Cameroun, Présidentielle de 2011: Jean Michel Nintcheu, candidat du Sdf si…

Nintcheu:Camer.beOfficiellement le Sdf ne participera pas aux élections organisées par Elecam. Mais dans les coulisses ça grouille fort au cas où la présidentielle est convoquée, à date ou anticipée. A la veille de la session du comité Exécutif national (Nec, instance décisionnelle inter congrès  du Sdf) prévu à Bamenda samedi dernier 08 août, AGA MEDIAS appris auprès des sources crédibles au sein de ce parti que des démarches seraient entreprises depuis quelque temps par des membres de la Cellule des Conseillers (structure des sages du Sdf) en vue de sonder les intentions de Jean Michel Nintcheu le député du Sdf du Wouri Est (Douala) et président de la section de ce parti dans le Littoral par rapport à l’élection présidentielle prévue au Cameroun en principe en octobre 2011.

Certes cette question ne devait pas être à l’ordre du jour, malgré le débat sur la confirmation ou non de l’exclusion de Serge Noumba, le député de la Mifi (Bafoussam) en délicatesse avec la direction de ce parti depuis la dissolution des instances régionales élues auxquelles a été préférée une coordination intérimaire chargée gérer les affaires courantes en attendant de nouvelles élections. Dans la foulée, le député de la Mifi, qui estime être victime d’une sorte de tribaliste des postes à l’Assemblée nationale s’est déclaré candidature à l’investiture du parti pour ladite élection.

Les véritables intentions de Jean Michel Nintcheu devraient habiter au moins les esprits dans ce parti jusqu’au prochain Nec. C’est que, au lendemain de son éclatante reconduction (171 voix de délégués statutaires sur 224 contre 41 pour son clallenger supposé soutenu par Bamenda soit 80% des voix), à la tête de l’importante structure régionale du Sdf  dans le Littoral, des proches du Chairman, qui affirment agir, en leur nom personnel, auraient approché l’entourage de Jean Michel Nintcheu pour savoir s’il se préparait pour la compétition à l’intérieur du parti en vue de la principale échéance politique nationale qu’est l’élection présidentielle. Laquelle d’ailleurs est la seule élection à laquelle John Fru Ndi, depuis le lancement du Sdf en 1990, s’est présentée, plusieurs fois, sans succès. Interrogé par AGA MEDIAS, le député du Wouri n’a ni confirmé ni démenti ces démarches. «J’appartiens à un parti solidement constitué et organisé. Je rencontre des camarades aussi bien o titre individuel que dans le cadre des activités du parti. Mais soyez sûr que généralement nous parlons des affaires d’intérêt commun aussi bien pour le parti que pour la nation camerounaise» s’est-il contenté de déclarer. Invité à dire s’il est néanmoins intéressé par la présidentielle de 2011, il nous a répondu par une pirouette digne des politiciens certes déterminés mais prudents : « pouvez-vous me montrer un dirigeant politique de mon niveau et avec mon expérience du terrain qui ne serait pas intéressé par l’avenir de la nation, surtout lorsque comme notre pays, elle traverse depuis des années une crise multiforme comme la nôtre qui fonde d’ailleurs mon engagement politique depuis 199 ?». Et de préciser : « sachez que je suis préparé autant que bon nombre de mes camarades et compatriotes à jouer tout rôle que me confieraient mes camarades, aussi bien sur le plan interne que national, à condition de ne jamais m’opposer au Chairman John  Fru Ndi, qui m’a encouragé à m’engager dans ce parti ».

Au centre du jeu de l’opposition

Traduction de la rédaction de AGA MEDIAS : Jean Michel Nintcheu serait volontiers candidat à l’investiture du Sdf, pour l’élection à la présidence de la République, seulement au cas où son « parrain » ( ?) au Sdf John Fru Ndi, dont le député dit «admirer le courage depuis les années de braise», ne serait pas partant. Est-ce le cas alors ? Rien n’est moins sûr. Mais une chose est certaine, depuis que des poursuites ont été engagées par la justice contre John Fru Ndi, dans le cadre de l’affaire de l’assassinat en mai 2006 du militant dissident Grégoire Diboulé, elle-même consécutive à une lutte féroce entre fondateurs originaires du Nord-Ouest, pour le contrôle de cette machine politique, la question de la suppléance du président national, candidat naturel de fait de ce parti à l’élection présidentielle depuis 1992 n’est plus un tabou dans les milieux autorisés. D’autant que tandis que le Chairman semble de plus en plus faire profil bas dans une opposition claire et symbolique au pouvoir, qui a fait le succès d’antan du Sdf, c’est Jean Michel Nintcheu, qui est apparu depuis bientôt 5 ans comme le plus déterminé dans la galaxie constituant la direction du Sdf. Au point d’être consacré en 2008 « Homme politique de l’année ». Malgré les critiques qu’a souvent essuyé l’organisateur de ces soirées d’Awards qu’est le « Comité de l’excellence africaine », une sorte d’unanimité s’était faite au sein des analystes pour son prix. Il le méritait à la fois pour son élection à la députation face à la liste du Rdpc conduite par Dame Foning, accompagnée par une forte machine financière et politico-administrative. Il y avait aussi son opposition claire au projet de révision de la Constitution, en faisant depuis lors au sein de l’opposition institutionnelle la principale cible du pouvoir et ses ramifications. Il y avait enfin sa présence auprès des laissés-pour-compte de la gouvernance actuelle dont une partie s’est exprimée, malheureusement avec violence, faute d’écoute, à l’occasion de émeutes de février 2009.

Plus près de nous, le dernier acte en date qui le place au centre du jeu politique de l’opposition au système au pouvoir à Yaoundé a été sa réaction toute intelligente au rapport du CCFD sur l’enrichissement illicite des dirigeant politiques. En effet,  tandis que son président national, qui avait été cité par le dit rapport pour un enrichissement du reste non prouvé, s’échinait à re-démentir, le député du Wouri a pris de court toute la classe politique, aussi bien de l’opposition que du pouvoir, en déclarant directement ses biens et avoirs. John Fru Ndi devrait le faire le 23 août prochain au cours d’une conférence de presse au sortir du Nec reprogrammé à Yaoundé. Seulement, le Chairman dont le sort semble enfermer dans un épais doute son image d’homme politique intègre ne le poserait finalement que si un autre impondérable ne vient pas à nouveau l’en empêcher, comme l’ont déjà fait successivement le 1er août les obsèques du Dr Muna et 08 août par affaissement de la route reliant Bafoussam à Bamenda. Ces deux situations auraient empêché la tenue du Nec où John Fru Ndi était censé déclarer ses biens même si l’on comprend très mal comment les raisons objectives du 1er report.  Là où, selon les observateurs, une déclaration par tout moyen, y compris par voie de presse, tout autant symbolique que celle de son camarade député, aurait suffi à marquer nettement les esprits et surtout la différence avec leurs adversaires du parti au pouvoir. Qui depuis l’adoption constitutionnelle de cette disposition visant à garantir une certaine  transparence dans les revenus des dirigeants publics en particulier et des hommes politiques en général, n’ont engagé aucune mesure d’application immédiate. Faisant le lit des suspicions fortes du type de celles portées par le rapport du CCFD sur la transparence de leurs revenus et la licéité de leurs revenus.

Au cas où le Chairman a un empêchement…

A l’intérieur même du Sdf où l’on assiste à une perte d’autorité morale de plus en plus évidente de la part du Chairman, aussi bien du fait des suspicions parfois entretenues par ses actuels ou anciens camarades mais surtout depuis son inculpation dans une affaire criminelle,  outre le nom de Jean Michel Nintcheu, celui du président de la Commission des affaires juridiques et constitutionnelles – Shadow Cabinet minister - Pr. Ndiva Kofele Kale, ainsi que celui du vice-président de l’assemblée nationale, Me Joseph Mbah Ndam sont souvent cités pour suppléer à un éventuel empêchement de fait ou légal de la candidature de John Fru Ndi. Ces trois hauts cadres du parti de la balance résument tout en représentent autant de courants qui traversent ce parti depuis son entrée dans les institutions en janvier 1996. Par son parcours depuis les années de braise en 1991, Jean Michel qui, en 1996, a fondu dans le Sdf le RAP, une organisation d’essence révolutionnaire qu’il avait fondé dans les années 90,  représente la branche dite «combattante».  C’est celle qui aujourd’hui encore, tout en se servant des espaces offerts par la participation aux institutions ferraille pour une opposition véritable avec les méthodes et pratiques du parti au pouvoir. Quant au Pr. Kofele Kale, très respecté pour ses positions et propositions réfléchies et fortement structurées, il représente la branche dite moderne que certains qualifient d’intellectuels «rêveurs». Il est un partisan acharné du règne du droit aussi bien dans le parti que dans la nation. Opposé à l’intérieur du parti aux méthodes fortes pour régler les différends, il est au niveau partisan de la tolérance et de l’intégration entre les groupes socioculturels. Me Mbah Ndam, qui a été pendant 10 ans Président du groupe parlementaire est réputé très lié aux cercles institutionnels de l’Etat. Il est souvent perçu comme celui qui, avec conseillers juridiques du parti, a emmené John Fru Ndi à engager le parti dans une pratique autoritaire de la gestion de conflits internes. Il est aussi le co-auteur de la réforme qui a concentré l’essentiel des pouvoirs et contre-pouvoirs internes du parti aux mains du Président national.

Dans la société civile proche du principal parti de l’opposition, le nom de Dr Mathias Eric Owona Nguini – dont le père Joseph Owona est, en dehors de Bernard Ndongo Essomba du Groupe parlementaire Rdpc dont le fils a épousé récemment une parente de John Fru Ndi, l’un des rares barons du renouveau à entretenir depuis des années une relation pacifiée avec le Président national du Sdf -, est souvent cité. Enseignant de Sociologie politique, il a souvent été sollicité par les cercles proches de la social démocratie, telle le Fondation Friedrich Ebert, pour accompagner la formation des cadres du Sdf. Depuis 2004 au moins,  il est assez sollicité par les médias comme chercheur. Il donne ainsi régulièrement ses avis scientifiques sur la gestion du pouvoir camerounais. Seulement on ne lui connaît aucune expérience particulière de la gestion des conflits et intérêts d’appareil. De plus, il ne milite ni n’exerce de responsabilités de premier plan dans aucune association civile connue ni dans un syndicat professionnel. Carte maîtresse pour ceux qui soutiennent que le Cameroun ne peut faire, après 25 ans de biyaïsme hypertrophié, l’économie d’une transition générationnelle douce, il apparaît pourtant pour nombre de milieux de l’opposition comme une tentative de chantage de lobbies proches des barons en disgrâce au sein du renouveau.

Avant lui le nom le plus en vue dans la société civile intérieure était l’ex Bâtonnier Akere Muna, par ailleurs vice-président de Transparency International. Mais ses liens avec son frère aîné Me Bernard Muna, qui a conduit la dernière dissidence déterminée en date contre John Fru Ndi, réduit ses chances d’obtenir l’investiture éventuelle du Sdf. Aujourd’hui c’est Bernard Njonga, le président de l’ACDIC qui, avec ses antennes sur l’ensemble du territoire, mais surtout vue la détermination qu’il affiche dans la traque des mauvaises pratiques gouvernantes dans le secteur de l’Agriculture, fait rêver pas mal de milieux populaires. En tout  cas, les analystes locaux parient qu’il devrait jouer un rôle essentiel dans une stratégie commune d’alternance. Claude Shanda Tonmè, le chroniqueur politique intransigeant du Messager est aussi suivi avec beaucoup d’intérêt par les observateurs de la société civile. Bien qu’il soutienne que 2011 n’est pas un horizon stratégique pour lui, beaucoup le verraient jouer un rôle au moins aussi important que lors des années de braise lorsqu’il supplantait les politiques de ses analyses froides au sein de la coordination de l’opposition et des associations.

Christopher Fomunyoh

Mais le nom finalement le plus cité aussi bien dans cette seconde catégorie qu’est la société civile que dans les milieux anglophones, naturellement proches du Sdf, reste celui  de Dr Christopher Fomunyoh. Il avait déjà été cité en 2004 avant de se rétracter lorsqu’il s’était rendu que la Coalition de l’opposition ne se structurait pas efficacement. Originaire de la Momo dans le Nord-Ouest et anglophone parfaitement bilingue, ce cadre influent de la puissante National democratic Institute for International Affairs (Ndi, une Ong proche des milieux démocrates américains)  dont il est le responsable pour l’Afrique, anime depuis son siège de Washington DC une équipe imposante de consultants et bénévoles spécialisés dans la défense  et la promotion des droits de l’homme et de la gouvernance responsable. A ce titre il sillonne depuis près de 15 ans  le continent africain, du Nord au sud ainsi que l’Europe pour mobiliser les forces en vue de l’accompagnement des transitions politiques pacifiques.  Ce qui lui permet d’être en contact direct avec aussi bien les acteurs locaux de la démocratie que les bailleurs de fonds et plus hauts dirigeants des Etats africains. Il rencontre régulièrement ces derniers dans le cadre des missions d’appui et d’observation des transitions politiques et de l’encadrement des processus électoraux endogènes.

Son principal handicap serait pour le moment qu’il reste peu connu du citoyen lambda de l’intérieur. Ce handicap pourrait être compensé par sa très bonne connaissance  des milieux institutionnels, nationaux, internationaux et diplomatiques. De même que la diaspora dans laquelle il joue un rôle non négligeable en terme de tentative de structuration. Ses points de vue sur la gouvernance, la démocratisation et le développement en Afrique font autorité par leur fermeté en dehors de toute outrance. Sa dernière mission sur le continent remonte d’ailleurs à juin dernier à Dakar où il s’est rendu pour une conférence. Défendant la nécessité de préserver et renforcer absolument les acquis démocratiques en cours dans quelques pays, il  a fait alors une apparition surprise à la réunion du Comité Afrique de l’Internationale Socialiste (IS) qui rassemblait, en l’absence du Chairman John Fru Ndi, les principaux responsables des partis socialistes, sociaux démocrates et travaillistes d’Afrique. Selon les informations exclusives de AGA MEDIAS, c’est au cours de cette rencontre, à la quelle prenait également part la militante du Sdf, Chantal Wandji épouse Kambiwa, par ailleurs Vice présidente au Présidium de l’IS que M. Fomunyoh  aurait sensibilisé le Secrétaire général de cette organisation, le chilien Luis Ayala, sur la nécessité d’une plus grande implication des partis frères occidentaux sur les questions préoccupantes de bonne gouvernance, de démocratie et des droits de l’homme, comme pré condition du développement durable dans les pays amis du Sud. Simple coïncidence ou résultat de son lobbying, moins d’un mois après, à Paris, le Parti socialiste français, qui est membre de l’Internationale Socialiste, et dont François Hollande est l’un des vice présidents du Présidium comme notre compatriote Chantal Kambiwa,  s’est pour la première fois publiquement ouvert la Diaspora camerounaise contestataire des pratiques gouvernantes lors de la visite du Président Paul Biya. Résultat immédiat : Nicolas Sarkozy qui avait invité Christopher Fomunyoh  au Congrès de l’UMP en 2006 qui le porta à la tête du parti gaulliste, en faisant en 2007 le candidat victorieux à l’élection présidentielle française, a interpellé le chef de l’Etat camerounais sur la situation des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de la démocratie au Cameroun, comme  le lui avait demandé par écrit Jean Marc Ayrault, le président du groupe parlementaire socialiste à l’Assemblée nationale française.

C’est dire si contrairement aux apparences, le jeu dans la perspective de l’échéance de 2011 est plutôt animé dans les coulisses des forces du changement.  Bien qu’officiellement toutes ces forces opposées au système électoral camerounais tel qu’implémenté, avec la mise en place récente et contestée d’Elecam, continuent de dénoncer le caractère partisan de cet organisme.

Mais quelque soit l’issue des consultations qui ont actuellement cours aussi bien au sein du Sdf et en dehors de celui-ci, notamment autour des organisations moyennes dont les leaders se voient un destin national, (Undp, Udc, Mp, Upc, Nodyna, Afp, Manidem, Mdi, Udc, La Dynamique, etc.)   l’état d’esprit semble être plus favorable à un regroupement plus dynamique des forces en vue à défaut de créer ce leadership alternatif de préparer toute éventualité au cas où le jeu venait à s’ouvrir subitement. Car l’on entend de plus en plus le langage selon lequel « notre pays risque une disparition pure et simple si cela continue comme par le passé ». Avis donc.  

Analyse du 10 Août 2007

Note de la rédaction de Camer.be : AGA MEDIAS est une agence privée d’information et de nouvelles basée à Douala. Son promoteur est Alex Gustave AZEBAZE, Journaliste indépendant.


© Source : AGA MEDIAS
Paru le 11-08-2009 02:25:28


11/08/2009
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