Cameroun - Port autonome de Douala : Six gendarmes sanctionnés

Cameroun - Port autonome de Douala : Six gendarmes sanctionnés

Cameroun - Port autonome de Douala : Six gendarmes sanctionnésLe commandant de la brigade maritime a été limogé. Trois de ses collaborateurs et deux éléments de la brigade du port sud sont également sanctionnés. Ils sont impliqués dans un cambriolage survenu à la société Socomar.  

La nouvelle est tombée la semaine dernière. L’adjudant chef major Mitsolou n’est plus le comandant de la brigade maritime de Douala. Il a été relevé de ses fonctions et mis à la disposition du commandant de compagnie de Wum, dans le département de la Mentchum, région du Nord-Ouest. La Nouvelle Expression n’a pas pu obtenir le nom de celui qui le remplace à la brigade maritime de Douala. Tout au plus a-t-on appris de sources proches de la gendarmerie que le nouveau commandant de cette unité était précédemment en poste à la brigade de Koptamo, dans le département du Noun, région de l’Ouest.

Selon toute vraisemblance, cette affectation du commandant de la brigade maritime de Douala est une sanction consécutive au cambriolage survenu il y a un peu moins d’un mois dans le parc automobile de la Socomar (Société camerounaise d’Opérations maritimes), entreprise du groupe Bolloré située dans le domaine portuaire de Douala. C’est ainsi que l’on apprend également de sources bien informées que trois gendarmes en service à la brigade maritime et deux autres employés à la brigade du port sud ont eux aussi été sanctionnés dans le cadre de la même affaire. Parmi eux, l’on compte des maréchaux de logis, des maréchaux de logis chef et des adjudants.Comme pour le désormais ex-commandant de la brigade maritime, la sanction de ces cinq hommes consiste en l’affectation à des localités aussi lointaines que Wum, Nkambé dans la région du Nord-Ouest ou Isanguélé dans le Sud-Ouest…

Complicité du maître chien de Protes Cameroun

L’affaire qui les emporte ainsi commence dans les nuits du 5 au 6 et du 6 au 7 décembre dernier lorsque des malfrats entrent par effraction dans le parc automobile de l’entreprise Socomar. Les enquêtes établissent rapidement qu’ils ont opéré avec la complicité d’un certain Issa Ousman, le maître-chien de Protes Cameroun, la société de gardiennage chargée d’assurer la sécurité parc.

Au deuxième jour pourtant, les voleurs sont capturés après leur forfait alors qu’ils tentent de s’enfuir à bord d’une embarcation. Seulement, les gendarmes de la brigade maritime de Douala qui les interpellent ainsi choisissent de participer au recel des 13 cardans volés sur des camions flambants neufs. Ce sont des pièces servant à la transmission du mouvement entre les roues d’un véhicule. Elles coûtent 2,35 millions de Fcfa la pièce. Le deal est vite conclu entre les deux camps et les gangsters sont relaxés tandis que le butin est retenu à la brigade maritime. Malheureusement pour eux, les malfrats sont repris par la brigade du port sud qui, entretemps, avait ouvert une enquête.

Entendus, ils passent aux aveux complets et confirment la participation de certains gendarmes de la brigade maritime dans l’opération. Ce sont ces derniers qui tentent dans la nuit du 19 au 20 décembre dernier de faciliter leur évasion. Hélas ! Une fois à l’extérieur, les détenus sont encore repris et à nouveau écroués.

12 cardans retrouvés
 
Entre temps, le patron de Socomar saisit les autorités à Yaoundé qui instruisent le commandant de la légion de gendarmerie du Littoral d’ouvrir lui-même une enquête. Ce qui est fait dès le lundi 20 décembre. Mais, il ne peut compter sur le rapport de la première enquête menée par le commandant du port sud. Celui-là a tout simplement disparu des locaux de la compagnie de gendarmerie du port où il avait été transmis. Conséquence : il faut tout recommencer. D’où de nouvelles auditions au cours desquelles, apprend-on, les bandits présumés et leurs complices présumés passent encore aux aveux. C’est sans doute sur la base de cette enquête que les sanctions de la semaine dernière sont prises.

Pour l’heure, la justice militaire s’est saisie du dossier. En effet, Hassana et Djarala Armand (les deux présumés bandits qui sont de nationalité centrafricaine) ont été déférés la semaine dernière devant le parquet du tribunal militaire de Douala en compagnie du maître chien de Protes Cameroun. Mais, apprend-on, le commissaire du gouvernement auprès de cette juridiction a demandé que les hommes en tenue impliqués dans l’affaire soient aussi présents et le rendez-vous a été repris pour ce mardi matin. Quant aux cardans volés, 12 ont été retrouvés (dont près de la moitié dans les locaux de la brigade maritime) et restitués à la société Socomar.

« Leur jour de malchance »

Le commandant de gendarmerie de la brigade maritime de Douala quelques-uns de ses éléments, ainsi que deux autres de la brigade de gendarmerie du port sud sont certainement les premiers à comprendre pourquoi ils sont été brusquement affectés, à différentes unités lointaines de leurs juteux postes au port de Douala. Ils sont aussi les premiers à comprendre, sans pouvoir se plaindre qu’ils font l’objet de ce qu’il est convenu d’appeler « affectation disciplinaire ».  En attendant, selon des sources introduites, qu’ils soient traduits devant le tribunal militaire au moins pour « violation de consigne et association avec les malfaiteurs ». Et ici, les peines privatives de liberté sont à envisager sérieusement pour ces sous-officiers.
 
Dans un environnement comme la zone portuaire, avec les activités douanières comme mamelles nourricières, les collusions entre les hommes en tenue chargés de la sécurité des marchandises, et les contrebandiers et fraudeurs de tous poils, se sont installées comme des règles non écrites et n’émouvaient plus personne. Sauf les usagers dont les biens disparaissaient dans cette espèce de toile d’araignée où il leur est toujours difficile de savoir qui est responsables de quoi que ce soit. Même quand on a tout payé pour assurer la sécurité de ses marchandises. Les réseaux sont tellement bien huilés que lorsque des hommes en tenue tombent dans la nasse comme ces gendarmes, tous disent que c’était certainement « leur jour de malchance ». Ces gendarmes sont surtout mal tombés cette fois, comme ils disent dans leurs milieux, parce que le directeur général de Socomar s’est personnellement rendu à Yaoundé  où il a déposé sa plainte auprès des autorités compétentes. Il faut rappeler ici que Socomar fait partie du Groupe Bolloré. Les observateurs avertis  sont bien instruits des entrées de ce groupe chez nous. D’où la rigueur et la célérité  dans  l’enquête sur la disparition de ces marchandises. Le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, n’a pas attendu la fin de la procédure pour prendre contre eux des mesures conservatoires.
 
Lors de la célébration du cinquantenaire de l’armée à Bamenda du 8 au 10 décembre dernier, le chef suprême des armées, Paul Biya, après les avoir gâtés de multiples avantages et cadeaux, leur a rappelé l’éthique qui doit être la leur : « Quelles que soient les responsabilités qui vous seront confiées, vous devrez veiller au respect scrupuleux des règles qui gouvernent le  métier des armes : le loyalisme sans faille aux institutions républicaines, la discipline et la rectitude morale et intellectuelle ». Un message qui aura certainement du temps pour faire ses effets.
 
Il y a environ un an le Mindef avait relevé de leurs fonctions des sous-officiers, officiers et officier supérieur, tous chargés de la sécurité de l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen. Leur péché, dans la nuit de Samedi  12 au dimanche 13 décembre 2009, un aéronef de l’armée française en transit pour le Tchad avait fait escale à cet l’aéroport. L’équipage s’était retiré dans un hôtel de la Capitale, Yaoundé. Dans la nuit, des inconnus s’étaient introduits dans l’appareil et  avaient  emporté des effets et « des documents important  de l’armée française ». Le coup, à en croire les mêmes informations, était fait sans effraction. Et ses auteurs  avaient  eu le temps de se fondre dans la nuit sans laisser de traces.
 
De source militaire, la sécurité de l’aéroport international est assurée entre autres forces par la gendarmerie sous l’autorité du commandant de compagnie de gendarmerie de l’aéroport, des comandants de brigade et du comandant de la région de gendarmerie du Centre. Ce qui pourrait logiquement expliquer pourquoi ce sont ces responsables qui ont été prioritairement visés.

© La Nouvelle Expression : Julien Chongwang et David Nouwou


04/01/2011
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