Cameroun, Positionnement au sommet de l’Etat : Batailles dans le dernier carré des fidèles de Paul Biya
Cameroun, Positionnement au sommet de l’Etat : Batailles dans le dernier carré des fidèles de Paul Biya
La disparition de Léopold Ferdinand Oyono, fidèle ami du président Paul Biya, a certainement créé un vide et a remis en scène le débat sur le mystère qui entoure les Hommes de confiance du chef de l’exécutif camerounais. Ils ne seraient qu’une dizaine aujourd’hui capable de le joindre directement.Le pouvoir d’un chef de l’Etat se bâtit généralement autour de quelques Hommes clés, dignes de sa confiance. Après 28 années de magistère, ceux qui côtoient ou ont côtoyé le président Paul Biya le disent très réservé. On ne lui connaît pas beaucoup de grandes amitiés parmi ses compatriotes. Et lorsqu’il en a, il se fait très discret.
Pour lui, apprend-t-on, tout excès de rapprochement avec une quelconque personnalité pourrait s’apparenter aux yeux du public à la préparation d’un dauphin. Autour de lui donc, quelques personnalités sortent tout de même du lot. Mais, on remarque que le chef de l’Etat fait d’abord confiance à la vieille garde. Léopold Ferdinand Oyono faisait figure de proue parmi ces Hommes. Fidèle des fidèles et intime du président Paul Biya depuis 40 ans. Même n’étant plus aux affaires, et ce malgré son affaiblissement physique, il entretenait des contacts étroits avec le président de la République. On en veut pour preuve, les nombreux coups de fils et autres visites discrètes que Paul Biya lui rendait si régulièrement à son domicile de Yaoundé.
L’autre personnalité sur qui la confiance du président ne s’est jamais effritée c’est Laurent Esso, ministre d’Etat secrétaire général à la Présidence de la République. Ce digne fils Sawa a toujours su tirer son épingle du jeu, même quand les batailles de positionnement font rage au palais de l’Unité, ou quand son nom apparaît dans des affaires sombres telle la mort en prison du journaliste Bibi Ngota en avril dernier. On dit de lui qu’il est la bouche et l’oreille du président. Il fait même partie des rares collaborateurs capables de joindre Paul Biya à tout heure. Il est informé sur tout et à temps opportun. Selon nos informations, c’est lui qui informe régulièrement le chef de l’Etat sur l’existence de vrais faux bulletins de renseignements comme se fut le cas en mai dernier au sujet d’un pseudo coup d’Etat alors que ce dernier se trouvait en visite privée en Europe. Des sources suffisamment introduites à Etoudi, Laurent Esso reste une personnalité de confiance du chef de l’Etat ; on dit d’ailleurs qu’ils ont le même tempérament. En dehors de ces cas cités plus haut, on peut aussi ajouter à cette liste des hommes clés du système Biya , Jean Nkuete, René Emmanuel Sadi, Yang Philemon ,Martin Belinga Eboutou et Ayang Luc.
Les trois premiers ont la particularité d’avoir côtoyé Paul Biya avant qu’il ne soit Premier ministre en 1975. Avec leurs fonctions actuelles de premier ministre pour Yang Philemon, de vice premier ministre, ministre de l’Agriculture pour Jean Nkuete, ministre chargé de mission pour René Sadi, ils sont considérés comme les hommes du sérail non influençables et jouissant d’une bonne cote auprès de leur grand patron. Jean Nkuete qui tutoie d’ailleurs le président en privé a souvent été désigné pour conduire les délégations économiques du Cameroun à l’étranger. René Emmanuel Sadi, à cause de son autre fonction de secrétaire général du comité central du Rdpc, en sait aussi quelque chose des luttes d’influence, lui qui subit généralement les pressions de ses camarades pour laver leur image aux yeux du président Paul Biya. L’anecdote raconte par exemple que c’est Paul Biya lui-même qui a récemment sauvé la tête de Ndongo Essomba président du groupe parlementaire Rdpc alors que l’Assemblée Nationale s’apprêtait à lever son immunité parlementaire et que René Sadi avait déjà donné politiquement son quitus. On ne peut clôturer cette liste sans citer les caciques comme Amadou Ali, Ayang Luc, Cavaye Yeguie Djibril, Hitong Hilarion, les généraux pierre Semengue et René Claude Meka qui sont eux aussi très régulièrement consultés par le chef de l’Etat. Il faut tout de même signaler que c’est Amadou Ali qui est la pièce maîtresse de l’opération épervier. Il est également chargé de neutraliser toute opposition ou volonté de déstabilisation du régime Biya venant du grand Nord, comme le cas du capitaine Guerandi, réfugié au Burkina Faso. Marafa Hamidou yaya est aussi cité parmi les proches. Considéré à tord ou à raison comme l’homme du président, on remarque qu’il a battu le reccord de longevité au secrétariat général à la présidence. Il est aujourd’hui le patron de l’Administration Territoriale depuis environnement 8 ans. Hormis donc cette vieille garde, il faut quand même souligner que Paul Biya n’a pas totalement écarté les jeunes loups
LES JEUNES LOUPS
Ainsi, ce n’est un secret pour personne au palais de l’unité que Edgar Alain Mebe Ngo’o et Louis Paul Motaze sont des habitués de ces lieux où ils sont régulièrement reçus. Le premier qui occupe actuellement le poste de ministre de la Défense a d’ailleurs été longuement reçu mercredi dernier par le président de la République. L’état d’esprit des forces armées, les cérémonies du cinquantenaire prévues à Bamenda et la participation des forces de défense camerounaises aux festivités du 14 juillet prochain en France seraient la principale préoccupation de Paul Biya. Mebe Ngo’o ne converserait d’ailleurs qu’en dialecte avec le président en privé. Quant à Louis Paul Motaze, il est considéré comme le fils adoptif du chef de l’Etat puisqu’il s’est personnellement occupé de son encadrement jusqu’à sa sortie de l’Enam et même jusqu’à ce jour. Stratégiquement le secrétaire d’Etat à la défense chargé de la Gendarmerie Jean Baptiste Bokam n’est pas en reste ; lui qui communique régulièrement des informations de haut vol au chef de l’Etat.
Il en est de même du général Ivo Desencio, directeur de la sécurité présidentielle ou encore de Etienne Holong. Ces deux gradés de l’armée nationale ont la particularité d’avoir soutenu et sauver Paul Biya lors des moments difficiles comme le coup d’état manqué du 06 avril 1984. Et il le leur rend très bien puisque ces deux sont aussi capables de se rapprocher du président à tout moment. On le voit donc, le dernier carré des hommes de confiance du président est finalement réduit à une poignée de personnes qui se recrutent essentiellement parmi les collaborateurs de l’époque et quelques jeunes loups. Ainsi va le pays !