Elecam, de la gendarmerie nationale, du droit d’auteur… bref, des sujets que Pius Njawé a largement traité de son vivant dans les colonnes du quotidien Le Messager.

C’est en fin du journal qu’un communiqué du ministre de la communication a été lu au sujet du décès tragique de Pius Njawé. Dans son annonce, le bouillonnant porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, a salué "un pionnier, un des bâtisseurs de la liberté de la presse" dans son pays. Enfin, une séquence d'images d’environ deux minutes de temps, tournée à Douala au siège du Messager, a clôturé l’information sur la chaîne publique. C'est la concrétisation de l'adage bien connu qui prévient que nul n'est prophète chez soi.

Depuis son séjour parisien, le chef d’Etat camerounais Paul Biya, n’a évoqué le drame qui vient de s’abattre sur la presse camerounais à aucun moment.

Hommage mondial

En revanche, les journalistes des médias privés locaux ont abondamment commenté la disparition dramatique de leur confrère.

Pendant ce temps, Abdou Diouf le secrétaire général de la Francophonie(OIF) a exprimé sa profonde tristesse suite au décès de Pius Njawe le fondateur du quotidien camerounais Le Messager.

"C'est une véritable icône qui vient de disparaître. Une icône de la liberté de la presse", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l'organisation Reporters sans Frontières qui ajoute : "Ce qu'il a fait pour la presse camerounaise est immense. Fonder le premier journal d'opinion du pays, à la fin des années 1970, bien avant l'instauration du multipartisme et le printemps de la presse africaine, était un acte de bravoure. C'est à lui que les journalistes doivent la liberté de ton dont ils peuvent bénéficier aujourd'hui".

En Europe et en Amérique, un vibrant hommage a été rendu au célèbre journaliste par la quasi-totalité de la presse internationale.

© Camer.be : Hermann Oswald G’nowa


15/07/2010
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